Brutality - Sea of Ignorance
Chronique CD album (39:41)

- Style
Death Metal - Label(s)
Mighty Music - Sortie
2017 - Lieu d'enregistrement New Constellation R.M.P.
- écouter via bandcamp
« Brutality: l’un des groupes les plus importants du Death Metal américain aux côtés de Deicide et Morbid Angel »... Qu’ils disent, dans la feuille promo livrée avec Sea of Ignorance.
Carrément!
Si on va par là je propose également:
« BHL, l’un des plus importants philosophes français aux côtés de Voltaire, Montaigne et Sartre »
« St Anger, l’un des albums de Metallica les plus importants aux côtés de Master of Puppets et Kill’em All »
« Le démasquage des méchants à la fin de Scoubidou, parmi les plus exceptionnels twists de l’histoire de la fiction aux côtés des révélations finales du 6e sens et de Usual Suspects »
« Plus c’est gros, plus ça passe ». ‘y a pas qu’en politique que l’adage s’avère vrai semble-t-il…
Parce que la vérité c’est que, si Brutality jouissait d’une certaine reconnaissance dans les 90s, celle-ci restait cantonnée non pas en Chine (hahaha-t’es-trop-con-arrête) mais à un cercle d’afficionados pas si nombreux que ça. Rien à voir avec les susmentionnés Deicide et Morbid Angel, ni avec les Death, Obituary, Cannibal Corpse, Atheist, Immolation, j’en passe et des dizaines d’autres bien plus en vue. Le groupe de Tampa (lui aussi) pataugeait alors en pleine seconde division. A cette époque lointaine où le cglaume n’était qu’un adolescent passionné mais désargenté, il était déjà suffisamment difficile de se procurer les œuvres référentielles: on ne risquait donc pas de croiser les Screams of Anguish et When The Sky Turns Black (1er et 2e album du groupe) ailleurs que dans les pages de Hard Force et autres Metal Attitude.
Et pour être honnête, au vu de la musique – fidèle à l’esprit d’alors – que proposent encore et toujours nos vétérans, c’est peut-être même en 3e division qu’ils évolueraient aujourd’hui, s’ils ne bénéficiaient de cette aura de grands anciens. Pas que Sea of Ignorance soit un mauvais album: il est relativement varié, et fondé sur des riffs simples mais efficaces. Mais il est terriblement générique. Pas de touche singulière, pas de morceau plus particulièrement inspiré, pas de 2e effet Kiss Cool: c’est pas qu’on se fasse chier (non non: promis), mais on n’en retient rien. Pas le genre de galette qui creuse sa niche dans notre crâne, ou qui provoquera chez le métalleux enthousiaste un « Tiens, je m’écouterais bien XXX ce matin », XXX étant l’un des 8 morceaux de ce 4e album.
Pourtant ils ont eu 20 ans pour accumuler des idées et peaufiner leur bébé, nos loustics!
Alors c’est sûr, on prend un plaisir simple à écouter ces compos franches construites sur 3 – 4 riffs chacune. D’autant que les plans qui nous sont proposés sont pour une bonne part envisagés comme d’amples décollages de bombardiers furieux, tandis que l’autre enquille les mélodies mélo-venteuses rappelant agréablement la Scandinavie. D’ailleurs l’amour que nos Américains semblent porter aux sombres couleurs du Nord européen ne s’arrête pas aux riffs plus ou moins typés qui parsèment la tracklist. Sur « 48 to 52 » par exemple, quand le groupe n’est pas en mode « Illdisposed ricain », il joue aux Amon Amarth paisiblement guerriers. Tandis que sur « Shores in Flames » ils consacrent carrément un tiers de la durée de l’album à reprendre du Bathory (le morceau figure sur Hammerheart)! Si le résultat est relativement concluant, l’exercice tombe comme un cheveu sur la soupe Death old school qui constitue l’essentiel du reste de l’album, cette longue ode Opeth-like (fermez les yeux et oubliez l’original) pleine de chant clair faisant nettement perdre l'album en cohérence.
Simple, familier, « prêt à porter », Sea of Ignorance souffre par contre d’un manque total de folie, de singularité et de génie. Ce qui en fait un candidat idéal, avec les albums les moins fameux d’Obscenity, Sinister, Monstrosity ou Benediction, pour coincer les participants au prochain Death Metal blind test que vous organiserez pour égayer vos longues soirées d'hiver entre potes.
PS: sorti sur le propre label du groupe en 2016, l’album bénéficie aujourd’hui d’une vraie sortie internationale via Mighty Music.
La chronique, version courte: Sea of Ignorance c’est du Death old school générique, mais sympathique et bien fait. Mais très générique. Mais sympathique. Mais quand même sacrément générique. On s’arrête là, vous avez compris.
3 COMMENTAIRES
Crom-Cruach le 29/12/2017 à 10:53:19
T'as oublié les twists de Colombo aussi (...). Et puis tu as fait une erreur, en plus, je ne vois pas le morceau XXX dans la tracklist. En tant qu'amateur de grande musique, je conseille donc d'ignorer cette chronique bien trop généreuse de surcroit pour un groupe tout moisi qui fait passer les trucs de Rogga Johansson pour un coup d'état musical niveau originalité.
Margoth le 29/12/2017 à 11:19:09
Cromy, en tant que vulgaires prolétaires, nous devons nous arrêter à des sujets à notre misérable niveau ;)
cglaume le 29/12/2017 à 12:46:49
;P
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