Estradasphere - Buck Fever

Chronique CD album (72:24)

chronique Estradasphere - Buck Fever

Le siège éjectable de la DeLoreanawak m’ayant récemment recraché au beau milieu du grand vortex Don Salsa, je ne pouvais décemment pas continuer plus longtemps de laisser mes vieux albums d’Estradasphere accumuler la poussière au fond des tiroirs où ils croupissaient. Quel rapport entre la choucroute salsa et la polentadasphere vous demandez-vous? Eh bien c’est sur Koolaid Moustache In Jonestown, album de Don Salsa qui a donc récemment bénéficié d’un papier en ces contrées webiennes, que Tim Smolens et Jason Schimmel ont affuté leurs armes bunglophiles avant de fonder l’escouade de choc dont on étudie aujourd’hui le 2e album. Et pourquoi celui-ci plutôt que le premier me demandez-vous avec une inquisitrice circonspection? Parce que je ne possède pas le Tout Estradasphere Illustré sorti chez La Pléiade. D’abord. Et puis c’est comme ça et pas autrement. Non mais.

 

Maintenant que vous savez le pourquoi du comment, rentrons dans le vif du sujet. D’autant qu’il est grand ouvert. Estradasphere peut être vu comme un bouillonnant fan club de Mr Bungle et Secret Chiefs 3 réunis. Sauf qu’au lieu de se contenter de vagir leur passion pour ces groupes sur des forums spécialisés, ces gens-là créent, expérimentent. Les bougres. Et comme les boutons d’acné artistiques de ces Américains ont déjà été percés à l’époque de Don Salsa, c’est bien de Nawak Metal parfaitement assimilable par un organisme normalement constitué dont il s’agit sur Buck Fever. Ce qui signifie que la chose ne se résume pas à un long zapping stylistique imbuvable, mais est bien une œuvre bariolée qui réussit à tenir bien stable sur ses 2 gambettes.

 

Ici, pas de blagues prout-prout ni de toon hystérique derrière le micro – bien que le concept de chasse au cerf, servi pour l’occasion par quelques échanges entre viandards dignes des tueurs de galinettes cendrées, aurait permis sans mal de se livrer à l’exercice. Non: Buck Fever est à 85% instrumental. Et il déroule ses métissages musicaux le long de 16 morceaux où se croisent cuivres espiègles, violons, Metal pur et dur, Beach Boyseries, parfums d’Orient, fanfares enjouées, formations Jazz rutilantes et rétro-nerderies 8bits. Ces folles et longues farandoles multi-facettes constituent le meilleur de ce que le groupe a à nous offrir: « Meteorite Showers », « Millenium Child », « The Dapper Bandits », le morceau titre et – mon préféré – « The Bounty Hunter » ont tout pour faire bicher les amateurs de kaléidoscopes auriculaires.

 

Mais les Américains préfèrent parfois une approche plus monolithique. Ainsi « The Silent Elk of Yesterday » reste-t-il planté pendant 6 longues minutes dans un Black épico-symphonique tout juste saboté par 3 dernières secondes de sonorités chiptune. « Super Buck II », lui, ne décolle pas du Jazz de St Germain des Prés. Et c’est un peu le même schéma pour « Rise’n’Shine ». « Trampoline Klan » reste scotché pendant 2 minutes sur les talons de Super Mario, tandis que « A very Intense Battle » ne dévie que peu de la voie du Metal de la Mort (un poil quand même, m’enfin limite ça compte pô). Alors certes, ces titres sont en général bons, voire très, mais ça ne pétille pas aussi malicieusement que le reste du matos.

 

Dernières touches moins rhaa-lovely: 1) le groupe abuse un poil des courtes pantalonnades stériles (« Crag Lake », « Burnt Corpse », « Bride of The Buck », « Green Hill ») 2) « What Deers May Come » clôt l’aventure sur une longue plage de musique ambiante « tribale » – qui collerait mieux en fond sonore de Koh-Lanta qu’en guise d’adieux sur une galette de Youpla Metal – suivie d’une sentencieuse narration conclusive sponsorisée par Ushuaïa.

 

Finalement, plus parlant encore qu'une analyse détaillée du pourquoi et du comment, les sournoises allusions proférées au sein de l’intro du présent papier quant à la poussière recouvrant mon CD laissent entendre qu'il doit y avoir un petit quelque chose qui cloche. Et en effet, bien que possédant un peu tout ce qu’il faut où il faut – omniscience instrumentale, souci du détail, direction artistique audacieuse, sourire en coin – l’album manque d’un petit quelque-chose, de personnalité peut-être, d'un supplément d’accroche, bref: de ces choses qui font qu’on ressent un besoin compulsif de se repasser à l'infini nos galettes préférées.

 

En Némo comme encens (quoi?): c’est du tout bon, mais pas de l’excellentissime.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Buck Fever propose un Nawak Metal quasi-instrumental aussi expert que multi-facettes. Problème: il lui manque ce petit grain de folie supplémentaire, cette empreinte caractéristique qu’on appelle personnalité, cette accroche irrésistible qui fait les GRANDS albums. M'enfin ça reste néanmoins du bien miam quand même… 

photo de Cglaume
le 29/10/2017

1 COMMENTAIRE

cglaume

cglaume le 30/10/2017 à 08:50:29

On me souffle dans l'oreillette que je suis complètement passé à côté du fait que "Super Buck 2" est une reprise du thème de Super Mario 2. La honte lapinesque. (Merci Nico !)

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