Young And In The Way - I Am Not What I Am

Chronique CD album (28:01)

chronique Young And In The Way - I Am Not What I Am

Dans leur recherche compulsive d'une certaine transcendance de la violence musicale, certains groupes sont arrivés à des mariages expérimentaux apparemment contre nature. Ainsi est né le Blackened Crust.

Cette entité mutante fut inventée par les Canadiens d'Iskra et par la suite reprise pour désigner plusieurs formations oeuvrant dans un style proche. Parmi elles, notons les Japonaises de Gallhammer ou les Suédois de Martyrdöd.

Le Blackened Crust est regardé avec méfiance par les deux scènes à la fois. Les Crusties reprochent surtout au Beumeux de véhiculer des idées individualistes et dominatrices que les amateurs de Crust ne peuvent pas sentir. Parallèlement, l'univers de l'Art Noir rejette généralement le Crust, qu’il juge trop politiquement à gauche.

Les pratiquants de Blackened Crust font donc office de parias abâtardis et ils aiment ça, les bougres.

 

Young And In The Way possède donc des atours visuels dignes d'un groupe de BM : une pochette représentant une nature sinistre et un symbole cryptique à l'appui. Le look des Américains montre également les Metalleux les plus sombres. Mais en écoutant leur offrande torturée, les apparences sont quelque peu trompeuses.

 

Après un premier morceau très ambiancé et lugubre, une sorte de sabbat instrumental aux accords répétitifs et dont le titre renvoie ouvertement aux écrits de l'ermite de Providence, l'agression est directe dès la première note du second titre, sans autre forme de procès.

Une rage monstrueuse déferle alors dans une atmosphère inquiétante et glaciale. Du Crust, les quatre de Charlotte conserve ainsi le goût des titres courts en y mélant parfois un chaos convergien parfaitement maitrisé. Leur énergie paroxystique renvoie, elle aussi, aux Punks les plus acharnés. Alors que les blasts épileptiques et le chant de névrosé sont indubitablement empruntés au Black Metal.

Pourtant, les Américains n'hésitent pas à sortir de la zone de confort d'un genre déjà bien balisé en proposant également un mid tempo broyant les os suivi d'un instru menaçant, "With Strange Aeons Even Death May Die", qui permet tout... sauf de reprendre son souffle. Les petits malins auront d'ailleurs reconnu, à un mot près, la fin de la citation amorcée par le titre du morceau d'ouverture.

 

Nous propulsant dans une spirale de folie claustrophobique, Young And In The Way étouffe son auditeur, ne lui laissant aucun moment de répis. Les notes trainent même parfois en fin de morceau en des larsens inconfortables. Mais nul remplissage ici. Tout l'espace sonore est investi, envahi même, à bon escient, dans le but de transmettre la misanthropie primaire du groupe. Les notes de clavier brumeux sur "Love And Terror Laid The Land" renforcent ainsi le malaise plutôt que d'alléger le propos.

La courte durée de l'album empêche toutefois une sensation de ras le bol liée à une saturation auditive omniprésente et à une ambiance pas vraiment “jaune rigolo”.

 

Avec cette deuxième galette, Young And In The Way a gagné sa place dans la catégorie des groupes à suivre. Mais pas de trop prês tout de même; si jamais il venait à se retourner pour vous entraîner au fin fond d'une immense forêt ou raisonnent encore le cris des loups et cette psalmodie : ph'nglui mglw'nafh Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn... ce serait le flip.

A moins de kiffer les histoires de poulpe.

photo de Crom-Cruach
le 24/06/2013

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