Scar Symmetry - Holographic Universe

Chronique CD album (58:35)

chronique Scar Symmetry - Holographic Universe

Gargl! Alors que certains ont bien failli mourir un bretzel planté en travers de la gorge, c’est étouffées par un trop plein de chamallow musical que ma patience et mes oreilles ont presque dû se voir contraindre d’abandonner la partie. Pourtant elles en ont entendu des sucreries à rendre diabétique la plus anorexique des gothiques de 15 ans! Fans de Into Eternity, honteusement enthousiastes à l’écoute de Blood Stain Child, déçues – puis finalement convaincues par le dernier Amoral, sceptiques – mais pas non plus complètement hostiles au « Flies & Lies » de Raintime, celles-ci me semblaient à l’épreuve du gras et du sucré, armées comme un pilote d'essai de Kouing Aman, capables de prélever la substantifique moelle d’un album là où le métalleux se laisse habituellement sombrer sous les lipides.

 

Oui mais en fait non. Il faut dire que Scar Symmetry a placé la barre très haut avec « Holographic Universe », le groupe déversant des flots de guimauve metal avec le systématisme, la crédibilité et la capacité de nuisance d’un Mac Donald essayant de convertir les masses texanes à la Grande Cuisine à coups de cheeseburgers au pigeonneau truffé arrosés de ketchup. On se prend donc en pleine poire un cocktail hyper pro et carré de sous Into Eternity imbibé de mélodeath moderne à forts relents pop, le tout blindé par une prod’ irréprochable et une technique au poil. Ah ça, quand la grosse machine Nuclear Blast assure les arrières, vous pouvez être sûrs que l’emballage est rutilant, même si le paquet cadeau ne contient en fait rien d’autre qu’une vieille paire de chaussettes puant la mort.

 

Parce que le problème de Scar Symmetry est bien là: si l’interprétation est irréprochable, le vide absolu, le manque d’âme et d’originalité atteignent ici des proportions cosmiques. Il nous est ainsi servi à l’envie toutes les grosses ficelles melodeath les plus réchauffées: des mélodies de grattes dégoulinant de bons sentiments, des rythmiques mid tempo maintes fois éprouvées par les Arch Enemy et consorts, des refrains en chant clair niais à en crever, des apothéoses émotionnelles de supermarché portées par des soli rock-bluesy d’une lead qui fait son maximum pour vous tirer la ch’tite larme du coin de l’œil, des alliances grattes/clavier sentant bon le déjà vu Amorphis of Bodomien, des breaks tous mignons où le guerrier meurtri pose un genou à terre et reprend sa respiration … J’en passe et des pires, le tout étant packagé de façon à faire un carton maximum dans l’un de ces univers parallèles où la pop-metal extrême aurait droit de cité sur les ondes hertziennes et les chaînes grand public. Et que dire de ce chant clair typé hard FM sucré employé à outrance, à tel point qu'un « Timewave Zero » ou un « Ghost Prototype I » en deviennent les prototypes effrayants d’un death-Bon Jovi-metal qu’on espère voire demeurer au stade expérimental? C’est écoeurant je vous dis, d’autant que les touches timides de growl laissées ci et là semblent clairement posées de façon complètement artificielle, histoire de se donner une constance face à un public qui exige tout de même une dose minimum de velu dans sa soupe metal. Beuark …

 

Ma conscience professionnelle – si si – m’aura toutefois poussé à m’immerger une bonne tripotée de fois dans ce sirop métallique afin de vérifier si, entre les haut-le-cœur et les projections épaisses d’un slime rose et poisseux, il n’y aurait pas de quoi nous chatouiller un poil les centres du plaisir. Bon, il y a bien ces soli qui font montre d’une technique appréciable, même si celle-ci est rarement utilisée à bon escient, les plans neuneus laissant plus souvent place à des logorrhées démonstratives et vaines qu’à un tir expert de sniper-soliste. Il y a aussi ces clins d’œil sympathiques à un mutant Halfordo-Townsendien qui monte dans les aigus sur « Quantumleaper » ou « The Missing Coordinates ». Il y a de presque bonnes imitations de Into Eternity sur « The Missing Coordinates » ou « Fear Catalyst ». Et puis il y a quand même « Prism and Gate » qui se révèle être un morceau véritablement efficace et accrocheur, tout comme la longue pièce éponyme qui réussit l’exploit de ne quasiment pas faire de faux pas sur la distance (plus de 9 minutes quand même!).

 

Sans aucune culture métallique ni aucun recul, il y a donc sans doute moyen de réellement apprécier cet album, celui-ci étant luisant, poli et lustré comme un ministre en fonction invité chez Drucker, avec par conséquent tout ce qu’il faut pour faire joli sur la commode du salon. Mais il restera très difficile d’adhérer totalement aux occasionnels accès de « rage » death metal, tant ceux-ci sonnent forcés et sans conviction – un peu comme un candidat d’origine marocaine en 57e position sur la liste du MNR aux élections municipales du coin. Le fond de cet album, c’est en fait un hard rock gentillet artificiellement gonflé aux hormones, le tout enfoui tout au fond d’un emballage Scandinavian melo-truc-qui-pête-metal pas franchement bien dimensionné. Il en résulte un opus hyper calorique, hyper cliché et typique de la culture metal d’hypermarché.

 

Oui, je sais, cette chro est un peu méchante (et carrément longue!!), mais tout ça est tellement gentillet, aseptisé et gavé de Botox qu’il vous vient comme ça des poussées incontrôlables d’une haine tout ce qu’il y a de plus acide … Un peu comme cela fait aux brutasses homophobes qui se mettent à jouer du poing pour refouler une homosexualité latente derrière un bouclier de violence … ‘tain ça voudrait pas dire que j’aime cet album au plus profond de mon inconscient au moins? Sigmund, au secours!!!!

photo de Cglaume
le 15/09/2010

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