Uncolored Wishes - Fragrance

Chronique CD album (50:08)

chronique Uncolored Wishes - Fragrance

Soyons sérieux 2 minutes: pour jouer correctement ce mélange ambitieux de heavy prog et de hard rock classieux qui est à Steel Panther ce qu’un livre de Umberto Eco est au dernier Marc Levy, il faut être américain, allemand… Ou – allez, je ‘suis pas chien – scandinave. Vous dites? Français? OK, soyons sport: c’est vrai que du côté de la vieille garde, des ADX et consorts, on a su imposer le Made in France au-delà de nos frontières… Mais c’était en d’autres temps et d’autres mœurs.

 

Et depuis, à part peut-être Nightmare, hmm, dites-moi...? Voilà, c’est ça: on peine à allonger la liste, et on a beau tenter d’extraire un fond de jus de mémoire de nos méninges, nada! Si c’est pas malheureux… Il y a pourtant un autre nom qui devrait immédiatement s’imposer à nous – d’autant que ce sont des voisins des Yves Campion’s angels: Uncolored Wishes (je sais, vous aviez deviné: en même temps c’est écrit en gros en haut de page, bande de tricheurs!). C’est que dès leur premier album, World Under Control, les isérois s’étaient imposés comme de fins orfèvres de la composition racée, aidés en cela par un chanteur de très grande classe, et par une aptitude indéniable à faire de chaque titre un tableau vivant doté de son univers propre.

 

Sur Fragrance, le groupe ne change pas son fusil d’épaule, mais bien au contraire recharge l’engin avec des munitions au moins aussi létales. Même fusil donc – la prestation de Marc est toujours aussi habitée, à la limite de la performance d’acteur, et ce sur au moins 2 couches de chant superposées, la guitare est toujours aussi acérée, et le clavier toujours aussi prolixe –, et  de nouvelles cartouches en la présence de nouvelles atmosphères – en général sombres, puissantes, tendues – et de nouvelles expérimentations.

 

Car le groupe ne se cantonne pas au petit pré carré allant de Dream Theater à Queensrÿche, et de Brainstorm à Savatage: non, il va jouer de l’épaule contre la clôture du genre, allant conter fleurette à de suaves matriochkas sur « Red Doll Romanov », semant quelques graines électro aux extrémités de « Stars and Stripes on Iwo Jima », s’essayant au mysticisme oriental et à l’encens sur le superbe « Fragrance », ou s’adonnant à des prêches sacrément rock’n’roll sur « Spiritual Food ». Les samples divers, nappes de synthé discrètes et orchestrations fouillées apportent d'ailleurs un supplément de crédibilité à ces diverses escapades, bien qu’elles n’en aient pas tant besoin que ça, le Capitaine Tori menant sa barque avec une poigne et une énergie qui ballaient toutes velléités contestataires.

 

Et comme toute aventure à caractère [quasi-]cinématographique qui se respecte, Fragrance  s’avère riche en rebondissements et climax émotionnels divers. Ainsi, bien que bousculé par un drame rappelant le massacre de Columbine (« The Children of Contempt »), troublé face aux doutes du soldat ricain participant à la vitrification par l’atome des populations japonaises (« Stars and Stripes on Iwo Jima ») ou encore décontenancé par le calvaire carcéralo-psychiatrique de Camille Claudel (« Sakountala »), l’auditeur voit ses batteries régulièrement rechargées par un afflux massif de bonheur métallique, ceci lors de refrains grandioses, de passages poignants et de shoots de hard rock joyeux (« Spiritual Food »).

 

Avec  des cordes aussi solides que World Under Control et Fragrance à son arc, Uncolored Wishes commence à diffuser autour de lui un parfum qui ressemble fort à celui du succès. Ce qui conduit assez logiquement à penser que, à moins d’un sabotage promotionnel ou d’une cascade de tuiles malencontreuses, le groupe devrait enfin arriver à s’extirper de la division d’honneur pour s’imposer parmi les formations qui comptent. Et vous les copains, à moins d’avoir développé une allergie olfactive particulièrement malheureuse, ne restez pas le nez ainsi bouché et allez m’inhaler les doux effluves de cet album qui confirme, s’il était besoin, la bonne santé de l’industrie du parfum métallique à la française.

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courteFragrance est une superbe pièce de heavy « prog »  ambitieux, voire aventureux. Un 2e album qui offre sans conteste la maturité et le parfum d’un N°5.

photo de Cglaume
le 23/11/2012

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