Slave One - Omega Disciples

Chronique CD album (38:05)

chronique Slave One - Omega Disciples

« For fans of Cynic, Pestilence, Gorod ». C'est ainsi que la vitrine promotionnelle montée pour Omega Disciples tente d'attirer l’œil du passant pressé qui ne connaîtrait pas encore le groupe. Sauf que cette séduisante accroche était plus justifiée du temps de Disclosed Dioptric Principles, quand le logo de la formation était tout en rondeurs et en tranchants dorés évoquant l'orient plein d'aventures de Sinbad le Marin et Prince of Persia. Elle était plus justifiée, donc, du temps de Slave One. Mais avec Omega Disciples on est désormais passé à Slave Two (rires enregistrés). Et comme l'EP An Abstract and Metaphysical Approach to Deceit nous l'avait laissé entendre, les leads flamboyantes des début se sont assombries, ternies même, pour se tourner du côté obscur de la Force, et adopter un langage plus bourru, plus retors, plus dissonant, qui délaisse le satin du Tech Death bien peigné pour le papier carbone d'Immolation, Gorguts, et parfois Nile. D'où ce nouveau logo ésotérico-hostile qui, si le précédent était plutôt du genre coussins accueillants, est quant à lui plutôt planche à clous hérissée de piquants.

 

Mais je commence cette chronique comme si tout le monde connaissait déjà les Esclaves #1 français, postulat qui a peu de chance d'être raccord avec la réalité. Rappel, donc, pour ceux qui auraient loupé la première saison: Slave One est un groupe de Montargis mené par Nicolas et Sébastien Salin, respectivement guitariste et batteur, dont l'histoire a démarré au son d'un Death technique moucheté de riches ambiances world-mystico-spatiales, mais qui, sur son 2e album, se transforme en une entité plus noire, plus inquiétante, plus vicieuse. A un point tel que – bien que le niveau de maîtrise instrumentale n'ait pas véritablement baissé – on n'a plus aussi naturellement tendance à préfixer sa musique du chapeau « Tech- ». Est-ce l'influence du nouveau bassiste (Jean Taraud) et/ou du nouveau chanteur (Tarvos Brádach)? Cela semble peu probable tant le groupe semble être la chose des frangins Salin. Sans doute est-ce juste l'envie d'essayer des expériences plus « sales » – en vieillissant, cela permet parfois d'entretenir l'excitation (« Evolution stylistique & vie sexuelle en milieu extrême métallique », par Lapin Freud, aux Éditions Camion Rose). Toujours utile que le ciel de Montargis s'est passablement obscurci en 4 ans. Et que le fan de Cynic, avec son Master en Metal Progressif et sa chemise bien repassée, risque de ne pas forcément s'y retrouver.

 

Que le Slave One cuvée 2020 pratique plus souvent le croc-en-jambe et le riffing Spontex, soit. Personnellement c'est moins ma came, mais après tout, dans un registre plus si éloigné que ça j'aime beaucoup Solekhan. Et comme on dit il faut de tout pour plaire à Raymonde. Que les guitares twins se soient muées de généreux rossignols printaniers en sombres corbeaux moins prolixes, c'est raccord avec le virage artistique. Par contre s'il est un domaine où le groupe pourrait faire mieux, c'est bien le chant. A l'occasion de la chronique de Disclosed Dioptric Principles je regrettais déjà la monotonie du champ monocorde de Julien, mais avec Tarvos cela ne s'est pas franchement arrangé! Alors certes ça bouge quand même derrière le micro, car parfois ça spokenwordze, et à d'autres moments ça s'insurge dans un registre plus acide. Par ailleurs un peu de place a été faite à 2 invités, Warchangel de Ritualization et Laurent Chambe, ex-Nephren-Ka. Mais globalement le growl ici pratiqué est terne et plat, ce qui n'aide pas à apprécier la nouvelle orientation du groupe d'un œil plus clément. On se rend tout particulièrement compte de cette faiblesse sur « Ce que dit la bouche de l'ombre » qui, bien que tout aussi retors que ses camarades, a l'avantage d'être instrumental (du coup la bouche de l'ombre est bien muette), et respire mieux.

 

Mais je grommelle, je rouspète, et j'en oublierais presque de préciser que, bien sûr, vu le niveau des loustics, ce nouvel album nous réserve toujours de vrais grands moments. L'élégance du début de « Dissident Flesh » par exemple (Ah le moelleux de cette basse!) renoue agréablement avec la Cynicophilie. « Carbon Mantra » quant à lui, après une première minute relativement classique, propose un succulent crescendo, retrouve des accents Gorodiens, passe en revue les légions de Nile, avant d'entreprendre, à partir de 3:14, une superbe ascension victorieuse. Par contre, à l'opposé, le presque-morceau-titre « Les disciples de l'Omega », bien qu'efficace, n'a rien de spécialement ébouriffant, alors que l'on comptait sur lui pour jouer les VRP de luxe et nous réconcilier avec la nouvelle orientation du groupe. Et ceci de confirmer finalement notre relative déception...

 

Échardes et charbon, le deuxième album de Slave One mène donc la vie dur à l'amateur de Tech Death, celui-ci n'aimant pas forcément traîner pendant des heures ses sabots dans les noires mines de la Moria pour y dénicher quelques petits joyaux que le manque de soleil empêche de pleinement briller. Bref, même si l’œuvre est ambitieuse et respectable, on préférait l'Alpha Disclosed Dioptric Principles à cet Omega Disciples.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: sur son 2e album, Slave One change tout. Le line-up, le logo et l'orientation stylistique. Si son Death reste technique, il devient plus brut, plus noir, plus houleux, plus torturé. Moins Gorod et plus Gorguts. Moins Cynic et plus Immolation. Et du coup, pour nous, moins folichon.

 

 

 

 

photo de Cglaume
le 20/02/2020

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