Slave One - An Abstract and Metaphysical Approach to Deceit

Chronique CD album (24:21)

chronique Slave One - An Abstract and Metaphysical Approach to Deceit

Si vous fermez les yeux pour vous remémorer le Disclosed Dioptric Principles dont on vous causait pas plus tard que l’année dernière, il y a des chances que vous vous retrouviez avec, en bouche, un suave goût de Technodeath relevé de petites touches audacieuses – un soupçon d’épices World par-ci, un zest d’ambiances spatiales par là. Slave One jouait alors des coudes au milieu de ses collègues étiquetés « Tech » pour – nous semblait-il alors – se faire une place aux premiers rangs dans la classe des petits génies de la guitare à 15 doigts et du plan jazzy qui fait béer des mandibules.

 

Revenir en 2017, ça semblait donc un peu court pour concocter une nouvelle pelote de riffs aussi moelleuse que complexe à démêler. Sauf que An Abstract and Metaphysical Approach to Deceit est un EP n’offrant que 4 titres à la perspicacité de notre réseau neur-auriculaire: les Montargois (oui, c’est comme ça qu’on dit, si si) n’abusent donc ni ne tirent trop violemment sur la corde de l’inspiration, d’autant que seuls 2 de ces titres sont vraiment nouveaux. Car « Uroboric » est en fait la remise au goût du jour d’un titre qui figurait déjà sur l’autre EP, Cold Obscurantist Light, sorti en 2012. Ne connaissant pas l’original, je ne me lancerai pas dans une comparaison des 2 versions, mais ce qu’il faut en retenir c’est que ce titre est celui qui est le plus typé Technodeath de la galette, le petit break planant plein de basse et les twins Gorodiennes en pointillés de la 2e moitié ne laissant aucun doute quant aux accointances de nos amis (d’ailleurs, « Uroboric »… Un clin d’œil au « Uroboric Forms » de Cynic peut-être?). En bref: une belle pièce de viande rouge cuite avec la précision d’un contrôleur d’horloge atomique. De son côté « Blessings upon the Throne of Tyranny » est une reprise de Dimmu Borgir qui endeathise délicieusement son modèle, notamment en adoptant des growls et en calmant un peu les ardeurs du clavier. Quoique sur ce dernier point il faille nuancer le propos, les grosses nappes symphonico-emphatiques d'origine ayant laissé la place à un synthé à gros néons modernes pas super raccord avec la noirceur ambiante…

 

Mais il serait peut-être temps de se focaliser sur le véritable cœur de l’EP que sont les 2 compos nouvelles. Quand déboule « Tunguska », ce n’est ni à Gorod, ni à Death ou à Cynic que l’on pense, mais plutôt à une bande de barbares Brutal Death à la lame affutée et la large encolure, quelque part entre Kronos et les fougueux étalons de l’école polonaise. Quoique cette description occulte un côté plus ténébreux, plus charbonneux, à la Immolation presque, si l’on pousse un peu le bouchon, notamment sur « Through Illuminated Void and Meditative Resonance ». Mais pour rester dans la logique des sonorités polonaises et prendre en compte l’aspect technique de la chose, l’évocation de Morbid Angel semble plus appropriée encore (je n’ai pas dit que M.A. est polonais hein, juste que l’école en question s’est illustrée par son admiration pour la bande à Trey A.). Ce qui marque en tous cas, c’est que l'accent est plus que jamais mis sur la noirceur et la brutalité. Ce qui n’empêche pas nos amis de rester cohérents avec leur passé, notamment en concédant un petit break à la cithare en début de 2nd tiers-temps.

 

En clair: la réorientation légère de Slave One vers un univers plus tumultueux et plus sombrement brutal séduit très rapidement, l’écriture du groupe étant plus affutée que jamais. Ce léger glissement passe d’autant mieux sur ce format court, juxtaposé à l’excellent « Uroboric » et à la très bonne reprise de Dimmu. Du coup le titre de l’EP semble tomber un peu à côté de la plaque, car il ne s’agit là ni de tromperie, ni d’une approche abstraite: c’est très concrètement et sans blablah ésotérique que le groupe nous balance 25 minutes de Death racé qui ne pourra être pris pour une supercherie que par d’éventuels fans frigides des Borgir Kings.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: 4 titres, dont la réactualisation d’un vieux morceau et une cover de Dimmu Borgir, c’est le vecteur musical qui suffit à Slave One pour nous faire adhérer à sa nouvelle approche du Death Technique, plus brutale, plus ténébreuse, plus tumultueuse, mais pas moins séduisante.

photo de Cglaume
le 20/11/2017

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