Cab Driver Stories - Free myself from you

Chronique CD album (35:00)

chronique Cab Driver Stories - Free myself from you

Ceci est une histoire vraie qui n'a peut-être pas eu lieu entièrement.

Un samedi matin, la factrice dépose un paquet de disques dans ma boîte aux lettres : 2-3 fois par an, Pidji bourre un carton Zalando de CD que je dois chroniquer.
Dans le lot tout un tas de merdes inaudibles auxquelles je mets des bonnes notes pour ne pas m'attirer les foudres des fans sur FB. Je n'ai aucune conscience, aucune morale, et je revends le tout sur Momox pour 4.67€.
 

Mais il arrive aussi qu'il y ait LA pépite. LA surprise. Le truc qui ravive des zygomatiques.

-Putain, Rémi (mon vrai prénom) c'est un sourire sur ta vieille gueule ? Le dernier remonte à 2010 pour la victoire de l'ASM en finale du TOP14*. Hey mais c'est une larme au coin de ton oeil ? me dit ma femme (avec laquelle je ne suis pas marié).
-Tu peux pas comprendre.
-Ouvre moi ton coeur bébé.
 

Je lui tendis alors le disque de Cab driver stories et ouvris mon coeur. En voici la transcription approximative.
 

"Dans ce disque, y'a deux gars qui ont participé à ma culture rock. Avant d'écrire pour ce site que je surnomme "Coreandco-nnards" en référence à son équipe de rédacteurs, j'ai fait mes armes sur un site aujourd'hui hors-ligne qui s'appelait Punk4dummies. Je savais bien que je ne baiserais jamais en torchant des articles que personne ne lit jusqu'au bout, mais j'aimais tellement le rock, le punk, le metal que je voulais le partager.
Alors, oui, je te vois venir, c'est ce que je fais encore aujourd'hui, n'ayant pas su avancer dans ma vie.
 

Enfin bref, un jour m'arrive un disque d'un groupe de Besançon. Moins rock'n'roll que ça comme bled t'as quoi ? Aurillac, Melun, Bailleul-sire-berthoult ? Je m'étais fourré le doigt dans l'oeil jusqu'aux couilles. Ça s'appellait Second Rate. Et dans le genre emo/punk 90's on ne fera jamais aussi bien, ni aussi personnalisé en France que ça. Les mecs ont arrêté en 2003, chacun est parti faire d'autres bricoles de son côté, parfois très cools, mais ont laissé toute une flopée de fans orphelins.

Et là, aujourd'hui, enfin, en 2016 (tu connais la réactivité de Pid' pour envoyer des disques), t'as le batteur / chanteur et le guitariste du groupe de l'époque qui se retrouvent avec un bassiste pour monter Cab drivers stories. Alors, voilà, j'suis content.
Toutes ces histoires de Trump, de fonte des glaces, de Nabilla au salon du livre, je m'en cale : là je suis à la fin des 90's, je me revois puceau (ça c'était pas le meilleur truc de ma vie d'alors), j'écoute religieusement chaque disque, parce que c'est rare, cher, et le streaming impensable.
Tout ça, je le revis ça grâce à Cab drivers stories, qui est comme un regard dans le rétro. Pas une redite de Second rate qui était une sorte de Samiam hexagonal. Non, tout ce que C.D.S a gardé de l'époque, c'est le timbre vocal de Sylvain qui ressemble à un mix de Ragan (Hot water music) / Beebout (Samiam) et Mould. De toute façon, le groupe se réclame plutôt d'influences telles que Texas is the reason et Jawbreaker. Moi j'veux bien, mais j'les trouve quand même vachement plus pop et mélodiques.
 
Dès la première jusqu'à la 35ème minute, tu reconnais tout de suite la patte de Nasty Sam à la guitare : ça, c'est indéniable. Mais, quand la section rythmique t'offre aussi quelque chose de fluide cet album roule parfaitement. On retrouve la complémentarité d'antan pour un disque d'indie qui va à l'essentiel : des refrains avec de supers choeurs ("Three truths in a story" marche vraiment bien), des riffs qui tuent et l'agréable sensation que tout est simple, naturel, que la construction d'une mélodie rock est un 6ème sens.
Pendant 15 ans les membres ne s'étant pas tournés les pouces, on croise quelques éléments qui ne sont pas sans rappeler les projets de chacun : "Collective murders" (plus proche du projet electro de Sylvain) et "Greed" (dont le riff vénère et le rythme plus rapide a quelques éléments qui lorgnent du côté de l'horror punk de BZP) en sont quelques petits relents.
 

Mais je vois bien que tu te fous de ma gueule à être ainsi nostalgique avec un disque sorti début 2016, parce que j'ai la sensation que tout ceci est un nouveau témoignage acharné de ce qui fut une époque dorée. En 15 ans beaucoup de choses ont changé...mais d'autres pas. 
Je fais toujours mes chros qui resteront confidentielles comme ces mecs feront toujours du rock : sans finir millionnaires ni en tunes, ni en fans. Parce qu'on s'en fout, parce que ce n'est pas le but recherché, parce qu'on le fait autant pour soi que pour les autres, et que c'est ainsi qu'on fait de notre mieux. Et leur "mieux" à eux est "excellent"."

 

Pensant finir mon monologue sur une phrase pleine d'émotions et lourde de sens, quasi-philosophique, (sans doute proche du génie), je quittais la pièce fièrement, en espérant avoir touché ma femme (moralement hein) lui donnant par la même occasion l'envie d'écouter ce disque en ma compagnie.
En vérité, elle s'en fichait pas mal, mon petit speech ne lui avait pas donné la curiosité d'écouter CDS. Elle était une personne de plus à ignorer mes mots qui, généralement, ne convainquent qu'une poignée de personnes déjà bien averties. 
Mais qu'importe. Pour moi comme pour Cab driver stories, le plaisir ne se compte pas en millions.
Non, le compte s'arrête à 17.
Pour les 17 muscles zygomatiques que l'on tend afin de dessiner un sourire heureux et satisfait lorsque s'achève "Free myself from you"...



*Depuis la rédaction de cette chronique en Mars 2017, l'ASM a gagné un nouveau titre. Le 4 Juin m'est désormais férié.

photo de Tookie
le 12/09/2017

4 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 12/09/2017 à 09:36:33

"ce site que je surnomme "Coreandco-nnards" en référence à son équipe de rédacteurs"

Toi tu as besoin de bisous mais tu ne sais pas comment faire passer le message...

sepulturastaman

sepulturastaman le 12/09/2017 à 10:36:38

Le "ouvres moi ton cœur bébé" j'espère qu'il na pas eu lieu. De un un je trouve ça malsain dans ce type de contexte. Et de deux putain, tookie, quoi ; c'est comme la rime elle est belle comme le pêché originel, non ; j'veux dire pour arriver au même but tu vaux largement mieux que ça comme route.

Sinon j'te fais une pelleté de bécot.

pidji

pidji le 12/09/2017 à 17:37:54

Magique cette chronique !

Tookie

Tookie le 13/09/2017 à 07:58:32

@cglaume : C'est peut-être parce que tu n'entends pas le bon message :p
@Sep' : Rassure toi, dans cette chronique, hormis mon sentiment vis-à-vis de l'album (et ma joie pour la victoire de l'ASM) : tout est faux.
@pidji : Ha bon ? Elle disparaît et fait apparaître des colombes ? #team1erdegré

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