Spectral Wound - Songs of Blood and Mire
Chronique CD album (43:49)
- Style
Black Metal - Label(s)
Profound Lore Records - Date de sortie
23 août 2024 - Lieu d'enregistrement Black Gate Studio
- écouter via bandcamp
Il peut arriver que la recension d’un album – ici Songs of Blood and Mire des Québécois de Spectral Wound – soit l’occasion de revenir fort opportunément sur un précédent méfait qu’on n’avait pas eu le temps de chroniquer en son temps. Avec ce regret, sans cesse renouvelé année après année, d’avoir laissé de côté un bel ouvrage, alors même qu’il aurait pu, qu’il aurait dû figurer dans ton top annuel. Ainsi est-ce le cas de ce A Diabolic Thirst, qui avait reçu lors des semaines qui ont suivi sa sortie au printemps 2021, un chapelet de critiques laudatives. Nombreux ont été les Blackeux, dont l’esprit a été hanté par ce pur condensé postpandémique de férocité et de crudité, servi sur un plateau glacé par une production dénudée. Deux titres ont servi de porte-étendards fielleux de ce qui était alors le 3e long-format de ces gars originaires de Montréal : "Frigid and Spellbound" et "Soul Destroying Black Debauchery" avec un riffing malveillant et entêtant à souhait. Deux hymnes à la décadence (attention les autres morceaux, comme "Fair Lucifier, Sad Relic", percutent grave), dont l’écoute vous fera dire, si vous l’avez loupé il y a plus de trois ans maintenant : « P’tain, mais quelle quiche ! Comment j’ai pu laisser passer cette bête ! »
A Diabolic Thirst (2021)
La dernière proposition en date, toujours soutenu par Profound Lore Records avec son roster ultra quali (Suffering Hour, Artificial Brain, Theophonos, Aeviterne, Gevurah, …), conserve cette implacable sauvagerie, associée à la force mélodique quintessentiel du Métal noir québécois. Il s'agit là d'une des sorties BM les plus probantes de l’été 2024, sans pour autant parvenir totalement à rivaliser avec le précédent album de ce groupe. Enregistrée et mixée au studio Black Gate par Patrick McDowall, le gratteux de Spectral Wound, cette plaque bouillonne toujours autant d’hostilités, tapissant chaque recoin de sa virulence et de sa misanthropie. La première minute Black’n’roll de "Fevers and Suffering" vient se déchirer sur un Black Metal bien raw, vénéneux et fleurant par instant à pleines narines le Black finlandais (Horna, Sargeist, Behexen, …).
Nous offrant aucune perspective de salut, pas même un rets de lumière, Songs of Blood and Mire trace sa route avec une froide hostilité et nous corrompt les cages à miel durant près de trois quarts d’heure. "At Wine-Dark Midnight in the Mouldering Halls" est vicieux et frénétique à souhait, s’achevant par deux minutes dantesques associant passages mélodiques, presque paisibles, et terribles embardées à la batterie, accompagnée par un shriek vomissant son fiel. L’air devient moins vicié, tandis que deux titres se succèdent en abusant peut-être un peu trop du mid-tempo. Celui-ci, plaisant sur "Aristocratic Suicidal Black Metal" lorsque la double vient le réveiller, finit par laisser poindre un nonce de répétitions sur "The Horn Marauding" (2e minute et suivantes). Mais cette impression s’estompe aussitôt lorsqu’arrivent le bien sale "Less and Less Human, O Savage Spirit" et ce génial "A Coin Upon the Tongue". Cet avant-dernier morceau hameçonne par un riffing méphistophélique absolument effrayant ! Glacial, intense, haineux, sinueux et pourtant si mélodique, jusqu’à la moindre de ses fibres, à l’image du dernier souffle infernal ("Twelve Moons in Hell").
Décidemment… Cantique Lépreux, Givre, Ressac et maintenant Spectral Wound (tout comme Délétère, Miserere Luminis ou Boréalys l’année dernière), le Black Metal québécois m’aura à nouveau bien repu en 2024…
3 COMMENTAIRES
Pingouins le 29/11/2024 à 12:47:18
Ils vont tourner avé Lamp of Murmuur, y'a juste une date à Paname pour l'Hexagone
Moland le 01/12/2024 à 21:12:35
Au Rock In Bourlon c'était le feu, et c'est un païen en termes de BM qui vous le dit
Thedukilla le 02/12/2024 à 17:21:51
J’avais peur d’être déçu en live après avoir tant saigné A Diabolical Thirst (la faute à de mauvais souvenirs du passage de Seth au Tyrant, qui m’avait laissé…mitigé).
Et effectivement c’était le feu ! Ça transpirait la classe, sans sombrer dans le grand-guignol. Le crépuscule en même temps c’est cheaté, ça fait +1000 points en Satan.
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