Mammatus - Heady Mental
Chronique Vinyle 12" (32:19)

- Style
Rock psychédélique progressif - Label(s)
Spiritual Pajamas - Date de sortie
15 octobre 2013 - écouter via bandcamp
Ma première impression a été mauvaise. J'avais été tellement enthousiasmé par The coast explodes que j'attendais un clone de cet album pour la nouvelle sortie de Mammatus. Ce qui me plaisait dans ce dernier album, c'était les riffs Doom épique au dernier degré qui perçaient ma carapace d'émotions (rien que d'y penser, j'en frémis). Là, je me suis dit : "Oh non merde c'est chiant avec pleins de trucs compliqués qui vont super vite et qui partent dans tous les sens"... Le fait est que Mammatus ne fait pas d'album clone, et ne sort rien qui n'en vaille pas la peine car ne démontre pas d'évolution, ceci étant tout à leur honneur. Oh, on retrouve quelques parties Doom comme sur le magnifique début de "Main Brain", mais sur ce Heady mental, la force est au speed rock psychédélique et à la démonstration de virtuosité. Une démonstration sans précédent, car si l'on compare ce groupe avec leurs homologues Japonais d'Acid Mother Temple... Ces derniers ne leur arrivent pas à la chaussette, n'en déplaise à certains.
Heady Mental commence et finit sur ce genre de bruit que fait un canard de bain lorsqu'on le presse... Humour ? Peut être, mais cela ne vous prépare aucunement avec ce qui suit, vu que ça n'a rien à voir. Mammatus explore un rock psychédélique qui a depuis longtemps mis de côté le jam pour se concentrer sur du progressif avec des structures complexes, des variations de thèmes qui changent de ton, de vitesse, d'ambiance. On y reconnaît certains gimmicks propre au groupe, comme ces sonorités presque asiatiques, la masse de variations sur le même thème aussi. La voix y est très peu présente, elle se place comme un écho lointain, mais le reste tourne à un rythme d'enfer avec des envolées qui ouvrent toujours plus de portes sur notre perception de la musique. J'attendais des passages lents ultra planants dont ils ont le secret, eh bien je me retrouve pas tout à fait déçu avec celui qui se trouve dans "Main brain".
Mammatus évolue avec une conception de la musique qui leur est propre. Leurs riffs sont telluriques, concentrés sur trois notes parfois mais paraissent infiniment plus développés. Des parties de synthés s'ajoutent admirablement à des ambiances rétro-futuristes que l'on retrouve dans "Brainbow - Brain train". L'on trempe là dans du progressif comme Astra ou encore d'un Follkazoïd, Masterati, Causa sui, tout ça, je trouve, fait partie du même monde.
Si l'effort précédent m'avait ouvert les yeux sur quelque chose de fantastique, à la frontière du Doom le plus mystique et du rock psychédélique le plus planant qu'il soit, celui-ci garde les ingrédients qui font de Mammatus le groupe qu'il est. Et cela en fait un album tout à fait remarquable, en fin de compte. Plus court, celui-ci se veut plus percutant, plus axé sur une débauche d'instrumentation. Lorsqu'on n'est pas fin connaisseur du style, la densité de ce Heady mental peut repousser, mais pourtant, y'a pas à dire, c'est que du bon. Mais attention, dernière recommandation : s'il vous prend la curiosité d'écouter cet album (en streaming sur leur site web), n'y jettez pas une oreille distraite, cela est définitivement inutile : je l'ai moi même constaté, il s'agit là de musique intellectuelle, et, plus impressionnant, lorsqu'on se concentre réellement sur ce disque, les quelques 34 minutes qui le composent semblent durer plus d'une heure. Inversement proportionnel, si l'on n'y prête pas attention, elles se transforment en un quart d'heure. Conclusion : ce disque est une faille temporelle.
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