Anthurus D'archer - Plastofilène

Chronique CD album (59:46)

chronique Anthurus D'archer - Plastofilène

Votre tonton Ernest – celui qui a tous les vinyles de Nicole Croisille et qui se passionne pour la mycologie – vous le confirmera si vous le lui demandez: l’Anthurus d’Archer est un champignon peu ragoutant qui ressemble plus ou moins à une vessie d’hippo’ dans laquelle on aurait fait exploser un maousse de pétard. Ou à un calmar déformé par 3 mois de stage intensif à la Fistinière. Bref: pas le genre de truc qu’on se fait tatouer sur le mollet. C’est pourtant le totem qu’Hugues Andriot et Matthieu Metzger ont choisi pour veiller sur leur progéniture musicale... On préfère ne pas savoir comment s’appellent leurs minots, si jamais ils en ont!

 

Alors, à quoi peut bien ressembler un album de Champi’ Metal? Eh bien sachant que le groupe est l’un des tous premiers à avoir squatté l’écurie Klonosphère, sachant que Matthieu Metzger est également membre de Klone et qu’il a participé activement au Voodoo Moonshine de Trepalium ainsi qu'au One Step Beyond de Step In Fluid, sachant que le groupe cligne de l’œil vers Empalot dans le livret du présent CD, sachant que ce sont des ceintures noires en jeux de mots vaseux (cf. les titres « Parking Crimson », « Dense avec les Mous », « Chapeaux, Ménuires et Bottes de Con »…)… Bref, au vu de tout ce joyeux bordel, on est en droit d’attendre une musique musclée de la guitare autant que des zygomatiques. Genre générique de Benny Hill au saxo sur lit de riffs affûtés. Du coup on croise les doigts...

 

C’est ainsi attiré par la perspective de tomber sur une chouette Nawakerie métallique que j’ouvrais grand mes oreilles pour y accueillir P.H.A.L.L.U.S Impudicus, l’album sorti en 2009 par ces drôles de zozos. Et là, Ouch!, grosse déconvenue. C’est que le groupe y pratique des expériences Jazz-Metal-Rock-bordélico-expérimentales assez indigestes – du genre qui laissent interdit, voire agacé. Je décrivais alors la chose – à l'époque – comme « … un mélange du moins facile d'accès des albums de Sebkha-Chott (Nigla[h], ses cuivres, ses dissonances …) et des pires crises d'hystérie autiste de Mr Bungle ». Bref, ça gratouillait plus que ça ne chatouillait c't'histoire. Et sans un ou deux morceaux plus cohérents et une tendance certaine à la déconnade, j’aurais voué cette expo’ musicale dandysante aux gémonies de la critique acerbe. M’enfin le doute m’habitant, et les dieux du Nawak insistant pour que je creuse un peu le filon (importance du L dans cette phrase), je remontais le cours de la discographie du groupe pour acquérir Plastofilène, premier (?) album du groupe, sorti quant à lui en 2005.


Arf…

 

Bon, crevons l'abcès et le suspense d'un seul coup de canif: le constat reste le même que pour P.H.A.L.L.U.S Impudicus. Les gars jouent extrêmement bien (du saxo, de la gratte et de la flûte surtout… ‘tain ça manque de batterie tout ça!), ils développent un humour absurde qui fait souvent mouche (« Anthurus FM », la pub pour le Wecksenizer, …), mais ils pratiquent une sorte de Jazz / Rock sans structure fixe qui oscille entre le spectacle de cirque (Bozo le clown se fighte avec Camélia la contorsionniste) et le happening bobo merdico-conceptuel. Sauf que cette fois on y découvre également d’autres facettes – qui ne changent rien à l’impression de gros bordel hein, ne vous croyez pas sortis d’affaire – qui colorent la chose selon des teintes un peu différentes de celles observées sur P.H.A.L.L.U.S Impudicus. Que l’on soit exposé à un délire de toons surexcités, à une séance de relaxation amollissante ou à un épisode zarbo-noisy, ce sont souvent les silhouettes des VRP, de Melt-Banana, d’Ultra Zook et d’Aspirateur de Langue que l’on voit passer. En sus des 2 références citées un peu plus haut. Enfin là je ne parle que de ce que je connais bien, mais vous verrez sans doute également passer ici Zorn, King Crimson et d'autres papes de l’inclassable. Le problème avec ces élucubrations sans queue ni tête qui ressemblent comme 2 gouts de diots à des impros, c’est qu’autant en concert, avec un coup dans le nez, ça doit le faire, autant sur disque c’est au choix 1) imbuvable 2) déstabilisant 3) pas super reposant. D’ailleurs c’est sans doute pour ça qu’une grosse majorité des titres proposés sont extraits d’une prestation live donnée au Café de la Plage, à Maurepas. M’enfin soyons beau joueur: certains titres nous mettent quand même un peu de beau moqueur (comme disent les sans-cœur et les sans-baume). Tel « American way of death », qui, dans l'esprit, me fait penser à une version hystérique du générique des Saintes Chéries, ou tel « Spanish Trucker », qui va à fond de train avant de finir en mode Jazz’n’Groove jovial.

 

Arty, foutraque, limite Nawak par moments, instable, insaisissable, rigolard mais trop souvent casse-bonbons, Plastofilène propose un gros bordel Jazz/Rock débordant de bonne humeur… Mais un gros bordel avant tout. Du coup au final la balance a tendance à pencher du mauvais côté de l'opinion. Je n’abuserai donc pas de ces champignons, mais je n’essaierai surtout pas d’en dégoûter les autres.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Les VRP, Melt-Banana, Sebkha-Chott et Ultra Zook s’unissent pour vous proposer une expo’ délirante et conceptuelle pleine d’épisodes de Benny Hill, de peintures cubistes, de cuivres hystériques et d’éruptions sans queue ni tête. Enfin c’est ce qu’on pourrait croire en écoutant Plastofilène. C’est sympathique, mais très difficile à digérer. Ça ne libère, ne déstresse ni ne permet de guincher. Mais ça peut intéresser – ou au moins intriguer. Vendu sans aspirine.

photo de Cglaume
le 06/11/2016

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