Akphaezya - Anthology II : Links From The Dead Trinity

Chronique CD album (49:35)

chronique Akphaezya - Anthology II : Links From The Dead Trinity

Les requêtes du Prêtre Nawak (ou comment sournoisement détourner les clauses d'exclusivité naïvement  signées par notre léporidé glaumesque au sein de son ancien terrier) – Épisode 4

 

Vous vous en étonnerez sûrement de me voir signer cette présente chronique dans le sens où Akphaezya, c'est LE candidat de plume glaumesque par excellence. Eh bien, figurez-vous que même s'il aurait sans doute bien voulu la faire, d'autant plus qu'il avait pondu celle de l'album suivant ici, le pauvre est pieds et mains liés dans le sens où il est encore emprisonné des chaînes de son ancienne crèmerie qui lui a fait signé à l'époque une clause d'exclusivité (mais vous pouvez la retrouver par ici, on est généreux). Sous la torture, vous vous en doutez bien. C'est donc Bibi, sous la gentille demande du prêtre Nawak en chef, qui se doit de rectifier cette regrettable absence. Parce que même si le combo aime nous faire miroiter longtemps dans notre jus entre chaque méfait, on se dit qu'Anthology IV est sorti maintenant depuis sept ans quand même. Même si le groupe ne s'est pas forcément étalé beaucoup en communication quant au futur troisième bébé, on imagine qu'on tire davantage vers la fin de son temps de gestation plutôt que du début. Et la moindre des choses, c'est de l'accueillir au sein d'une discographie à jour sur Core And Co. Parce qu'ils le méritent amplement...

 

… Quand bien même l'exercice de la chronique ne soit pas de la tarte. Parce qu'Akphaezya est un groupe ambitieux artistiquement parlant. Vis-à-vis de sa musique extrêmement bigarrée et exotique mais pas que. Il n'y a qu'à posséder l'exemplaire physique pour se rendre compte dans quel guet-apens on a bien pu s'embourber : de magnifiques illustrations païennes à tous les étages et surtout une magnifique carte d'une contrée imaginaire qui ravirait à coup sûr un MJ en herbe de jeu de rôle papier. C'est dans cet univers que veut vous emmener Akphaezya, son côté purement imaginaire expliquant moult étrangetés qui surprennent au premier abord qui peuplent cet Anthology II : Links From The Dead Trinity. Car par-delà de sa base metal plus ou moins virulente selon les cas de figure où s'entremêle un côté jazzy intimiste et élégant, l'une des principales caractéristiques du combo est de voguer régulièrement vers des délires world music qui dépaysent bien comme il faut. Et lorsqu'on découvre notamment un « Beyond The Sky », doucereux et poppy d'apparence, qui se permet de proposer à la fois des ambiances arabisantes et asiatiques, ça a de quoi faire tomber le cul de sa chaise. Et le pire, c'est que le résultat est juste brillant : l'ambiance est tellement bien dépeinte qu'on en vient à visualiser des images, des paysages, sans qu'ils ne se dessinent de manière très réalistes. Mais vraiment, on s'y croirait tant tous ces aspects world music regorgent d'âme sans jamais tomber dans la contrepèterie gimmick. Même les parts les plus afro-tribales (le titre de transition « Transe : H.L.4 », digne cérémonial aborigène qui prépare d'ailleurs le terrain de Anthology IV).

 

Et vas-y que tout ça t'est balancé à la face avec une insolente maîtrise et cohérence d'ensemble. Que ce soient les parts les plus world music disséminées un peu partout de manière plus ou moins évidente (outre les exemples cités plus haut, on pourra également citer le très pharaonesque « The Secret Of Time » dans les moments extatiques), le blues/jazz typé piano bar qui parvient à garder son esprit basique et élégance même en se metallisant (« Chrysalis » et « Reflections » swinguant en diable), de la démonstration d'habileté où la technique est loin d'être manchotte (« Awake » qui rappelle quelques tribulations de Satriani) ou encore le metal qui peut vraiment se faire vénère (« The Golden Vortex Of Kaltaz », les couplets de « Chrysalis »), tout s'enchaîne et s'entremêle façon bordel organisé bungleien sans aucune réelle faute de goût qui tirerait ne serait-ce qu'un micro-moment vers le bas. Et le tout en se permettant de soigner les encornures de manière subtile tant les transitions se passent sans jamais heurter une fois la surprise de la première écoute passée et en se cantonnant à des formats qui ne s'étirent jamais en longueur. Au contraire, tout file à la vitesse de l'éclair, accroche à la fois le cerveau dont l'imaginaire sera titillé et les oreilles qui se raviront de toute cette débauche toujours groovy et entraînante. Et ce, même si Anthology II est extrêmement dense et foisonnant où l'on n'est jamais à l'abri de trouver des étrangetés jouissives (l'accordéon cabaresque dans « The Bottle Of Lie », ce côté burtonien très Stolen Babies sur « Khamsin » ou encore cette petite ligne de piano fantastico-féérique sur la fin de « The Secret Of Time »). Bien entendu, on ne pourra pas passer sous silence l'impressionnante performance vocale de Nehl Aëlin. Un bout de dame injustement mésestimée tant elle n'a pas à rougir face à une Asphodel (Chenille / ex-Pin-Up Went Down / ex-Penumbra) en terme de caméléon vocale, pouvant tour à tour se montrer dans le registre le plus poppy du metal à chanteuse (tels des Lacuna Coil ou Within Temptation donc), grunter comme une Angela Gossow, se montrer bien plus « crooneuse » jusqu'à parfois même s'illustrer dans une voix plus enfantine (« Transe : H.L.4 ») ou dans le quasi-lyrique telle une Kate Bush qui pète un plomb (« The Bottle Of Lie »).

 

Alors, si tout ça semble fort étrange sur le papier, je ne peux que chaudement vous recommander la curiosité d'écouter ce premier album d'Akphaezya, Anthology II se révélant bien plus accessible que son petit frère, plus sombre et complexe à appréhender (notamment avec sa construction calquée sur une pièce de théâtre). Ici, même s'il demeure quelques moments un peu (o)rageux, la volonté est de toujours rester dans la lumière et la bonne humeur. Un peu comme ce touriste qui voit une contrée inconnue pour la première fois : il s'émerveille et se délecte de l'inconnu et de l'exotisme. Et positivera tout, jusqu'à relativiser/occulter de ce petit détail un peu sordide qu'on a pu voir au détour d'une traboule. Anthology IV, c'est plutôt ce retour dans cet univers que l'on a apprivoisé, que l'on a appris à assez connaître pour réellement commencer à voir que cette civilisation fantasmagorique qui nous paraissait pourtant si différente et belle ne l'est peut-être pas tant que cela...

photo de Margoth
le 05/05/2019

1 COMMENTAIRE

cglaume

cglaume le 05/05/2019 à 17:23:29

Une chronique qui aurait pu être écrite à 4 mains tant je suis d'accord avec tout ce que tu dis Margoth !

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