Sūrya - Solastalgia

Chronique CD album (33:22)

chronique Sūrya - Solastalgia

C’est la larme à l’oeil et le coeur en peine que je vous écris cette chronique. Je ne serai pas le premier à le dire, mais une séparation ne fait jamais de bien. Surtout quand on y plaçait beaucoup d’espoir. Je ne vous parle pas ici de l’être aimé mais bien de Sūrya, quatuor britannique bien ancré (scellé?) dans la scène londonienne (Prisa Mata, Bos Tux et consort). Fréquentant les réseaux sociaux avec autant d’assiduité qu’un pingouin mort, je ne fus informé de leur split (ô désespoir, ô rage) que huit mois après l’annonce. Je mérite bien mon avatar de vieil ours. La rage et l’énergie fondamentale digne d’un groupe de hardcore tendance végé, la puissance et la profondeur du doom couplés à l’arrogance du punk  le tout nappé par l’émotivité et la sensibilité du post metal; Sūrya avait absolument toutes les clés en main pour réussir. Leur signature chez les Italiens d’Argonauta Records dès 2016 et la sortie deux ans plus tard de leur sophomore Solastalgia n’auront pas suffi à maintenir leur trajectoire pourtant bien lancée.

 

Analyse d’une explosion en plein vol.

 

On commencera par un petit topo sur la solastalgie, dont l’album tire son nom, ce qui permettra d’en savoir un peu plus sur l’état d’esprit du groupe. La solastalgie donc ( du latin solari, le réconfort et du grec algia, la douleur [ici morale]) aussi appelée éco-anxiété, est une forme de souffrance, de détresse psychique et mentale liée à la dégradation de la biodiversité et de l’environnement. On peut résumer cela à l’angoisse de ne pas/plus pouvoir agir pour la sauvegarde de son environnement vital. Pour une études plus approfondie, je vous renvoie, entre autres, vers les ouvrages de Glenn Albrecht. On comprend désormais un peu plus le « vegan lifestyle » du groupe.

 

Musicalement, on table sur du post metal doomy teinté de subtiles évocations punk/HxC. Au vu de toutes ces influences, il aurait été aisé de se perdre. Pourtant, on y ici une belle continuité, une homogénéité, une cohérence.

 

À l’instar d’« Anthropocene » les parties aériennes et psychédéliques se construisent, petits à petit, répondant adéquatement aux tsunamis de riffs et imposantes lignes de basse déferlant tout au long des compositions. Compositions tournant autour d’une petite dizaine de minutes. Le genre l’impose. Moland vous a expliqué il y a peu la règle des trois « L ». On est en plein dedans.

 

Pas de chant ici (à l’exception de « Black Snake Prophecy ») mais des samplers utilisés ici sans réel abus mais il n’en aurait pas fallu plus. A force de tartiner, on s’en fout partout. Ils peuvent être un poil rébarbatifs après plusieurs écoutes.

La caisse claire, sèche et dominante, couplée à des riffs gras et percutants trahissent le goût des quatre Londoniens pour le punk HxC. Cela reste bien maquillé, je vous l’accorde mais ces subtils rappels dynamisent l’ensemble et ne nous font pas oublier l’engagement politique du groupe ; Cela plaira aux bouffeurs de tofu désireux de brûler l’ancien monde.

 

On pourra tout de même déplorer le manque d’ampleur de l’album. Les compositions, même si elles se tiennent et sont cohérentes, manquent de prestance. L’ensemble reste un peu trop dans les clous sans oser prendre de réelles libertés. On sent pourtant que le potentiel est là (cela reste un honnête deuxième album) mais le quatuor manque peut-être d’assurance et c’est bien pour cette raison que l’album de la maturité, qui allait probablement suivre, était attendu de pied ferme. Loupé, l’aventure s’arrête là, non sans frustration.

 

Surya propose ici un album intéressant qui tient la route et prouve que l’équipée était prête pour le grand départ. Mais non, calage au démarrage. Panne fatale. On se contentera donc de ce petit bout de trajet en espérant que chacun reprenne la route assez vite. Vu le nombre de side project de chacun des membres, cela ne sera pas très difficile. A surveiller, donc.

photo de Vincent Bouvier
le 08/07/2021

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