Yuëh - CONSEQUENCE

Au début, je croyais que YuëH venait de la Normandie, c’était cool, j’avais quelques blagues en stock et pis, non, en fait, ce trio fraîchement formé vient de Paris. Du coup, j’ai des blagues mais elles font la gueule alors je vous les épargne. Ce qui n’est pas une blague, c’est Consequence, le premier EP de ce jeune groupe covid-born qui a très vite enchaîné avec Poisoned, son petit frère, dont je vous parlerai plus tard.

Une fois n’est pas coutume, je vais me la jouer feignasse et citer la bio du groupe. En effet, celle-ci est, je trouve et une autre fois n’est toujours pas coutume, aussi efficace que véridique. Lisez plutôt : "On aime quand ça tape un peu fort. On commence souvent l’écriture d’un morceau par « et si on faisait un truc un peu cool cette fois », et on termine à 150 Bpm à claquer la semelle sur la pédale de disto. La filiation sonore est assez transparente : ça sonne 90’s, quelque part entre Washington DC, Chicago et Portland. Angers et Béziers aussi.".

Pas de name dropping orgueilleux, pas d’auto-proclamation d’un renouveau d’un quelconque style, pas de lieu mythique évoqué, tout y est dit dans un mélange de “factuel” mâtiné d’une humilité que j’ai trouvée pleine de bonhomie. Et musicalement, YuëH, c’est finalement tout à fait ça. Une espèce de punk-rock alternatif absolument pas original mais parfaitement écrit et très joliment exécuté. Tout est simple autant qu’évident. Pas progressif, pas progressiste, YuëH ne s'est  pas cherché et pourtant il s'est bien trouvé. Les trois musiciens s’ébrouent joyeusement dans la musique punk-rock des années 90 et vous y invite en mode "bah si viens, tu vas voir, c’est cool même si tu connais déjà" et c’est vrai que finalement, c’est cool la musique de YuëH avec son petit côté barbecue entre copains où les merguez sont un peu cramées parfois mais qu’on s’en fout parce que l’ambiance est là et qu'elle est diablement bonne. Mais, attention, c'est pas de la saucisse de soja ni de la merguez de lupin qu'il y a au menu, YuëH ne fait pas dans la musique de teen-movie, plutôt dans la série pour adulescents intelligents et braillards.

La guitare est punk-alternatif à souhait avec ses riffs pop électrifiés, noisyfiés, gentiment maltraités et ses petits leads mélodiques qui se fredonnent aisément. Le grain, notamment ce clean qui crunche joliment, est superbe. Avec une section basse et batterie qui assure un soutien rythmique parfait ("Mombassa") et un guitariste chanteur qui a la grosse patate, on est bien. La voix m'a un peu fait penser à celle du chanteur de Hi-Standard, avec ce côté pas toujours juste, un peu fluctuant mais qui lui donne un vrai charme en plus d'une belle saveur. Mais c’est surtout l'interprétation qui est à noter: très en place, généreuse, sans retenue.

Le mixage est typique des années 90, pas gonflé de testo mais malgré tout suffisamment costaud et surtout pas vieillot. Il est à l’image de la musique: simple, sans chichis mais inattaquable quant à son efficacité. Tout y est parfaitement enregistré et traité. Ca sonne propre et pro. Que dire? Rien!

Ah si! L’artwork, tout classieux qu’il soit, dénote un peu du contenu. Mais pourquoi pas?

A cette époque de l’année où le printemps et ses beaux jours viennent nous chatouiller agréablement le nez, Consequence m’a chatouillé agréablement les oreilles. Il m’a replongé dans mes premiers amours musicales, ces compiles de cassettes de punk à roulette remplies de groupes au nom mal orthographié issus des écuries d’Epitaph ou de Fat Wreck. Et si YuëH ne se démarque pas par son originalité, il se démarque par une écriture efficace, une interprétation vraiment cool, un son au top et ce, dès le premier EP. Comme quoi, pas besoin de s’la péter pour tout péter. Bref, rien de neuf, certes, mais qui vaut largement un neuf.

On aime bien: c’est très bon, c’est tout con mais ça fonctionne.

On aime moins: l’artwork en décalage (mais classe malgré tout).

8oris

le 02/05/2023