Machinae Supremacy - Redeemer

Chronique CD album (52:28)

chronique Machinae Supremacy - Redeemer

 

On m'avait prévenu. Je l'avais en effet lu ci et là. Dans la course à la surenchère ayant pour but de  mélanger notre bon vieux metal aux univers les plus farfelus qui soient, certains groupes n'avaient pas hésité à oser le mariage de la guitare velue et du Tchac Tchac Bzoïïïng des Space Invaders et autres Gryzor. Le Nitendocore qu’elle s'appelle cette sous-chapelle de l'église Metal. D’ailleurs je comptais aller m'y recueillir un de ces quatre. Sauf que finalement non: mes premières parties de Pac Man metal, c'est Machinae Supremacy qui les aura rendues possibles.

 

Originaire de Suède, le groupe avait tout pour se cantonner dans le classicisme de bon goût en vigueur dans ces contrées glacées. D'ailleurs ce deuxième album studio qu'est « Redeemer » conserve certains des attributs caractéristiques au folklore local, comme un mixage assuré par F. Nordström au Studio Fredman par exemple. Mais hormis ce détail, et en dehors d’un penchant marqué pour les mélodies pleines de petits zoziaux ainsi que d'un talent manifeste dans le maniement de la 6 cordes, le groupe évolue dans des sphères qui tranchent franchement avec les usages de leur scène nationale. Pour commencer, plutôt que d'avoir confié le micro à des cordes vocales qui shriekent ou growlent – 'fin qui évoquent le grizzly-garou au réveil quoi – Machinae Supremacy a préféré miser sur un chanteur heavy-rock au registre aigu et plaintif qui met à contribution autant son nez que sa gorge. Rebutant sur le papier, source de grimaces au premier abord, le chant de Gaz remporte finalement l'adhésion, celui-ci réussissant à faire passer quelque chose – une réelle émotion – à l'auditeur. Au final ce registre si particulier, allié à des morceaux tapant aussi bien dans le heavy pur et dur que dans le melodeath ou encore le hard bien rock, évoque un mélange du Amoral dernière mouture avec le panache d’un Gamma Ray. On passe donc de morceaux (rares) sans l’once d’un bout de metal extrême dedans (« I Know The Reaper ») à de grosses cavalcades poignée en coin à la mode Hell’s Angels from Sweden (en ouverture de « Elite »).

 

Mais l’autre élément distinguant nettement Machinae Supremacy de ses compatriotes – et justifiant l’intro de cette longue chronique –, c’est cette étiquette « SID Metal » que le groupe s’est auto-attribué, étiquette qui reflète un amour immodéré pour les sonorités caractéristiques des vieux jeux vidéo (de ceux qui tournaient sur Commodore 64, amis gamers de plus de 30 piges). C’est ainsi un bon morceau sur deux qui se retrouve ici agrémenté d’un glaçage « Atari freak », évoquant tour à tour une chasse aux bubble gums dans le labyrinthe de Pac Man (« Elite »), ou une périlleuse ascension d'échafaudages visant à sauver une improbable dulcinée des mains de Donkey Kong (« Seventeen »). Ça fait drôle la première fois pour tout vous dire … Et encore, sur « Redeemer » le groupe la joue soft, nos suédois ayant, par le passé, effectué des reprises de véritables musiques de jeux. 'y a des ces maboules j'vous jure…!

 

Mais là où le groupe est franchement le plus énervant, c’est qu’il accouche sans difficulté apparente de morceaux excellentissimes remportant l'adhésion à l’insu de notre plein gré, malgré des préjugés et une charte déontologique excluant théoriquement tout ce qui geint, dégouline, colle aux doigts et aimante l’ado boutonneux (d’ailleurs, nom de nom, c’est quoi cette citation tirée de Buffy dans le boîtier du CD?). Bon, pas de miracle non plus: de temps à autre le groupe se vautre dans le bas-côté. Prenez par exemple les deux derniers titres: ce blabla féminin, cette pseudo flûte de Pan … Non, honnêtement tout ça sonne vraiment too much, et c’est d’ailleurs ce qui freine mon enthousiasme et empêche l’album d’atteindre les vrais high scores (quand même, c’est nouille après une telle brouettée d’excellents titres de finir de façon si peu flamboyante …). Mais si l’on occulte ces approximations finales, bordel de nom d’un Tetris en fleur, comment ne pas se laisser suavement engluer par ces refrains magiques et fédérateurs, par ces leads qui font mouche, par cette débauche d’énergie positive, par ces crescendos émotionnels savamment orchestrés qui nous hypnotisent et nous voient finir la main sur le cœur, les yeux rivés au ciel, braillant les lignes de chant en support de Gaz? Comment ne pas finir envoûté par le grandiosissimement (si si) épique « Rise » – morceau larger than life par excellence –, ou par le festif et fonceur « Seventeen » – titre qui allie vélocité, entrain typique d’un Helloween, ambiance ultra gaming et bonne vieille mosh part des familles? Il faudrait encore citer l’excellent refrain de « Hate » ou le superbe « Ronin », m’enfin on n’en finirait plus…

 

Bref, nous voici une fois encore en présence d’un groupe qui, sur le papier, a tout pour rebuter, mais qui ne manquera pas de filer une manchette en traître dans votre « code de bonne conduite du métalleux » une fois que leurs mélodies aussi juteuses qu’addictives auront percé l’épaisse cuirasse de cérumen vous protégeant à la fois tympans et cerveau. Ce « Redeemer » est typiquement le genre de came que l’on a initialement du mal à s’avouer aimer, mais c'est l'album qui se retrouvera finalement tout désigné – aux côtés de la discographie de Mindless Self Indulgence – pour assurer l’ambiance sonore le jour de la célébration officielle de votre coming out (musical ou non):)

Allez: insert coins, get ready ... Shoot again! 

photo de Cglaume
le 03/11/2010

3 COMMENTAIRES

Ukhan Kizmiaz

Ukhan Kizmiaz le 03/11/2010 à 20:50:56

Moi, j'aime bien quand on parle de MINDLESS SELF INDULGENCE !!

cglaume

cglaume le 04/11/2010 à 00:06:00

Eh bien tu seras sans doute content d'apprendre qu'une chronique de "You'll Rebel to Anything" attend sagement en base son tour d'être publiée alors ... ;)

Ukhan Kizmiaz

Ukhan Kizmiaz le 05/11/2010 à 22:44:38

Chic chic OUUAAAIIIIS

hum hum

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