Naos - Unity In Diversity : Awakening

Chronique Maxi-cd / EP (27:45)

chronique Naos - Unity In Diversity : Awakening

Après m'être bien cramoisie les esgourdes avec l'hyper-violence des Nippons d'Endon – les vôtres aussi peut-être d'ailleurs ? – il fallait bien les laisser se reposer avec un peu plus de douceur et de volupté. Point de destination exotique cette fois-ci non plus car c'est en terre lyonnaise bien de chez nous que l'on va aller chercher notre sujet du jour, à savoir Naos. Trio mené de front par une délicate donzelle, c'est bel et bien dans le registre goth metal à chanteuse que l'on va s'évader. Bien que formé de longue date (2005) sous une incarnation fort différente qu'actuellement, ce n'est qu'en 2014 que Naos sort de son placard avec un premier vrai méfait long format sobrement intitulé Life. Un premier essai accueilli avec beaucoup de confidentialité mais visiblement loin d'avoir été mal vu par les graines de chroniqueurs s'étant penché sur son cas à l'époque. J'avoue personnellement être passée totalement à côté et si ce nouvel EP, Awakening, premier instigateur d'une trilogie nommée Unity In Diversity, m'a interpellée parmi toute la masse de demandes de chroniques qui jonchent ma boîte mail, c'est bien parce que j'ai vu le nom d'Asphodel (Chenille / ex-Pin-Up Went Down / ex-Penumbra) apparaître dans la description promotionnelle. Comme quoi, parfois, il ne suffit de pas grand-chose...

 

Bon, ok, j'avoue que j'ai quand même une certaine conscience et que j'ai prêté un oreille à Life avant de m'atteler à cette chronique, histoire de me rendre compte par moi-même de la marche d'évolution qu'il y a pu y avoir en trois ans. Et qu'on ait reconnu des qualités à Life à sa sortie au sein des webzines, je le comprends parfaitement : il s'agit d'une galette sympathique pourvue d'une aura charmante, quand bien même elle souffre d'un manque d'originalité tellement flagrant qu'on en viendrait à certains moments de se dire que tel riff rappelle terriblement telle chanson de tel groupe. D'où peut-être l'estime confidentielle qui me rappelle beaucoup le premier balbutiement de ses compatriotes lyonnais de Kells, Gaïa, une époque musicalement révolue où ces derniers s'imposaient comme une sympathique alternative d'Evanescence « à la Française » avant d'affirmer une identité plus personnelle par la suite.

 

De la même manière, Naos semble aujourd'hui motivé à revoir ses prétentions à la hausse avec Awakening. Certes, il ne s'agit pas d'un opus long format cette fois mais il faut reconnaître que s'attaquer à l'exercice du concept album s'étendant sur trois EPs peut se révéler complexe, voire carrément casse-gueule. Ajoutez à ça une meilleure production et le fait d'avoir mis à contribution Asphodel en tant que coach vocal pour sa frontwoman Kells avait d'ailleurs fait la même chose il y a quelques années – et la chaperonne de luxe des chœurs, il y a des signes qui ne trompent pas. A n'en point douter, l'investissement a été bénéfique. Awakening se débarrasse du côté « déjà entendu » qu'on pouvait ressentir sur Life. Certes, l'originalité n'est pas encore de mise ici mais Naos prend un bon chemin dans la mise en place d'une identité plus personnelle. Un point qui, mine de rien, n'est pas à donné à tout le monde, Xandria, professionnels du plagiat vide de substance injustement estimés, en tête.

 

N'attendez pas de Naos un lyrisme exacerbé et du symphonique grandiloquent car c'est dans un registre bien plus soft qu'il officie. Même si musicalement, la puissance n'est pas mise de côté, il est plus question du penchant le plus mélodique du metal à chanteuse ici. Constat d'autant plus intensifié par le timbre de voix de Marion, plus emprunt de pop que de lyrique telle une Sharon Del Adel (Within Temptation), voire de Cindy Lauper ou encore Kate Bush. Une Marion qui a su prendre les leçons de la vénérable Asphodel – dont la participation en tant que choriste se veut on ne peut plus reconnaissable – à parti tant elle se montre plus affirmée et percutante que par le passé et se débarrasse petit à petit par ailleurs de son accent franglais qui avait pu déranger sur Life. Tantôt atmosphérique (on pensera à du Tristania première période ou encore Sirenia), apposant quelques petites touches électro tel que peut le faire Amaranthe, la parcimonie en plus, se permettant même de partir carrément dans le progressif à la Headline (« United Mankind » et sa durée dépassant les dix minutes à lui tout seul), on peut dire que Naos sait s'appuyer sur divers aspects et à les entremêler de manière convaincante et moderne jusqu'à en obtenir une unité cohérente. Et charmante une fois encore. Awakening jouit de l'avantage de contenir ce petit quelque chose qui fait la différence même si elle est difficilement explicable. Une aura ? Un charisme ? Allez savoir mais cet EP contient assez de substantiel pour attirer attention et sympathie pour un auditeur acquis à la cause du style.

 

Malheureusement, ce n'est pas pour cela pour autant que l'on plongera dans la cause Naos en particulier. Car aussi sympathique et fraîche peut être sa musique, Awakening souffre d'un manque certain de variété. Non pas sur les éléments qui composent son identité mais plutôt sur son uniformité : Naos reste balisé sur la même ligne mélodique et même tempi sur pas moins de quatre morceaux sur cinq. Seule la ballade « Eternal Renewal », tout en délicatesse et piano dehors, nous fait sortir d'un certain carcan qui aurait pu se révéler davantage préjudiciable si cette galette s'inscrivait sur un long format. Peut-être que, pour le coup, Naos s'est laissé piégé par ses grandes ambitions de s'attaquer à un concept album tant il est tombé dans le guet-apens de l'homogénéité au lieu de rechercher à suivre une ligne aussi évolutive qu'harmonieuse. Malgré tout, n'allons pas cracher trop durement dans la soupe, si Awakening n'est au final pas parfait, il montre toutefois un groupe qui a du potentiel en réserve et qui pourrait peut-être bien nous surprendre dans le futur.

photo de Margoth
le 01/09/2017

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