Jane Doe And The Black Bourgeoises - Pretty Terror

Chronique mp3 (45:18)

chronique Jane Doe And The Black Bourgeoises - Pretty Terror

Faire du neuf avec du vieux, c'est toujours un pari risqué. D'autant plus lorsque ça touche un genre ponctuel, représentatif de son époque certes, mais semblant aujourd'hui totalement démodé. Sur le papier, cela semble fort simple à mener puisqu'on ne fait que se réapproprier divers éléments éculés, donnant un faux-semblant au répertoire de kit « clé en main ». Et pourtant, entre hommage et plagiat, il n'y a qu'un pas, de la même manière que celui qui sépare kitsch badass et ridicule caricatural. C'est ainsi que nous voyons encore fleurir aujourd'hui quelques jeunes irréductibles qui se risquent à faire vivre des restes latents de neo metal, de grunge primitif ou encore de hair metal « plus-glamouze-tu-crèves ». En revanche, le hard pop rock'n rollisant pro-girly tel qu'on pouvait le voir dans les années 80 avec des figures comme Blondie, Joan Jett, The Runaways ou encore Shakin Street, tellement peu s'y risquent qu'on en viendrait aisément à se demander si la page de cette tranche musicale qui a pourtant bercé moult actuels quadragénaires/quinquagénaires n'était pas définitivement tournée. Certes, la demi-sœur de Vincent Cassel, sous le patronyme d'Hollysiz, a bien tenté de s'en approcher mais son premier album, My Name Is (2013), malgré quelques lorgnes indiscutables sur les 80's, donne un peu trop cette impression de lissage bien trop propre et consensuel pour que la comparaison soit légitime. Parce qu'à l'époque, même si le courant était considéré comme commercial et radio-friendly, les nanas derrière le micro, elles en avaient dans le bide niveau fougue, à l'image de la densité de leur permanente. Peut-être que du côté de nos voisins belges, une dénommée Julie Meganck en avait sa claque de ces pseudo-rockeuses plastiques et toutes de paillettes vêtues, à tel point qu'elle finit par prendre les choses en main : on se dégotte des ziqueux, on se trouve un nom de scène et ça donne un Jane Doe And The Black Bourgeoises qui nous livre cette année sa troisième fournée, Pretty Terror.

 

Le résultat est immédiat et les craintes liées au fait de faire revivre un style qui nous semble, à l'heure actuelle, désuet sont vite envolées : la fidélité avec l'esprit basique de l'époque est là et, à supposer qu'on avait apprécié ce mouvement à l'époque ou en rattrapage sur le tard, ça déboîte sacrément ! Mieux encore, cette approche rock'n roll girlie dans son sens le plus dirty ayant tellement été nettoyée et lustrée de fond en comble au cours des deux dernières décennies que le fait d'en retrouver son essence originelle semble délicieusement rafraîchissant en 2017. Situation paradoxale lorsqu'on s'évertue à faire un « retour vers le passé », mais cela a au moins le mérite que l'on accorde à ce dépoussiérage nostalgique une grande légitimité. Et un grand plaisir à l'écoute de ce Pretty Terror qui se boit comme du petit lait. Immédiat, instinctif et catchy à souhait, une seule écoute suffit à assimiler le registre et se mettre dedans. Rien que des hits, potentiels singles dans son sens « rouleau compresseur d'énergie fédératrice », comme « Don't Wanna Close My Eyes », « Chubby Love » ou encore « The Clash » suffisent amplement à séduire et à s'imprimer dans la boîte crânienne alors qu'on n'a même pas encore atteint la cinquième piste. La mise en son appuie d'autant plus ce charme rétro, paraissant par rapport aux standards actuels de la mouvance dite indie rock presque punk rock. A n'en point douter, le but avec Pretty Terror, c'est faire ressortir sa fibre anticonformiste un brin rebelle mais de la façon la plus positive et guillerette qui soit. Sans jamais s'enfoncer dans le mielleux. Chose que les pseudo-féministes qui nous emmerdent à longueur de polémiques risibles sur les réseaux sociaux devraient se mettre dans les esgourdes tant elles ressentiraient une bonne dose de fougue affirmée de girl-power. Plus constructive qu'un tweet tel que « #MeToo un mec m'a salué timidement avant de me dire que j'étais charmante dans un bar vendredi soir #BalanceTonPorc » entre deux annonces de vidéos clichées de séance shopping et de bave hystérique sur les BGs de 50 Nuances De Grey et Twilight en tout cas.

 

Bref, Jane Doe And The Black Bourgeoises est une excellente surprise. Délicieusement rétro 80's avec un soupçon de décennie suivante (on pensera à Courtney Love par exemple) histoire de ne pas paraître trop désuet, Pretty Terror s'avère être un très bon album qui s'enfonce dans les crânes. Point complexe pour deux sous mais pas con pour autant, il ne tombe pas dans les pièges d'homogénéité ou encore de remplissage futile. Certes, son caractère assurément accessible et radio-friendly ne lui permettra sans doute pas de s'établir dans la postérité mais il n'empêche qu'il s'avère fort efficace en l'instant T. Dommage que le combo belge manque tellement de stature et de moyens financiers à tel point qu'ils n'ont pas pu en faire presser des exemplaires physiques tant un petit retour de LP, voire 45 tours single des familles – à écouter avec papa et maman qui retrouveront leur folle jeunesse perdue – n'aura semblé aussi naturel dans ce cas précis.

photo de Margoth
le 26/01/2018

1 COMMENTAIRE

papy_cyril

papy_cyril le 26/01/2018 à 19:47:10

le titre en écoute fait très blondie en plus mordant en tout cas

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