Mspaint - Post-American
Chronique CD album (30:13)

- Style
Punk avec des synthés - Label(s)
Convulse Records - Date de sortie
10 mars 2023 - écouter via bandcamp
Quand le patron m’envoie un truc à chroniquer à l’arrache, c’est à dire sans rien d’autre qu’un lien bandcamp dans le mail, tu peux être certain qu’il est certain de son coup, qu’il sait qu’il ne va pas taper à côté. C'est qu'il nous connaît bien le patron, pis c'est qu'il est dans le game depuis une paie. Bon, ok, des fois, ça arrive qu'il se trompe. Avec MSPaint, ça n’aura pas été le cas. Tout ça pour meubler et vous dire que je n’ai donc pas beaucoup d’informations à vous donner sur ce quatuor actif depuis au moins 2020. Sur la page bandcamp vers laquelle menait le lien du patron, j’ai vu les tags synth et post-punk, j’ai vu l’art-work qui m’a fait pensé à un vieux jeux pour Amstrad CPC 6128, j’ai vu le nom (sûrement une référence au meilleur logiciel de conception graphique au monde), j’ai souri, droit que j’étais dans mes grandes bottes de chez "Préjugé Chaussure, la bonne pointure pour les grosses raclures" en m’imaginant 2 zozos avec des lunettes flashy et un t-shirt des Ramones en train de bricoler sur des machines des tracks minimalistes sur laquelle un troisième larron éructerait des logorrhés anarcho-jesaispastropquoihistes. Bah avec MSPaint, ça n’est pas le cas.
En effet, commençons par l’aspect matériel de l’affaire parce que si le casting commence de façon classique avec son chanteur, son batteur et son bassiste, il n’y a pas de guitariste au générique, remplacé qu’il a été par un…clavieriste? synthéthiste? machiniste? Bref, un gonze concentré sur son synthé (un Korg Minilog si vous voulez tout savoir) et tout plein de pédales d’effets pour y ajouter quelques épices. Cette fine équipe a réussi dans Post-American, à pondre 11 tracks qui ont la simplicité du punk avec leurs mélodies immédiates, qui restent dans la tête et articulées dans des structures basiques. Les synthés étant plutôt fat et saturés, l’ensemble sonne définitivement plus punk que synth même si la facette électronique est évidemment prégnante. Même quand les morceaux se font plus “expérimentaux” ou plus “progressif” ("Decapitated Reality", un superbe diptyque post-punk, très intéressant avec son final), ça passe nickel. Les machines sont rarement noisy ou agressives, elles sont plutôt très moelleuses, enveloppantes, flûtées parfois ("Delete It"), un peu bruitistes ("S3") mais quelque soit les ambiances qu’elles amènent, elles nous feraient presque oublier leurs origines synthétiques. Et comme la basse fait tout plein de choses qui ne ressemblent pas toujours à de la basse grâce à des filtres bien cracra mais bien gérés, on ne sait plus qui est quoi. Un bon mélange, sans grumeaux. Le batteur, bel et bien organique, adjoint une grosse patate avec des groove bien tights mais tout à fait humain. Côté chant, on est sur un chant punk très râpé, très début 90’s. Dans l'esprit, ça m’a un peu rappelé Shootyz Groove car, sans parler de rap (les rigoristes vont m'envoyer leur Air Max à la tronche), l'approche est indéniablement plus rythmique que mélodique
L’ambiance globale de Post-American est délicate à cerner et c’est ce qui donne à cet album une saveur assez particulière: d’un côté, il y a la colère "punk", surtout présente du côté du chant, une exhortation au réveil de l'esprit, qui scande, harangue, éructe urgemment mais sans violence et de l’autre, il y a les instrumentations plus posées, mid-tempo, parfois langoureuses ("Free From The Sun"), d’autres fois tristounettes, souvent profondes. Une étrange dualité qui se transforme en une jolie patte artistique dans un album riche mais qui se déroule sans efforts et se redécouvrira avec autant de plaisir. Un album qui vieillira probablement très bien car que ce soit dans la production, dans la couleur des morceaux, il ne sonne ni surranné (ce qui n'est jamais évident quand les synthés sont très mis en avant) ni moderne; en outre, l'album dégueule de tubes potentiels.
Pas beaucoup d’ombres au tableau si ce n’est côté chant. On pourrait lui reprocher une certaine linéarité dans le flow et dans l’interprétation. Si elle est aussi crédible que bien en place dans chaque track, l'ensemble manque un peu de variation dans l’approche. De même, il y a aussi certains patchs du synthé que l’on retrouve un peu trop. Par exemple le début "Hardwire" et de "Delete it" qui en plus se suivent...Mais comme elles sont excellentes toutes deux, on ne fait pas la fine bouche.
Post-American est un très bon premier album qui permet à MSPaint de graver dans nos oreilles le contour de son style très personnel et hybride, un triptyque punk/synth/rap rafraichissant, facile à saisir, très plaisant à écouter et avec un fort potentiel de “goose bumping”. Bref, merci Patron!
On aime bien: du post-punk juste ce qu’il faut de synthéthique, des morceaux qui fonctionnent et restent en tête
On aime moins: un chant un peu tout le temps identique
9 COMMENTAIRES
pidji le 19/07/2023 à 08:09:56
Yes ! Très bon disque ! 😁
cglaume le 19/07/2023 à 08:50:15
« droit que j’étais dans mes grandes bottes de chez "Préjugé Chaussure, la bonne pointure pour les grosses raclures" »
🤣🤣🤣🤣🤣
Moland le 19/07/2023 à 11:20:51
Tu allèches !
Dams le 19/07/2023 à 14:28:08
Cela fait penser à pleins de trucs, un disque qui va tourner cet été.
Adrian le 25/07/2023 à 08:15:02
Excellente chronique, excellent album, merci !
Tookie le 27/07/2023 à 05:48:03
Je n'ai pas eu beaucoup d'occasions de revenir dessus ces derniers mois mais sa découverte hasardeuse fait partie des petits bonheurs de l'année !
cglaume le 27/12/2023 à 18:02:46
La période des tops me pousse finalement à franchir le pas… et je dois dire que ça passe bien !
pidji le 28/12/2023 à 13:54:05
Chouette ! Fais gaffe Cyril, manquerait plus que tu passes du côté HxC de la force 😁
cglaume le 28/12/2023 à 16:17:36
Haha. Mais j’adore Slope ! Ça compte ou pas ?
AJOUTER UN COMMENTAIRE