Prophets Of Rage - Prophets Of Rage

Chronique CD album (39:22)

chronique Prophets Of Rage - Prophets Of Rage

Lecteur lambda, tout particulièrement mainstream qui se serait vu attiré par la réputation du sujet du jour, j'imagine un peu ce que tu dois te dire : « Putain, ils en ont de la chance ces chroniqueurs, ils reçoivent les skeuds avant la sortie officielle, y compris les plus gros trucs ! Y compris Prophets Of Rage ! Comment le staff a dû se batailler pour savoir qui allait la faire cette chronique ! ». Pour beaucoup d'autres feuilles de chou numériques qui nous servent de concurrence, il me plaît à penser que l'attribution finale a dû se faire après une lutte acharnée dans l'enceinte d'une arène de gladiateurs. Mais comme Core And Co n'est pas un 'zine comme les autres, il est amusant de constater que personne au sein du staff ne s'est vêtu de sa plus belle armure. Bien au contraire, c'était plutôt la foire aux gens qui n'en voulaient pas. Pas même notre Pidji en chef qui était ressorti déçu de la performance de Morello And Co au Hellfest. Étant donné que les bougres m'avaient vraiment convaincue en terre clissonnaise, il était tout désigné que j'étais sans doute la mieux placée pour la faire cette chronique. Ou comment vendre son âme au diable en quelques paragraphes afin de rameuter des clics supplémentaire. Et mettre ses fesses en avant afin de recevoir les coups de fourche que mes collègues me réservent dès lors qu'ils liront cette bafouille qui viendra polluer leurs petites sélections underground de niche. Mais rassure-toi lecteur, cela se fera en toute affection, avec vaseline et désinfectant anti-tétanos à la clé. C'est qu'on n'est pas non plus si sauvageons ici !

 

Pour ceux qui sortiraient de leur grotte, Prophets Of Rage, c'est ce supergroupe composé des ziqueux de Rage Against The Machine et DJ et chanteurs de Public Enemy et Cypress Hill. Bref, pour tous les amateurs de fusion et de Rap Metal, il faut admettre que ça laisse rêveur. Et de rêveurs, Prophets Of Rage en aura laissé derrière lui dans sa tournée de festoch' estivale, dont la setlist s'articulait principalement autour de reprises des classiques de RATM et quelques unes de Public Enemy et Cypress Hill ainsi qu'un hommage à Chris Cornell en bonus avec la réinterprétation d'un titre d'Audioslave. A peine avons-nous eu le droit à un « Unfuck The World », morceau inédit appuyant la promotion de ce tout premier album éponyme, attendu par beaucoup comme un véritable messie...

 

N'y allons pas par quatre chemins : il s'agit un peu du soufflé laissé dans le four trop longtemps qui retombe à plat dès lors qu'on daigne le sortir. Celui qui a laissé une odeur si alléchante dans la cuisine durant toute la cuisson qui déçoit par son visuel et sa texture et ce, même si le goût n'est pas mauvais. Contrairement à Audioslave où les ex-ziqueux de RATM n'avaient pas hésité à changer d'orientation musicale, ces derniers reviennent à leurs premiers amours et racines. Il n'y a pas à sourciller sur ce point : Prophets Of Rage, c'est du RATM pur jus où Public Enemy et Cypress Hill ne s'incrustent que par la présence de certains de leurs membres et non comme une véritable collaboration sur le plan artistique. C'est un fait qui réveillera sans mal la fibre nostalgique des fans, ne le cachons pas. Retrouver les solos scratchants et wah-wah-tisants, marque de fabrique de Tom Morello sur du metal fusion « comme au bon vieux temps » fait plaisir à entendre, on ne le cachera pas... Surtout lors des premières écoutes. Les suivantes laisseront un goût un peu plus amer en bouche : le recyclage est là, indubitablement. Parfois pour le meilleur avec des « Unfuck The World », « Hail To The Chief »ou encore le refrain de « Radical Eye ». Mais également pour le plus gênant avec du ressassage de plans trop entendus et réentendus tels l'intro « Strenght In Numbers » singeant beaucoup « Bulls On Parade », le groove de « Radical Eye » fera rappeler celui du refrain de « Bullet In The Head », « Who Owns Who » réutilisant carrément un riff de « Sleep Now In The Fire » ou encore la facilité de « Legalize Me » laissant une impression grisante dans les deux sens du terme (saoulant par tant de classicisme et excitant de par son efficacité malgré tout). Musicalement, on reste donc partagé de par de bons éléments qui sont développés tout le long du disque, donnant une impression de poursuite tardive du chemin de RATM là où les mecs l'avaient laissé et les plus discutables tendances à partir dans un simple recyclage pas forcément très inspiré.

 

L'autre point qui titillera sera sans doute la nouvelle forme d'identité vocale. S'il n'y a pas à sourciller que Chuck-D (Public Enemy) et B-Real (Cypress Hill) ont du talent dans leur registre et ont largement contribué à la reconnaissance de leurs groupes respectifs, ils ne peuvent pallier au manque de Zach De La Rocha, quel que soit l'opinion qu'on pouvait avoir de lui, notamment sur le côté nasillard de son timbre de voix. Car si Prophets Of Rage veut garder les mêmes bases que son groupe basique, il souhaite en garder son aspect vindicatif et engagé. Et c'est bien là que le bât blesse. Si les deux rappeurs se renvoient la balle de façon convaincante, il manque un aspect fort important : la hargne. Un comble lorsqu'on s'autoproclame prophètes de la rage – même si le patronyme renvoie directement à un titre de Public Enemy à la base – de manquer à ce point d'agressivité vocale, au point de donner une impression globale de mollesse. Un point d'ailleurs qui n'était pas aussi marqué sur les planches étrangement.

 

Honnêtement, voir le spectre de RATM apparaître fait plaisir à retrouver aujourd'hui. Par simple nostalgie. Mais également car il s'agit d'un symbole musical pro-militant d'une époque qui semble encore avoir tout à fait sa place en ces temps présents fort troublés. Malheureusement, si Prophets Of Rage convainc sur les planches, on ne peut pas en dire autant de sa galette éponyme. Simple excuse pour une nouvelle tournée ? Simple finalité bassement mercantile ? En tout cas, cet album est sorti bien vite depuis l'annonce de sa formation et sa tournée, peut-être trop vite. Un symbole de hargne qui se mût en prophètes pas si rageux. Déception...

photo de Margoth
le 19/09/2017

7 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 19/09/2017 à 11:27:19

cétémieuavan

Freaks

Freaks le 19/09/2017 à 12:28:25

Même un Chevènementiste a plus de crédibilité politique... Musicalement complètement d'accord, putain c'que s'est chiant :(

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 19/09/2017 à 14:58:24

Flop 2017 Top 1

papy_cyril

papy_cyril le 19/09/2017 à 21:22:50

T'as pas dit qu'un des 2 MC chante avec une pince à linge sur le nez !

Skrimsli

Skrimsli le 20/09/2017 à 13:24:50

Mou, insipide, presque anecdotique... Après les très bons retours de Suicidal Tendencies et Bodycount la frustration n'en est que plus grande!

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 20/09/2017 à 16:10:20

Après ST et Ice T, ça fait un peu clodo oui. Un album de faignasses.

Tookie

Tookie le 26/09/2017 à 11:20:22

Le bon gros pétard mouillé...mais, perso, je le sentais venir. Ça ne prend pas, c'est une reformation de RATM par défaut, et ça se sent. C'est d'autant plus triste que ces mecs qui ont bientôt 50 ans, en sont encore à faire des morceaux comme "Legalize me". Sérieux, les mecs sont encore bloqués sur ce genre de truc ? C'est chiant à crever musicalement et creux intellectuellement. Des moments sympas, parfois, pas souvent, pas assez.

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