Carne - Modern rituals

Chronique CD album

chronique Carne - Modern rituals

Grondement sourd, engagé, ça sent la cave, la mauvaise bière et le PAF à prix libre. Dès les premières mesures, Carne me fait remonter des souvenirs inexistants de Rock N Fist poisseux et joyeux (les vrais savent).

 

Comme une version pervertie, sale et lente de Red Fang, un truc poussiéreux et saturé. Parce qu’il en faut des couches de disto pour remplir à ce point l’espace et avoir un son aussi massif avec seulement une guitare et une batterie. Mais il semble à l’oreille que Carne ne triche pas, et n’ait pas mis sur disque plus que ce qu’il est possible de faire en live. On sent la sincérité de la musique dans la démarche de production. La construction même des riffs tient compte de l’absence de basse, et repose souvent sur un arpège construit à partir d’une fondamentale bien lourde qui dure. C’est intelligent, et bordel de nom de ieud, que ça marche bien.

 

Bad Tooth s’envole dans un nuage de reverb immense, gris et dense, comme un éléphant de gaz qui court  entre mes oreilles. Le roulement continu de la batterie, comme une déferlante initerrompue qui me noie et m’étouffe. Vient la fin, et ce riff de guitare gauche/droite qui m’assomme.

The end of us, ce chant clair habité, qui me fait penser aux premiers albums de Mano Solo, ce pleurs désespéré et prenant, s’accompagne d’un orgue discret au début, mais qui peu à peu devient la colonne vertébrale du titre. Un maelström psyché nous prend à la gorge petit à petit, c’en est fini de nous. Un titre éprouvant, la bande-son parfaite pour un suicide au skenan. Ce titre est la pépite de ce champ de ruines, et rien que pour ça, il fallait faire cet album.

Dans Collective Dictatorship, on sent la colère, l’engagement politique hérité du punk, ce titre aurait presque pu être composé en 1987 à Manchester ou Liverpool, si ce n’était ce putain de riff rock n roll qui défonce le dernier break. Ces mecs là savent ce qu’est le rock, aucun doute.

Lord Less plante le dernier clou du cercueil dans une rythmique lourdassière soutenue par une voix d’une sincérité  et d’une maîtrise parfaite, le désespoir est beau.

 

L’album de neuf titres dévoile un abîme noir et profond, la pression est intense et la lumière, nulle part.

L’engagement, la puissance, la beauté noire, tout ça me donne envie de voir ce groupe en live, et pleurer des larmes amères sur la disparition d’un ami que je ne connaissais pas.

 

Mais Modern Rituals n’est pas de ces disques qu’on écoute bien posax entre potes en racontant de la merde sur Metallica ou en disant du mal du groupe local qu’on aime mépriser (arrêtez de vous mentir, on en a tous un). Il faut avoir certaines dispositions pour en profiter, être seul, n’avoir que ça à penser et être prêt à lacher prise et à se laisser mettre la tête sous l’eau pendant 9 titres.

Autant j’aime ce genre d’approche en live, autant sur album, moins.

 

Du coup je vous ai trouvé un extrait de live, parce que je pense quand même que c’est là que Carne s’appréciera le mieux. En plus la scène est rien chouette.

 

 

Production : 1

Composition : 1

Interprétation : 2

Originalité : 1

Cohérence artistique : 2

Un bon 7/10 pour les lyonnais, pas volé.

 

 

0 = Mauvais

1 = Moyen, comme dans ni excellent ni nul à chier

2 = Bon

le 30/08/2018

1 COMMENTAIRE

Paf le chien

Paf le chien le 16/09/2018 à 17:09:49

Tout est dit dans la chronique. Y'a peut être un air de hangsman's chair également. Notamment sur The End Of Us.

En tout cas c'est prometteur pour la suite. Pour une écoute attentive préférez le vinyle si possible..

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