Azure Emote - Chronicles of an Aging Mammal

Chronique CD album (47:08)

chronique Azure Emote - Chronicles of an Aging Mammal

Une étude attentive de l’artwork de Chronicles of An Aging Mammal provoque toute une palanquée d’impressions et d’émotions. Personnellement les termes qui me viennent le plus naturellement à l’esprit sont spatial, grandiose, dérangé, dense, mystique, osé, bigarré, zen, visionnaire, contrasté … Grosse marmite de qualificatifs variés donc, qui reflète sacrément bien le contenu de ce premier opus d'Azure Emote. En même temps le responsable de l’aspect visuel de l'album n’est autre que Mike Hrubovcak, Mister « J’ai trainé mes guêtres un peu partout » (Monstrosity, Divine Rapture, Vile, Rumpelstiltskin Grinder, XXX Maniak … Ni un débutant, ni un tendre agneau l’animal!) et Ze man behind the band. Donc forcément, le gugusse maîtrise parfaitement le sujet et sait quelles émotions faire passer dès le 1er regard au métalleux en goguette.

 

Le premier jet descriptif ci-dessus ainsi que le style évoqué dans la colonne de droite auront sans doute alerté vos capteurs à zarberies musicales, et ce à raison. En effet sur ces Chroniques d’un Mammifère Vieillissant, le groupe s’en donne à cœur joie et incorpore des sons et idées saugrenus – mais s’avérant judicieux – à un death metal mélodique, technique et gorgé d’atmosphères qui invitent au voyage intérieur. Pour vous aider à « visualiser » le créneau dans lequel évoluent ces américains, il me faudra évoquer Disharmonic Orchestra pour la finesse et l’avant-gardisme, Nocturnus pour les ambiances abysso-spatiales et le son "techno-death à synthé" old school, Enigmatik pour le côté fouillis expérimental et le Spheres de Pestilence pour les atmosphères mystico-cosmiques (et si vous êtes sages je vous rajoute une poignée de Morgoth période Odium).

 

"Les groupes de death – ou non – à prétentions expérimentales, on connait: pour un qui s'avère génial, on s’en tape 3 qui ont juste quelques bonnes idées, et 2 carrément indigestes. Alors ton Azure Emote, il pèse sur l’estomac ou pas?"

Eh bien, mettons les choses au clair: on n’est pas passé loin du sans faute. Pour évacuer la question des défauts, il faut reconnaitre que – si le groupe se tire étonnamment bien des embrouillaminis foutraques où mille pistes variées se mêlent avantageusement grâce à la cohésion de la trame mélodico-rythmique de fond et à une aptitude indiscutable à proposer de bonnes accroches – « Joy On The Face Of Extinction » est une pause qui amène peu sur le plan musical, et « Behind These Speechless Eyes » est le morceau typique d’indus bruitiste (on va dire ça à défaut d’autre chose) qui ressemble plus à un trip sous acide de bruiteurs de cinéma SF qu’à la metal song bien sous tous rapports. Et cette propension à l'écart chaotico-indus vient également perturber la bonne tenue d’un morceau comme « Submerged », par ailleurs très chouette. Dernière pointe d’amertume, l’album finit sur « Dementia », longue outro planante, ouateuse et un peu confuse (en accord avec son nom pour le coup) là où on aurait espéré un feu d’artifice à la hauteur de la qualité de cette galette.

 

Car ne vous y trompez pas, je n’avais pas entendu d’aussi bon album de metal extrême – death principalement, avec des touches légères de black et de doom – à caractère expérimental depuis un bail. Je devrais d’ailleurs dire avant-gardiste plutôt qu’expérimental, une expérimentation pouvant tourner mal, alors que les essais de Mike H. sont en grande majorité couverts de succès. Prenez « Clarity Thru Apathy »: en plus d’être un morceau de death mélodique et ambitieux qui multiplie les plans et les types de voix, il mêle aux guitares des carillons qui donnent toute sa personnalité au morceau. « Complex 25 » développe une structure hyper alambiquée garnie de nombreux samples et pistes – tout ça de manière naturelle, en cultivant un petit côté cinématographique – et aligne les trouvailles, parmi lesquelles un jeu de cache-cache guitare électrique / guitare acoustique, et une intervention de guitare hispanisante du meilleur goût. Et ces excursions en territoires inconnus constituent autant de voyages merveilleux, parmi lesquels 3 destinations ressortent tout particulièrement du lot. La première c’est « Justified End » et sa mélodie hyper catchy, ses séances de ping pong vocaux et stéréo, j’en passe et des meilleures. Puis arrive le trip ethno-spatial « Cosmic Tear », véritable voyage de Zen Death Metal où se mélangent rythmique clap your hand de transe mystique, effets aspirés, mélopées délicatement tribales et chœurs transcendants. Le dernier de ces trois panards avec un grand Pied est « March Of Chemical Pessimism », morceau qui marie rythmique au groove agressivement hiphop (on pense à CosmoLoco), panoramas cosmiques et grosse artillerie atmospheric mélodeath, le tout agrémenté de courtes interventions de chant féminin éthéré. De la pure magie.

 

Au vu du CV de Mike et du talent insolent dont Chronicles of An Aging Mammal regorge, on se dit que – quand même – les grosses brutes cachent parfois un cœur gros comme ça et une créativité sans borne. Ce premier et unique album d’Azure Emote est – martelons une dernière fois quelques qualificatifs soigneusement sélectionnés – impressionnant, captivant, atypique et hyper novateur. Les bidouillages y sont rarement vains, la mélodie et l’intelligence du compositeur permettant de donner vie à ce qui n’est pour une fois pas qu’une bête créature de Frankenstein musicale grossièrement ficelée. Bref, vous avez lu – même en diagonale – la chronique, vous avez trouvé les références disséminées de ci de là, vous avez pris acte du style pratiqué: si tout cela correspond peu ou prou à vos goûts et couleurs, ruez-vous sur cet album d’une incroyable richesse.

photo de Cglaume
le 15/06/2011

9 COMMENTAIRES

frolll

frolll le 02/08/2011 à 12:05:38

Cet album bute :o
L'inclusion des bidouillages est vraiment exceptionnelle, et le vocoder est bien employé... En fait j'ai l'impression que c'est vraiment le fils spirituel de Cynic (période Focus et pas Traced in Air), d'Atheist aussi (encore une fois pré-comeback), et de quelque chose de bien différent, genre Demon Project (excellent groupe Indus Melodic Death Metal russe), avec des touches de Samael (si si), et une bonne dose de passif Death Metal proggy/tech à la Obscura, ou Augury.
En gros, j'ai vraiment trouvé ça fort, comme premier album :o

cglaume

cglaume le 02/08/2011 à 12:17:47

Dis donc, c'est que tu m'intrigues avec ton Demon Project là !!!! Sinon pour info: le 2e album est en cours de création (cf. Facebook du groupe) ;)

frolll

frolll le 02/08/2011 à 12:38:33

Demon Project, c'est surtout un premier LP sur Casket Music (UK) (de tête ^^') intitulé Kara Ora sorti en 2009, vraiment très bon, dans une veine Indus Melodic Death Metal très particulière, très "russe", et un second, Faces of Yaman, sorti il y a peu, dans la continuation, avec un peu plus de riffs thrashisants et un peu moins de track à la Kara Ora (la chanson titre du premier lp, donc)
Mais en même temps, c'est donc pas mal moins expérimental que Azure Emote, hein ;p Tout en étant vraiment bien, je trouve - enfin, surtout, ils ont une belle identité musicale...
Bon, après, on aime ou on aime pas ;)
Disons que Demon Project c'est un peu comme si Azure Emote se débarrassait de ses influences Celtic Frost/Sigh/Thorns (par certains côtés "militaire"), et s'ancrait plus dans un melodeath modern, croisant avec du Sybreed... Enfin soit, pour faire court : Demon Project, c'est 2 bons LPs récents de métal indus melodic death sibérien tout droit de Novosibirsk à se procurer et à chroniquer ici :p

cglaume

cglaume le 02/08/2011 à 12:48:36

m'en vais aller écouter tout ça quand j'aurais un accès à myspace !! :))

frolll

frolll le 02/08/2011 à 13:05:21

Bonne écoute ! ^^

(ouais, de pousser les gens à écouter Demon Project, c'est un peu mon deuxième but dans la vie :P
remarque : je n'ai aucune idée de ce qu'ils ont mis sur leur myspace, tiens... puisque le premier je l'ai commandé via Amazon, et le second ben euh... je suis un gros vilain téléchargeur :/ (je l'ai trouvé nulle part :o)
Aussi, je viens de lancer Faces of Yaman : il est quand même un brin différent de Kara Ora, en fait, plutôt que strictement dans la continuité, en fait... bon j'arrête mon flood sur Demon Project xD (mais c'est tellement inconnu, alors que c'est bon !))

cglaume

cglaume le 02/08/2011 à 20:40:47

Ca y est: j'ai commandé Kara Ora ;)

frolll

frolll le 05/08/2011 à 16:10:47

eheh, bonne idée
tiens d'ailleurs, si jamais tu saurais me dire sur quelle distro je pourrais commander le second (parce j'ai comme un ptit remords quand même)

cglaume

cglaume le 05/08/2011 à 23:14:52

Je suis passé par Amazon pour ma commande ...

frolll

frolll le 07/08/2011 à 14:24:55

ahah...
omg je fail quoi :/
jvais donc remédier à ça (dès que j'ai un boulot...)

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