A Pale Horse Named Death - When The World Becomes Undone

Chronique CD album (62 mn)

chronique A Pale Horse Named Death - When The World Becomes Undone

Toi qui as cliqué sur cette chronique, attiré(e) sans doute par cet artwork sublimement glaçant, si tu es de nature morose, si tu as fait du spleen ta maxime suprême, si tu vis bon an mal an avec la mélancolie au quotidien (espérons-le sans trop en souffrir), et bien sache que le troisième album du quintet new-yorkais A Pale Horse Named Death (leur premier chez Long Branch Records), fort joliment intitulé When The World Becomes Undone, est fait pour toi. Ceux qui se proclament en toute simplicité les « Brooklyn Lords of Doom » n’avaient pas dégagé leur énergie délicieusement positive depuis plus de cinq ans maintenant et leur précédent opus Lay My Soul to Waste. Et pour cause : Sal Abruscato (au chant et à la guitare), à l’origine de la création de APHND, avait entretemps rejoint Life of Agony, qu’il avait co-fondé, pour participer (à la batterie cette fois-ci) à une grosse tournée et surtout aux arrangements de l’album A Place Where There’s No More Pain, qui brisait en 2017 un silence assourdissant de 12 ans. Rappelons quand même que Sal A. avait également co-fondé Type O Negative, formation qu’il a quittée il y a 25 ans. Il n’est pas inutile de rappeler tout cela, car n’imaginez pas une seconde que ce type ait posé des cloisons étanches entre ses trois (ex-)formations !

 

La construction de la musique et des paroles de cet album est basée sur une vision particulièrement sombre et pessimiste de notre monde, déchiré par la violence, la haine et l’intolérance, où « les larmes se transforment en sang ». Les attentats terroristes survenus en Europe ces dernières années, spécialement à Paris, l’auraient très marqué. Ce « délitement » de nos sociétés contemporaines, aussi désincarnées que le canasson de la pochette, lui a d’ailleurs inspiré le titre de l’album (également titre du 2e morceau). À cela s’ajoutent les effets de blast subis, suite à de graves évènements personnels et familiaux. Donc, on l’a compris, tout le venin que l’on peut extraire de notre quotidien a été convoqué ici pour en faire des thèmes forts : la vulnérabilité, l’anxiété, la solitude, la souffrance, la mort…L’atmosphère est d’autant plus pesante, que la grosse heure d’écoute qui vous attend, est enchâssée par un premier ("As It Begins") et un dernier morceau ("Closure") des plus lugubres avec des cris et pleurs bien déchirants, ainsi que des sons de cloches d’église pré-apocalyptiques.

 

APHND nous offre ici un Doom dépressif – mais pas du tout déprimant – mêlé à du grunge et du gothic metal. L’album commence vraiment avec les premières notes de "When the World Becomes Undone", qui prend les traits d’une balade maudite, mais cette sensibilité harmonique vient se rompre sur une rythmique basse-batterie implacable et sur des riffs d’une lourdeur poisseuse. Une réussite ! Le ton est donné. La prestation vocale du leader, vibrante et sincère, doit être soulignée : son timbre s’approche vraiment de celui de Layne Staley (sans l’atteindre bien sûr ! Faut pas pousser mémé dans les orties, non plus …). C’est parfois troublant : écoutez donc le peu original "Fell in My Hole", le plus convaincant "End of Days" et surtout "Lay with the Wicked". Perso, ce mimétisme vocal et musical avec Alice In Chains n’est pas dérangeant outre mesure, car cela fait écho (et je ne dois pas être le seul dans ce cas) au rôle joué par ce groupe dans ma transition d’une culture rock à une culture metal. Me voilà en train de replonger 25 ans en arrière et … l’impression dégagée n’est vraiment pas désagréable du tout ! La qualité de la prod’ et la maîtrise technique ressortent souvent de l’écoute. Ainsi du très bon mid-tempo de "Love the Ones You Hate" et de "Vultures" dont le Doom gothique collerait parfaitement à la B.O. d’un film sur la célébrissime chauve-souris en collant noir. En outre, les transitions ("Succumbing to the Event Horizon", le sepulturesque "The Woods" ou le « Pray for Us » inlassablement ressassé à l’entame de "Dreams of the End") sont bien pensées, utiles à ambiancer et charpenter un album assez long. Cela laisse rarement la place à l’ennui, malheureusement inévitable avec "We All Break Down" et "Splinters".

 

Sombre et angoissant, When The World Becomes Undone n’en demeure pas moins un bon album. L’un de ses plus grands mérites est d’avoir injecté dans sa noirceur une réelle émotion et une belle épaisseur. Certes, ses paroles n’invitent guère aux réjouissances. Toutefois, à en croire le leader Sal A., au bout du compte, « tout ira mieux ».

 

Après l’ombre, la lumière…

photo de Seisachtheion
le 28/08/2019

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