Detonation - Portals to Uphobia
Chronique CD album (43:51)

- Style
Melodeath - Label(s)
Osmose Productions - Sortie
2005 - Lieu d'enregistrement Excess Studios
Des CDs bradés pour 3 francs 6 sous (paie ton expression de vieux croûton!), des bacs regorgeant de trésors impatients de venir se nicher dans votre lecteur, des pochettes bien typiques du genre, des noms de groupes déjà croisés au détour de mags ou de webzines … On a tous acheté des albums improbables d’occase ou en solde. Core&Co profite de l’occasion (ouarf) pour vous livrer ses impressions sur des CDs qui n’auraient peut-être sinon jamais été chroniqués en ces lieux
Je fais des découvertes grâce aux soldes – épisode 6
Je me souviens d’une époque où, à chaque annonce de LA nouvelle sensation melodeath, sourcils et épaules se haussaient en une manifestation parfaitement synchronisée de lassitude désabusée. C’est qu’en ces temps reculés, les buts décisifs alors marqués par Dark Tranquillity et In Flames avaient donné des idées à toute une génération d’attaquants pas forcément inspirés. Mais comme à chaque fois qu'une offre excessive finit – en toute logique – par provoquer un écœurement généralisé, le robinet s'était finalement tarit faute d’un public enthousiaste à désaltérer. Le melodeath à la sauce Göteborg s’en retourna alors tenir compagnie au pot de Nutella et à la bouteille de Baileys sur l’étagère aux sucreries de l’extrême, au fin fond du placard des vieilles histoires d’amour qui ont fini en pauvres histoires de (gros!) cul.
Sauf que cette époque révolue était aussi celle d’une dentelle métallique qui n’avait pas besoin du cache-sexe des voix claires mielleuses ni des autres artifices putassiers propres au metalcore pour s’avérer accrocheuse. C’était une époque d’élans épiques puisant leur force dans le souffle glacé du blizzard black plutôt que dans les Umpah-Umpahteries du folk festif. Une époque où les guitaristes-joaillers s'appliquaient à harmoniser leurs interventions avec goût plutôt que de lester leurs mosh parts de grasses coreries. Vieux con moi? Il faut dire qu’une fois mordu dans cette madeleine proustienne, toutes ces évidences viennent nous gifler la face avec la force cinglante d'une brutale prise de conscience des années qui passent.
Mais profitons plutôt de l’instant présent, voulez-vous...?
Touche PLAY... Ouaaaaawh, quel panard que ce parfait trio introductif « Into Sulphur I Descend » / « Portals to Uphobia » / « Structural Deceit ». Mmmhhhh, quel bonheur que ces passages épico-mélancoliques bien puissants qu'on écoute les yeux perdus dans l’horizon, sous des cieux hantés par le chant de sirènes lead charmeuses… C’était quelque chose quand même, cette scène! Mais dites-moi tout de même: ne se pourrait-il pas que ces bonnes prédispositions ne soient que le fruit d’une nostalgie de trentenaire qui commence à accuser le coup? Que nenni Fanny: Detonation, c’est vraiment de la bonne, sinon votre serviteur aurait tout aussi bien pu succomber à l’écoute du dernier Overload. Non, le travail d’horlogerie twin fine à partir de la marque des 2:57 sur « The Source To Delve », la puissance raffinée déployée sur l’excellent « The Loss Of Motion Control »…: tout ça c’est pas du chiqué les copains. Et ces brouettées de mélodies qui perforent le crâne et secouent la nuque, c’est du flan peut-être?
Bon, OK: si on range rien qu’un instant l’enthousiasmomètre dans le bas du frigo, histoire de ramener la température ambiante dans des zones plus raisonnablement fraîches, on se rendra compte de l’influence indéniable du Dark Tranquillity de The Gallery et The Mind’s I sur le combollandais (si, ça pourrait très bien se dire d'abord!). On commencera également à faire le compte de ces plans hyper classiques – mais ô combien efficaces et bien amenés! On se rendra ensuite compte que l’utilisation quasi-systématique (sur la moitié des morceaux!) de guitares électro-acoustiques finit par sonner un peu cliché. On remarquera encore que « Chaos Banished » est un peu mou de la rotule. Et puis on réalisera que Portals to Uphobia s’essouffle quand même un brin sur la fin.
Mais quel pied on aura pris les aminches! Quel bonheur de retrouver ces ouvertures « mises en abyme » qui conduisent sur de grosses blasteries black mélodique lorgnant vers Dissection, puis qui laissent place à d’amples parties mélodiques – plus mid-tempo, plus sombres, mais tout aussi puissantes –, le tout étant truffé de confiseries guitaristiques à ne plus savoir où donner de la tête. Quel plaisir que « Lost Euphoria part III », pièce instrumentale simple et belle où des leads variées (électriques, électro-acoustiques, flamenco, twin en mode ping-pong) alternent avec classe et à propos les coups d'éclat.
Dame Objectivité – cette vieille carne frigide – retenant mon bras, je n’attribuerai qu’un modeste 7,25 à ce très bon second couteau issu des brouillards d’un passé pas si lointain que cela. Mais mon cœur – ce chaud lapin – aurait bien remercié avec plus de générosité les hollandais de Detonation avec qui j'aurais eu le plaisir de remettre le nez dans cette scène jadis féconde. Allez, pour rester dans le bain musicalement et géographiquement parlant, je vais de ce pas aller me réécouter les petits bijoux de Callenish Circle et Orphanage tiens!
PS: dans sa version digipack, l’album contient une plage multimédia pleine de goodies dont un sympathique petit studio report
PPS: est-il bien nécessaire de préciser que l’artwork de l’album a été réalisé par Niklas Sundin de… Dark Tranquillity!?
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