Azure Emote - The Third Perspective

Chronique CD album (44:07)

chronique Azure Emote - The Third Perspective

2007, 2013, 2020… Azure Emote sort un album tous les 6-7 ans. Non, ce n’est pas un rythme de feignasse. C’est plutôt le rythme d’un groupe qui pratique un style exigeant (le Death Avant-gardiste lyrico-cosmico-ambiant. « Tribalo- » aussi. Et « psyché-Electro- » encore… Allez, René, une tournée de préfixes: c’est pour moi!). Et également le rythme d’un groupe dont la tête pensante a bien d’autres occupations. Celle d’illustrateur – il s’est occupé des pochettes des trois albums de son groupe, ainsi que d’albums de Deranged, Sinister, Grave, Six Feet Under et j’en passe. Mais aussi celle de vocaliste, puisque Mike Hrubovcak est à l’heure actuelle toujours officiellement membre de Monstrosity, Vile ou encore Divine Rapture – liste non-exhaustive.

 

Chronicles of An Aging Mammal, l’aîné des rejetons d’Azure Emote, était un album particulièrement brillant, plein d’accroches expérimentales et de bidouillages audacieux. On avait glapi de plaisir à son écoute. The Gravity Of Impermanence, le cadet, avait plus ou moins gardé le cap, tout en choisissant une voie plus balisée tapissée de chant lyrique féminin, de violon et d’ambiances à l’emphase boursouflée. L’enthousiasme restait de mise, mais on avait quand même tiqué en trouvant dans notre assiette – qui contenait l'équivalent métallique d’un tartare de homard au coulis passion – ces quelques poils snobinards particulièrement malvenus. Avec The Third Perspective, le benjamin, Mike et ses compères réitèrent les choix précédents, avec ce que cela implique de napperons en dentelle et de trémolos précieux. Arf… D’autant que sur cette direction artistique discutable se greffent quelques sonorités de clavier assez peu judicieuses, version rose synthétique de ce qu’Amorphis avait réussi à rendre acceptable à l'époque de Tales From The Thousand Lakes. Et le coincoin du clavier de contribuer à défigurer en partie un titre pourtant prometteur comme « Dark Realms »... J’te balancerais ce tue-l'amour Bontempi par la fenêtre moi, ça serait vite vu!

 

Si j’insiste d’emblée sur ces quelques défauts pénibles, c’est que le 3e album d'Azure Emote voit le groupe poursuivre sa progression selon une courbe du cœur (le mien, de cœur) légèrement descendante. Il faut néanmoins avoir l’honnêteté de reconnaître que sur cette courbe, la trajectoire du groupe s’effectue toujours à de belles altitudes. Et la vue reste imprenable du haut de ces montagnes russes! Car ce Death ambitieux s’inspire toujours aux sources Nocturnus et Cynic (ainsi que – citons un bout du « For Fans of » figurant sur leur page BandcampArcturus, Thy Catafalque, Ne Oliviscaris, Unexpect, ou encore Mithras). A cela il faut ajouter la dimension occasionnellement « tribale » d’un Sadist. Ce bouquet d’influences garantit évidemment du matériel solide, telles les créations majestueuses que sont « Loss » et « Negative Polarity ». A l’opposée néanmoins, « Cursed of Life » se complaît un peu trop dans des tortillons frustrants, tandis que « Solitary Striving » effiloche sa substance sur onze longues minutes qui offriraient une belle toile de fond à un film (les dialogues extraits de la série Vikings ajoutent à cette impression) mais concluent l’album sur des sensations trop vaporeuses, manquant de consistance. C'est d'ailleurs un peu étonnant pour un groupe avec un tel background: Azure Emote semble en effet être tombé dans le travers classique des morceaux-fleuves qui s’essoufflent. Le groupe avait plus de mordant sur les 11 titres d'environ 5 minutes chacun de Chronicles of An Aging Mammal, que sur ces 6 titres de plus de 7 minutes de moyenne.

 

Alors non: sur The Third Perspective il n’est pas question de perte de qualité, de facilité ou de musique peu inspirée. Azure Emote reste un groupe exigeant, sophistiqué, qui aspire à growler autrement. C’est juste que là où autrefois il réussissait à concilier expérimentation et accroche, il s’est dorénavant drapé dans la toge d’un avant-gardisme plus classique (ça existe ça?), moins déluré, plus académique, qui laisse à mon goût trop de place au chant lyrique, au violons chichiteux et aux atmosphères mystico-éthérées. Mais ça ne m’empêchera pas de venir à nouveau jouer les curieux si un 4e album devait voir le jour.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: aussi technique qu’avant-gardiste, le 3e album d’Azure Emote continue sur les traces de The Gravity Of Impermanence – entendez par là que le chant féminin lyrique et le violon y sont devenus des ingrédients incontournables. Le Death cosmico-atmo-psyché-chamanique qu’il propose est parfois somptueux, parfois un brin trop ampoulé, ce qui fait qu’on continue de lui préférer Chronicles of An Aging Mammal… Mais il possède indubitablement des atouts qui sauront séduire les esthètes de l’extrême.

photo de Cglaume
le 21/08/2020

2 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 24/08/2020 à 19:30:14

Va falloir qu'on s'accorde sur le terme Death Metal car là, je n'en perçois pas à part un chant braillard parfois. 

cglaume

cglaume le 24/08/2020 à 21:29:43

Dès que le style commence par "Avant-garde", après on peut mettre ce qu'on veut derrière :D

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