Aspirateur De Langue - Hot

Chronique Maxi-cd / EP (16:51)

chronique Aspirateur De Langue - Hot

Aspirateur de Langue: nom de nom, ça c’est du blaze! Intrigant, charnel, grotesque, osé… En plus cette alliance des champs lexicaux du Ménage et des Frottis-frottas coquins colle idéalement à l’actualité des déboires fornicatoiro-judiciaires de DSK! Et comme ce nom délirant pouvait le laisser présager, nos rouleurs de patins évoluent bien dans la branche fourre-tout de l’arbre généalogico-stylistique de la grande famille metal/rock, autrement dit dans la fusion délirante, le nawak rock, la partouze joyeuse entre cuivres, guitares et toons.

 

Issu de la scène nantaise, Aspirateur de Langue fout le bazar sur la scène locale depuis quelques années déjà, leur premier album Guily-guily Show Bar (Palme d’or du meilleur titre d’album, catégorie "Edika") datant de 2008. Pour leur 2e bébé, le groupe décide de sortir un peu des sentiers battus en saucissonnant celui-ci en 3 maxi (c’est mieux que de le foutre au congelo ou de le laisser à l’arrière de la bagnole sur un parking en été), ces derniers devant sortir sur un intervalle d’un an tout au plus. Pas tout à fait aussi ambitieux que le postulat de base du Devin Townsend Project, mais un peu dans le même esprit quand même. Hot est donc le 1er de ces trois maxi, celui-ci devant être suivi de Sweet en novembre, puis de Desire en mars 2012, le tout étant couronné par un DVD intitulé Want More?.

 

"Mais bon sang, à quoi ressemble précisément la musique d’Aspirateur de Langue?" vous demandez-vous, quelque peu agacés par ces longueurs introductives (si si). Eh bien le côté fusion foutraque et cuivrée rappelle immanquablement Fishbone, qu’on aurait toutefois mélangé à Sebkah-Chott – parce que quand même, ça déconne bien – ainsi qu'à l'un des ces collectifs pratiquant un rock bigarré à large spectre, genre la Mano Negra, les Négresses Vertes, voire Marcel & son Orchestre… Bref. Le groupe mentionne également parmi ses influences le Mr Bungle des débuts, ce qui est loin d’être hors sujet, en effet. C’est barré donc, fun, léger, sympa, et – attention, toi, le poilu à T-shirt noir: – pas foncièrement metal. Ainsi « Hot » est plutôt rock (mais avec un saxo très volubile) et bien représentatif de la fusion ADLienne, « Surprise » est beaucoup plus funky/jazzy, « Flame » inclut des saveurs ragga/ska, tandis que « Young Blood » finit sur des teintes plus bluesy, plus traine-savates, pour conclure finalement sur un déchaînement métallique pendant lequel le saxo va monter au front pour le meilleur – et non non, pas le pire, merci bien mais vous avez dû faire un faux numéro...

 

Maintenant la difficulté pour le chroniqueur est de réussir le périlleux grand écart consistant à effectuer une description de Hot qui soit objective – et donc parfois un peu dépréciative –, tout en n’étant pas inutilement blessant et en mettant en évidence le gros capital sympathie, la folie douce et l’éclectisme inventif dont font preuve les nantais. Car bon, quand même, certains aspects de ce maxi nécessitent le recours à un ton un brin plus sévère. Pour commencer, intéressons-nous au son. Aïe. C’est un peu court jeune homme, un peu léger! Ça manque de volume, d’épaisseur, du souci du détail qui caractérise les productions à prétentions (inter)nationales. Certes, il n’est pas besoin ici de la puissance rugissante ni des chromes rutilants de la panoplie metal, m’enfin bon... Qui plus est – les caractéristiques du son tout juste mentionnées accentuant sans doute le trait – le groupe semble manquer encore un poil de la maturité nécessaire pour nous fignoler des compos léchées à l’extrême, de ces confiseries raffinées jusque dans les moindres détails. Côté chant par exemple, Kevin manque un rien du charisme indispensable pour faire passer tous ces changements de registres. Et côté maîtrise instrumentale, le niveau est tout à fait correct, hein, pas de méprise, mais vraiment sans fioritures excessives, le minimum syndical quoi (à part peut-être du côté du saxo). Ces quelques lacunes se font sentir d’autant plus cruellement que Hot sort entre 2 gros morceaux de metal zebulon, à savoir Orphan of Good Manners de 6:33, et surtout le dernier City Weezle, groupe qui partage avec les nantais un amour immodéré pour une fusion déconnante à l’ancienne. Et envisagé à cet aune, on se rend compte que sur la forme, ce premier maxi est plus proche de la démo « brouillon » The Leprechaun, que du très bon Taboo. Bon, bref: vous avez compris le message...

 

Attribuer plus d’un 7 à Hot ne serait donc pas représentatif du côté "bande de potes qui s’éclatent le week-end" – et donc du côté amateur – qui ressort à l'écoute de ce premier maxi. Attribuer moins de 7 serait par contre un peu cruel et peu représentatif du potentiel du groupe et du quasi-coup de cœur qu'ils ne sont pas loin de provoquer chez l’auditeur amateur de coquineries décibéliques. Bon, il va falloir trancher … Ce qui est sûr, c’est que je vous reparlerai du Guily-guily Show Bar ci-avant évoqué, ainsi que des épisodes 2 et 3 à venir dans les prochains mois. 

 

 

La chronique, version courte: Nawak rock plein de bonne humeur mais qui peine à atteindre le niveau de la concurrence.   
photo de Cglaume
le 27/06/2011

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