Ясность (lucidity) - Минское море (The Minsk Sea)
Chronique CD album (11:33)

- Style
Emoviolence - Label(s)
Zegema Beach Records - Date de sortie
27 mars 2023 - écouter via bandcamp
Ясность, ça se prononce « Yasnost ». Et ça veut dire Lucidity, en russe, puisque c'est de Saint-Pétersbourg que provient le trio du jour. J'imagine qu'il n'est pas nécessaire d'en faire une traduction supplémentaire en français.
Ce sont des membres de Улыбайся Ветру, excellent groupe de screamo/emoviolence malheureusement resté au bord du chemin (un lien vers leur album, vous ferez d'une pierre deux coups), qui l'ont formé en 2019. Donc bien avant la sale guerre en cours, même avant le Covid, imaginez donc.
Et puisque je vois que certains et certaines d'entre vous se demandent comment le groupe se positionne par rapport au conflit en cours, si jamais le terme « emoviolence » n'était pas suffisant pour savoir leur bord politique, les membres de Lucidity ont quitté la Russie (si mes informations sont à jour), et qu'ils arborent dans tous les cas un mot en grand sur leur page : Peace. Ce qui suffit à envoyer derrière les verrous en ce moment sur les terres de la 'Très Sainte R.'. Bref, vous avez compris, Poutine devrait avaler un canon et appuyer quelques fois sur la détente.
Et de détente, parlons-en, parce que ce court Минское море (que vous trouverez en anglais sous la traduction The Minsk Sea, 'La mer de Minsk') fonctionne parfaitement pour se détendre (du moment que ce type de musique génère des endorphines chez vous) : avec ses sept titres pour un peu moins de douze minutes, c'est une petite bombe d'emoviolence qui passe toute seule, exactement là où il faut, cathartique comme on aime, rageuse et prise d'une urgence absolue.
Avec sa pochette qui pourrait être lue comme un encouragement somme toute à l'optimisme malgré la noirceur des temps et celle de la musique, cet EP est pour le moment a meilleure chose que j'aie entendue dans le style cette année, au même titre que les excellentes propositions de Yearning ou de Naedr l'avaient été l'année dernière (là encore, foncez les écouter si ce n'est pas encore fait : ça ne dure pas bien longtemps et vous allez vite vous rendre compte de si ça vous parle ou non).
Entre la noirceur d'Orchid et les sursauts d'Ampere, et avec l'excellent label Zegema Beach Records dans les coulisses et toujours dans les bons coups (un gage de qualité quasi à coup sûr), The Minsk Sea balance des riffs qui tuent dès le début de « Rapessed Mistress ». Tout au long de cet album, la tension jamais n'est relâchée, la batterie est tout à fait intenable et une ambiance de déchirement total, totalement arrache-coeur, se déploie, pour douze minutes qui sont à mon avis à prendre comme un bloc. Et même les quelques ralentissements (« The Saga of a Belarusian Feast ») participent de l'entreprise de démantèlement généralisé.
A noter en morceau pivot (« A Parting Word ») une piste de presque quatre minutes à elle seule et qui s'inscrit un peu plus dans la construction et la progression malgré un aboutissement similaire à ses comparses plus directement offensives : ça blackened-blaste tout en restant insaisissable, profondément exutoire, avant de s'abandonner dans une zone un poil plus 'post' et lente. Et déjà on repart vers le chaos créateur, parce que BORDEL Y'A PAS LE TEMPS.
Je pense donc que c'est vraiment le mot qui convient pour définir ce disque : un exutoire. Déjà, de l'entendre. Et j'imagine que pouvoir le jouer en personne doit bien aider les trois musiciens à traverser l'époque. J'espère, du moins.
J'aurais beaucoup aimé pouvoir lire les paroles de ces sept morceaux. Je ne les ai pas trouvées.
En attendant, cet EP revient très régulièrement dans mes oreilles pour tenter de chasser un peu les misères du quotidien, plus ou moins importantes.
A écouter si on préfère les coups de caisse claire aux coups de canon.
Мир.
3 COMMENTAIRES
Moland le 15/07/2023 à 06:24:02
12 minutes. Le temps d'une intro d'un titre de Tool
Pingouins le 19/07/2023 à 21:43:07
Pas le temps pour les intros, poto
Moland le 19/07/2023 à 22:35:53
"La vie est trop courte pour s'embarrasse d'intros" (Paulo Coelho)
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