Cancel The Apocalypse - Our own democracy

Chronique CD album (29:00)

chronique Cancel The Apocalypse - Our own democracy

La chronique du premier album de Cancel the apocalypse est une formidable occasion de revenir sur l'interminable débat des chroniques objectives / subjectives dans lequel tout le monde a tort...et tout le monde a raison.

 

De mon point de vue de personne "participant au problème", une chronique est un avis personnel, donc subjectif, avec une dose d'argumentation "objective partielle" et une certaine temporalité pour se forger un avis le plus raisonné possible. (Voilà, démerde-toi avec ça).
Avec, à ce jour plus de 700 articles sur ce site (+300 ailleurs), je me suis toujours efforcé de ne pas (trop) écrire de "je", de prendre un recul sur ce que j'écoutais, hormis sur quelques disques et musiciens pour lesquels j'ai une histoire un peu particulière (ex : les albums d'Opeth, Pearl Jam, Envy, des mecs que j'ai fait jouer, que j'ai vu "grandir" avec leur groupe etc.).
Mais même sans user de la première personne, derrière chaque mot se cache un sentiment nourri par une histoire personnelle et musicale.

 

Or, dans Cancel the apocalypse, se trouve Mathieu Miegeville, que j'ai déjà fait jouer, que j'ai vu plus de fois en concert que je n'ai de doigts, qui chante dans Psykup (qui est un groupe qui compte beaucoup pour moi).
C'est d'autant plus délicat que, sorti de Psykup, j'ai beau avoir plusieurs albums de My own private Alaska et Agora Fidelio à la maison : je ne suis complètement fan des projets auxquels il participe (j'y reviendrai). 

A l'instar des deux projets sus-cités, Cancel the apocalypse rentre, de mon point de vue, dans la même démarche artistique. Je pars donc avec une histoire, un passif, qui risque peut-être de m'empêcher de prendre du recul sur "Our own democracy". Alors, comme d'habitude, cette chronique n'est pas une parole d'évangile, elle n'est que l'occasion de partager une découverte, de pousser ta curiosité à cliquer sur le lecteur à gauche de la page et, éventuellement, d'en discuter par la suite.

 

Cancel the Apocalypse joue la carte de la singularité. C'est une constante chez le toulousain qui cherche toujours à explorer des contrées musicales inconnues (ou qui échappent totalement à ma culture musicale), à se défaire de ces foutues étiquettes qu'on ne peut pas s'empêcher de coller sur le front des artistes, afin de les ranger dans nos petites cases. Pour cela, M. Miegeville s'entoure toujours d'excellents musiciens qui sortent aussi de leur zone de confort pour proposer "autre chose".
Sauf que lorsqu'on propose "autre chose", on "défriche", on met les pieds où personne n'est jamais allé, et on risque de le faire avec de gros sabots et de les mettre dans le plat.


Le concept, cette fois-ci, est de mêler une batterie, une guitare classique, une violoncelliste et un chanteur qui alterne entre le scream, le parlé, le clair. Le résultat est doublement perturbant : il y a bien sûr la rencontre d'un monde acoustique avec une voix déchirante, mais il y a aussi cette faculté des musiciens à utiliser leurs instruments pour frotter tendrement des cordes avant de les agresser et d'accélérer le tempo. 


D'ailleurs, puisqu'on en est à causer rythme, il faut s'arrêter sur le batteur qui est là pour péter des peaux. 
Il est plutôt rare qu'une batterie soit aussi audible, aussi explosive, qu'elle résonne aussi puissamment.

A ses côtés, on retrouve la loudeur écrasante du violoncelle. La gravité et/ou la mélancolie de ses sonorités sont des éléments particulièrement prenants, pesants sur cet album. 
Sans le violoncelle, ce disque n'aurait pas été le même : il offre plusieurs facettes et habille les ambiances à merveille. Mais, bien qu'inévitable, il aurait aussi pu prendre encore plus de place, s'imposer (comme c'est le cas sur les premiers de Nosfell) tant cet instrument peut créer à lui seul un univers tout entier. Même sur "A bunch of roses with thorns" en duo avec un piano, le violoncelle joue presque les "faire-valoir".
Parce que c'est ce qui se passe : il se fait "voler" la vedette par la guitare, plus avancée par le mix...et qui fait un sacré show.

 

Des sonorités hispanisantes, chaudes, de jolis arpèges, la guitare propose des mélodies parfois étourdissantes ("The things that can never be done") sans jamais faire un étalage écoeurant de technique. Certains titres sont marquants par leur mélodie, d'autres sont touchants à chaque fois qu'une corde tremble. 
Le trio instrumental dessine déjà un visage original à ce court album de 28 minutes, mais c'est l'association avec le chant qui va enfoncer franchement le groupe dans des terrains plus méconnus.

 

Un chant doux, un autre hurlé et la volonté de mettre en contraste les ambiances : voilà tout l'intérêt de ce chant que l'on commence à bien connaître. De ce côté là, rien de nouveau : la performance "technique" est belle, on connaît les qualités du bonhomme, elles sont indéniables. L'association avec les instruments est, quant à elle, plus délicate : le mariage, même contre-nature offre de belles choses, mais, bien que le disque soit court, on en arriverait presque à un trop-plein.
Le scream prend beaucoup de place et finit par se desservir. Les passages chantés ne semblent d'ailleurs être que des introductions aux cris. 
Il y a par contre un bel équilibre : les 9 titres avec du chant ne sont jamais bavards. Puis il y a ce truc vraiment touchant, émouvant, que l'on retrouve souvent dans les disques avec M. Miegeville...

 

Mais si je t'ai fait tout un speech en intro sur l'objectivité et tout le tralala, c'est parce que l'aspect sensibilité de Cancel the apocalypse est hyper important.
Comme avec Agora Fidelio, comme avec My own private Alaska, j'ai immédiatement été touché et marqué par l'originalité, ainsi que l'enrobage "émo" (bien que le terme soit injustement mal vu et mal utilisé aujourd'hui) de cet album...mais, en peu de temps, c'est retombé.
Cancel the apocalypse défriche, va vers une inconnue musicale, c'est certain. Mais s'il y a une finesse technique, les ficelles émotives (notamment dans l'interprétation) sont quant à elles plus grossières, comme s'il fallait absolument toucher le nerf lacrymal. Pour synthétiser les choses plus vulgairement, j'irai presque dire que "ça en fait des caisses".
Et c'est en ça que cette chronique est parmi les plus subjectives du site : le quartet joue dans un registre qui dépend énormément de l'affect de son auditeur et de son contexte d'écoute qui vont bien au-delà des considérations techniques, musicales ou des mélodies qui font mouche etc. Sur moi ça a marché (partiellement) et pour une durée limitée, mais c'est un album qui marque d'une certaine manière. Reste à savoir pour toi.

Alors clique, écoute, forge-toi une opinion, que tu peux taire ou partager, peu importe. Mais, que tu finisses par l'aimer ou pas, ce disque mérite au moins quelques minutes de ton temps et de ton attention.

 

Pour écouter le groupe sur Spotify : cliquer sur ce lien !

Pour suivre le groupe sur Spotify :

photo de Tookie
le 09/01/2017

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