Leprous - The Congregation

Chronique CD album (1:05:36)

chronique Leprous - The Congregation

Bien sûr, à la sortie de Bilateral, j'avais tilté en voyant les canards webiens des alentours célébrer l'événement en chantant à s'en péter la luette d'enthousiastes quantiques. Mais l’objet étant alors étroitement associé au terme « progressif », j'avais laissé le skeud aux fans de Dream Theater et autres Symphony X... Disons qu’à l’époque, le lapin jaune n’avait pas encore réalisé qu'il pouvait exister un pont reliant Prog, Avant-garde et – in fine – Nawak. Du coup, lors du Hellfest 2013, quand le nom de Leprous était apparu au programme de la Temple, malgré la crainte qu’il s’agisse là d’un groupe de Raw Black biélorusse au lieu des norvégiens dont il est aujourd’hui question (… le fameux « syndrome Shining »), j'étais allé prendre la température live de ces créateurs de buzz. Et là, dès le monumental « The Valley », mes bras s'étaient retrouvés tapissés d’une délicieuse et incontrôlable chair de poule. Nom d’un p'tit Taboulé tamoul: mais cette musique est démente!!! OK les nappes de synthé occupent une place importante, sans doute trop pour certains, et le chant s'avère un peu (...très!) « précieux »… Mais nom de nom, quelle claque!

 

Du coup, quand le promo de The Congregation vint frapper à la porte de mon clapier, après avoir jeté une oreille inquisitrice à « The Price » – le nouveau titre jeté en pâture à une metalosphère bavant d’impatience – il n’était pas question qu'une papatte velue autre que celle de Bibi ne se pose dessus!

 

Tout le blabla ci-dessus vous aura mis au jus: cette chronique ne fera pas l’inventaire minutieux des subtiles différences entre ce 4e album et ses 3 prédécesseurs. Tout juste pourra-t-on vous dire que quiconque a entendu le fameux « The Valley » comprendra immédiatement qu’il s’agit du nouvel album du groupe. Le topo descriptif ci-après suit donc la même logique que s’il s’agissait là d’un obscur combo du Boukhistan... Vous êtes prévenus! The Congregation est donc un album de musique « progressive » moderne, à haute teneur en émotions qui chopent à la gorge. La liste des éléments constituant celle-ci risque d'ailleurs de ne pas vous faire rêver (enfin ça serait le cas pour moi, si j’étais encore vierge de toute idée préconçue sur le groupe), et pourtant c’est sur ce socle que Leprous développe son incroyable magie musicale. Car en effet The Congregation est un album entièrement composé sur ordinateur par le clavier/chanteur du groupe. Il accorde une large place à ce fameux clavier, qui tantôt sonne très rétro-électro, tantôt tapisse l’espace sonore d’amples nappes atmosphériques, tantôt produit un chaleureux vrombissement de fond. Pour ajouter des touffes de poils aux compos, ce premier instrument est soutenu par 2 guitares pratiquant une sorte de djent finement ciselé, pas excessivement retors, et même – à l'opposée – incroyablement mélodieux, si si. Au programme pulsations mélodhypnotiques et légers décalages, donc, pour vous le dire autrement. Première touche organique salvatrice: la batterie de Baard est fine, dynamique et stimulante. Deuxième touche organique – qui, initialement, semble pourtant destinée à nous refiler des boutons façon « furoncles faciaux »: la voix d’Einar est tout à la fois fragile, caressante et plaintive, ce qui devrait logiquement nous pousser à lui faire mentalement subir d'impitoyables sévices corporels… Sauf que le zozo réussit tellement souvent à nous faire planer au zénith avec son fragile organe que l’on ne peut que rapidement retourner sa veste (cette phrase est garantie sans double sens!).

 

Mais c’est dans la qualité exceptionnelle de ses compos que réside le véritable secret de The Congregation. Car si l’on excepte une triplette finale un peu en-dessous de la moyenne (quoique: la fin de « Moon » est tout à fait juteuse, et « Down » renferme un riff principal irrésistible ainsi qu’un refrain un peu fleur bleue mais objectivement très beau), l’album ne contient que de bonnes vraies grosses tueries. Pas « tuerie » dans le sens « Sulfateuse, Hache de bûcheron & Napalm » hein: « tuerie » dans le sens « Mélodies qui font décoller du sol & envolées magnifiques qui appuient sur la cage thoracique ». A ce titre les 4 premiers morceaux sont de véritable bombes – parmi lesquelles « The Price » et « Rewind » seront sans doute les favorites des setlists. Mais la suite est tout aussi sexy, qu’il s’agisse du plus martial « Triumphant », d’un « Within My Fence » étonnamment court et sans cesse sur la brèche, d’un « Red » qui finit en apothéose magnifique, j’en passe et des plus Rhââ Lovely.

 

Quand on creuse un peu pour essayer de comprendre ce qui nous titille à ce point au sein de la musique de Leprous, on constate vite quelques constantes remarquablement efficaces. D’abord l’effet contraste, quand sont mariées télégraphie guitaristique revêche et mélodies amples, sonorités synthétiques et chant « émo », froideur moderne et feu dans les tripes. Et puis des développements misant beaucoup sur le crescendo, le must consistant à partir d’un minimalisme larmoyant pour déboucher sur les grandes orgues, le champagne et le saut de l’ange depuis le haut de l'Olympe (cf. « The Flood », « Red »…). Pour attendrir le dedans de la cuirasse, la technique est d'une efficacité rare!

 

Mais trêve de balivesées et autres billevernes… Grandeur et délicatesse, mélodies célestes, refrains qui tapent direct' au niveau de la tripaille, arabesques modernes et ambiances majestueuses: tel est le menu de The Congregation. Du coup la conclusion sera facile – car traduisant tout bêtement la réalité des faits: mon Top 2015 se voit d’ores et déjà enrichi d’une nouvelle entrée de taille!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: mêlant dentelle melodjent, nappes de clavier envoutantes, refrains captivants, vrombissements sobrement électro, remuage de tripes intensif et génie créatif, le 4e album de Leprous va encore faire souiller du sous-vêtement au kilomètre chez les fans de prog moderne et viscéral (...ce dernier qualificatif étant sciemment utilisé pour contraster avec le « intellectuel » généralement associé au mot « progressif »).

photo de Cglaume
le 11/08/2015

2 COMMENTAIRES

le botch

le botch le 11/08/2015 à 19:10:19

Album de l'année !
Le meilleur de leur très belle discographie avec leur phénoménal "Bilateral"... Addictif, original, émotionnel, technique sans être trop démonstratif (quel batteur), homogène sans être trop parfait (quelques longueurs sur la faim), Leprous n'en finit plus de séduire avec sa recette unique et s'inscrit définitivement dans la cour des "très" grands. Total chef-d'oeuvre !!!!

Sam

Sam le 12/08/2015 à 22:57:19

Je suis resté sur "Coal" moi... j'arrive pas à accrocher pour l'instant

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