Horrendous - Anareta

Chronique CD album (44:16)

chronique Horrendous - Anareta

Dernièrement, la chronique de Substratum (le dernier Anatomy Of I) avait été l'occasion d’un petit laïus sur la prolifique descendance du père Chuck Schuldiner. On ne se lancera donc pas à nouveau dans le recensement fastidieux des albums et artistes prêchant la bonne parole de l'évangile selon St Death, nous contentant cette fois simplement d’évoquer cette communauté de fervents disciples pour indiquer que – au vu de la nature de l'Anareta ici présent – Horrendous y trouve tout naturellement sa place. Et pas la petite place miteuse, genre strapontin élimé derrière un poteau en béton, à 3km de là où se passe l’action. Non, les américains sont plutôt du genre à être royalement installés au 1er rang, les arpions confortablement calés sur un repose-pied de velours rouge. A la limite on aurait même envie de les coller carrément sur la scène tant c’est la première fois que ce genre de formation ne se contente pas de nous fournir d’agréables frissons nostalgiques, mais qu’elle nous remue bien violemment le dedans de la tripaille avec une musique certes fortement typée, mais néanmoins sertie d’éclats de génie et de perles scintillantes.

 

... Quand je pense que j’ai laissé Ecdysis, l’album précédent du groupe – dont le cordon vient à peine d’être coupé puisque celui-ci n’a guère qu’un an au compteur –, entre les papattes de mon collègue Domain-of-death, tout ça pour m’occuper d’autres albums prétendument plus urgents / importants / émoustillants… Tu parles d’un visionnaire tiens! Du coup je l’ai à peine écouté, moi, l’engin, la priorité étant toujours donnée aux œuvres devant passer par la case Chronique. M’enfin si j’en crois Dodo-la-saumure-of-death, ainsi que la Metalosphère quasi-unanime, c’était déjà de la grosse balle, façon œuf de Fabergé.

 

Bon alors: qu’y a-t-il donc dans cette rondelle qui nous chatouille les glandes avec autant d’astuce que d’espièglerie?

 

Puisque là-haut-ci-dessus il est fait référence au Pape qui officiait au siècle dernier en la cathédrale Notre-Dame de Tampa, vous vous doutez qu'Anareta fait dans le Death metal de qualité. Ouaip, banco les aminches! Horrendous pratique cet art épineux dans sa variante « Techno- » (comme dans Technodeath, donc), la chose étant généreusement enduite de chaudes guitares mélodiques, de détours parfois retors mais toujours sexy, ainsi que de tempos raisonnés mais ne crachant pas sur quelques petites accélérations fulgurantes de temps à autres. Si le travail de composition et les recoins nombreux des compos pourront satisfaire les fans de Cynic ou de Symbyosis, le grain judicieusement old school de la prod’, la croustillante abrasivité des guitares, et l’acidité des houleuses invectives qui rappellent non seulement Chuck, mais parfois également Martin Van Drunen, font d’Anareta un merveilleux voyage dans le temps, un retour vers l’époque où les excellents albums de Death metal – à la fois mélodiques, techniques et ambiancés – pleuvaient sur nos oreilles ravies comme vache qui épice. D'ailleurs, en dehors d’œuvres comme Human ou Individual Thought Patterns, le 3e bébé de nos amis d’Outre-Atlantique évoque entre autres le Testimony of The Ancients de Pestilence, la touche Atheist (cf. « Sum Of All Failures »), voire même le Amok de Sentenced, lors de ces fréquents plans à la coloration presque Rock’n’Roll.

 

Si l’ensemble de l’album nous berce donc chaleureusement dans ses bras puissants et experts, il existe certains moments où l’embrassade s’avère plus particulièrement torride encore. Sur le fabuleux morceau d’ouverture par exemple, celui-ci préparant comme souvent le terrain en douceur, avant de balancer, au bout de 50 secondes, un retour de volée fulgurant et pourtant bourré d’effet. La 2e claque suit sans attendre, « Ozymandias » nous secouant la pulpe avec fermeté et majesté lors d’un démarrage écrasant et pourtant libérateur. Et loin de s’essouffler après ce début dantesque, le groupe continue la visite le long de 7 minutes haletantes et généreuses en sprints vivifiants. Mais non: refusons de partir tête baissée en direction de l’impasse que constitue un track-by-track, et contentons-nous de finir l’évocation des pics de cet album tout en enivrantes altitudes en appelant « Acolytes » à la barre, ce morceau  qui démarre sur un simili-hommage à la « Nuit sur le Mont Chauve » et finit sur une floraison magnifique digne d’un ASIWYFA bodybuildé  pouvant lui aussi témoigner de l’excellence d’une œuvre quasi-sans tache.

 

Quasi?

 

 Disons juste que si « Polaris » avait été un poil moins évidemment Schuldinerien, et si « The Solipsist (Mirrors Gaze) » avait musclé un peu plus ses au revoir (… non parce qu'il lui manque le punch indispensable à la réalisation d'un final à la hauteur de l’excellence de cette galette), ce 3e album aurait sans nul doute fini au coude-à-coude avec le A Maze of Recycled Creeds de Gorod en haut du podium des sorties « Death léché » de l’année 2015. Alors qu'en l'état, l’album termine « piteusement » sa course à la 2e place… N'empêche: on en veut plus des outsiders de cette trempe!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: continuant à jogger sur le sentier de l’excellence Technodeath mélodique old school, Horrendous réussit à proposer un nouveau chef d’œuvre qui – s’il brasse, il est vrai, vigoureusement le fond de la marmite Death – réussit à nous remuer les tripes avec vigueur et expertise. Honnêtement, cette tuerie est passée à quelques micro-poils d’égaler Gorod sur le podium 2015.

photo de Cglaume
le 04/01/2016

2 COMMENTAIRES

korbendallas

korbendallas le 05/01/2016 à 11:27:31

Bon, j'ai adoré leur premier album ... mais j'ai pas encore vraiment digéré l'excellent "Ecdysis" ... je n'ai que quelques écoutes aux compteur pour ce "Anareta", qui s'annonce vraiment très bon. Mais je ne m'attendais pas à voir apparaitre "Amok" et Sentenced dans cette chro ... je vais vite m'y repencher dessus ;) ... en plus "Ozymandias" est également un titre de The Black League, groupe formé par Tanéli Jarva suite à son départ de Sentenced et aux fort relents amok ! Je m'égare ? Peut-être ... ou pas :)

cglaume

cglaume le 05/01/2016 à 11:38:46

Le parallèle avec Sentenced m'est venu plus particulièrement sur des passages de "Stillborn Gods" et ... "Ozymandias" justement ! Tu me diras ce que tu en penses :)

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