Trapped In Freedom - Welsh Ma Gueule

Chronique Maxi-cd / EP (34:22)

chronique Trapped In Freedom - Welsh Ma Gueule

D’abord Six Frites Under, il y a 6 ans de cela. Et aujourd’hui Welsh Ma Gueule. J’en entends déjà dire que, si l’on s’en tient aux titres et aux pochettes des 2 EP des Lillois de Trapped in Freedom, l’humour est décidément aussi gras que la bouffe, dans le Nord. Sauf que ces loustics-là ne s’agitent pas derrière le comptoir du Syndicat d’Initiatives de Béthune-les-Bains, mais dans un studio plein d’instruments qui font Shebam-Pow-Blop-Wizz. Et que – bien qu’ils persistent et signent dans la voie de l’enseigne ultra-vomitesque – l’habit ne fait pas forcément l’os à moelle. Parce que la grosse demi-heure de musique que nous réservent ces six nouveaux titres tient plus de la bonne Fusion funky à large spectre que du Carambar Prout Metal de cour de récréation.

 

Fort de cette nonchalance groovy qui nous avait séduits à l'époque de l’EP précédent, le groupe a mis à profit sa longue période de mutisme pour affûter ses compositions, élargir ses horizons, muscler sa production, sans toutefois renier ce qui nous les avait précédemment rendus sympathiques. Ce supplément de maturité l’a conduit à allonger un peu la durée moyenne de ses morceaux, pas pour se la jouer cérébral’n’prog, mais pour y faire entrer plus d’informations, sans pour autant faire chauffer la zappette de manière compulsive comme cela peut arriver chez certains confrères de la sphère Nawak Metal – genre avec lequel il a d’évidentes affinités, bien que sa tambouille soit plus décontractée et laisse plus d’espace entre les différents styles explorés. Chacun des morceaux nouveaux propose ici un voyage fait de tableaux successifs où défilent musiques du soleil, Metal extrême, doigts qui claquent et trouvailles inspirées. Au programme de « Entertain My Poeple » par exemple, on part sur un riff de Nirvana déprimé pour se laisse porter au-dessus des canyons d’un Stoner aride, avant de bifurquer chez F.F.F., de glisser sur le déhanché funky et cuivré des Cool Cavemen, et finalement de jubiler au comble du Groove’n’Growl dans les environs du Voodoo Moonshine de Trepalium.

 

Quelle mise en jambe mes enfants!

 

Et ce premier but en pleine lucarne n'a rien d’un coup de bol dû à un alignement favorable des planètes. Car « Benio Bourricone » enchaîne tout aussi fort en entremêlant Cowboy Country (… Nawak, qu’on dirait du Ufych, voire le « Buffalophil » des Cool Cavemen), Ska à la Madness (sur lequel atterrit un grunt doublé de chant aigu), bon gros Metal, chœurs de l’Armée (à gros nez) rouge, tout ça pour finir sur les lalalalala joviaux d’une fin de banquet sentant fort le Patrick Sebastien Metal.

 

... Oui mais non, je vous vois venir: c’est drôlement bien quand même!

 

La suite reste à l’avenant, même si le plus long et plus purement Funk/Blues/Metal « Pink Pills » (c’est « pur » ça?) semble un peu moins focalisé, et si le plus féroce « Pumpkins » se la joue longuement retors avant d’enfin lâcher la purée sur un superbe final où se suivent incantations chamaniques, bourrée auvergnate (ou assimilé), et enfin Punk Metal apache (non non, pas iroquois). Dès « Cold Cat » le groupe revient très fort sur un Jazz Metal qui fait swinguer Bibop à Loula, puit fait escale à Cuba, à Cordoue, puis à Oslo la blackmetalleuse. Mais oui. Ce qui offre une occasion rêvée de sortir le vocodeur, puis de proposer l’un des meilleurs passages que Skindred ait composé depuis longtemps (à 5:22). Toi tu finirais sur quoi, arrivé là? Eux optent pour un court crachat Death/Thrash aboutissant à un épisode Jazz Manouche rafraichissant. Et je vous jure – croix de bois, Gaston Defferre – que tout ça s’enchaîne sans artifices, avec une évidence et un impact incroyables. Alors c’est vrai, il reste encore une piste, et donc largement la place pour du Rock indé vaguement hippie, des accès Pattoniens, une louchée de Reggae tranquillou et le strass d’un vaste Rock hollywoodien. Mais on n’est plus à ça près pour vous convaincre, pas vrai?

 

Alors par pitié, ne vous fiez pas à ce titre et à cette pochette qui sentent un peu trop fort la blagounette pour tremplin Rock local: ce nouvel EP de Trapped in Freedom vaut bien plus que ça. Et même s’il est vrai que le groupe parsème ses 6 morceaux de petites zouaveries de-ci de-là, ce n’est jamais violemment lourdingue et cela n’entache en rien la finesse et la force de nouvelles compos qui devraient convaincre bien plus largement que l’EP précédent.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: plus loin, plus haut, plus fort que Six Frites Under. Six ans après l'EP précédent, Welsh Ma Gueule prouve que Trapped in Freedom – malgré des pochettes et des titres « à dimension locale » – peut avoir des prétentions bien plus grandes que ce que sa vitrine pourrait laisser présager. Les 6 nouveaux titres brassent plus large et bien plus profond, mêlant la Fusion funky qui lui sert de fondations à bien d’autres registres – Blues, Jazz, Metal extrême, Ska, Country, Stoner… – pour un résultat bluffant qui plaira aux fans de F.F.F., des Cool Cavemen et bieeeeeeeeen au-delà!

 

 

 

 

photo de Cglaume
le 31/10/2019

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