Naxatras + Puta Volcano le 24/04/2022, La Maroquinerie, Paris (75)

Au programme de ce dimanche soir, dans les hauteurs de Ménilmontant, deux fleurons de la scène stoner hellène fort garnie en formations de bon aloi proposent un menu digeste, copieux et roboratif.

Adonc, Naxatras et Puta Volcano ont enflammé les planches de la Maroquinerie, à Paris, fin avril 2022. Il n’aura suffi que de quelques accords en ouverture du set de Puta Volcano pour remporter l’adhésion d’un public conquis d’avance et chauffé à blanc d’entrée de jeu. C’est dans la clameur d’une foule en liesse que le quatuor athénien entame un concert chaleureux et musclé puisant allègrement dans le répertoire de ses 2 derniers albums, Harmony of spheres et Amma, ce dernier ayant envahi les bacs en 2020, juste avant la fin du monde provoquée par une pandémie historique. Après 2 années de traversée du désert, on sent la joie non retenue pour le groupe de retrouver les routes d’Europe, et celle de communier avec son prochain sur du bon son, pour le public. Tandis que les riffs nonchalants de Entropia ouvrent les hostilités relativement en douceur, une vague torride traverse les corps qui se mettent aussitôt à onduler à l’unisson. Les acclamations du public répondent aux lignes de chant sensuelles d’Anna Papathanasiou, alors que le groupe enchaîne les tubes fédérateurs, de Bird à Black Box, en passant par l’incontournable Dune et ses riffs entêtants. Raindance offre l’occasion à la belle de faire chanter le public avant que le groupe ne l’entraîne dans la seconde moitié de son show, avec le très ample Primitive Data. Jusqu’au titre qui clôt son dernier album et le spectacle : Kassandra’s Gift. Le stoner du groupe, hérité du grunge, se gorge alors davantage de soleil pour irradier les cœurs, dans un déluge de solo de guitare qui lâche ses larmes sur les sourires de l’assistance. Une conclusion parfaite pour un festin dont on n’aura laissé aucune miette aux vautours du désert ni aux caniches qui se rêvent roquets.

Car ce soir-là, nous étions tous en bonne compagnie. Et plus on est de fous… Le quatrième album de Naxatras s’appelle sobrement IV et est sorti 4 ans après le précédent. En outre, le trio de Thessalonique s’enrichit d’un 4^e membre. Coïncidence ? Je n’crois pas ! Pantelis Kargas officie aux claviers, et ses interventions ne relèvent pas de la fioriture, elles participent de la structure même des titres et de leur progression vers de hautes sphères. L’énergie que le combo diffuse sur scène et dans la salle se montre à la fois planante et subtilement musclée. Les connoisseurs y retrouvent leurs repères et se délectent des nouveaux territoires que sa musique explore et dévoile. Des riffs incisifs (Journey to Narahmon), elle passe à des accords en son clair avec l’introduction du chant, léger, feutré (The Answer), appuyé par le synthé. Le stoner psychédélique des débuts se gorge d’un groove limite funky. Et quand le groupe entame Horizon, c’est une douce pluie d’été striées d’éclairs qui vient caresser les esprits, dans une transe alimentée par les soli stellaires. Le set trouve un équilibre parfait entre les anciens titres et ceux qui marquent l’évolution de l’œuvre de Naxatras vers quelque chose de plus progressif. Avant de remettre tout le monde d’accord, des fois que ce ne serait pas déjà le cas, avec un rappel complètement enflammé qui provoquera une houle dans la foule notamment aux sons de l’incontournable I am the Beyonder. On ne se souviendra pas forcément de la météo du 24 avril 2022 à Paris, mais celles et ceux ayant assisté à ce concert auront imprimé dans les méandres de leur mémoire la formidable chaleur que ces 2 groupes aux univers différents et complémentaires auront dispensée avec générosité.

Moland Fengkov

le 05/05/2022