Body Count - Merciless

Chronique CD album (41:21)

chronique Body Count - Merciless

Avant de rentrer dans le vif du sujet et de procéder au décompte effectif des corps figurant au tableau de chasse 2024 de la maison BC, je vous propose quelques éléments de contexte :

 

1) Depuis qu’ils sont remontés sur le ring avec Manslaughter, il y a 10 ans de cela, Ice T et ses boys ont enchaîné méchants crochets et uppercuts létaux dans les oreilles d’auditeurs joyeusement incrédules. Bloodlust, tout particulièrement, s’est avéré être un sommet de violence et d’efficacité – mais le plus récent Carnivore n’a pas démérité, loin de là, malgré un festival un peu trop foutraque de covers et de featurings.

--> Bref, si l’on s’en tient à son bilan discographique « récent », Body Count s’agite pas loin du sommet de la chaîne alimentaire [Rap] Metal

 

2) Conséquence logique de ce retour en grande pompe : ces dernières années on nous a servi du thé tout-vénère-tout-gangsta-tout-glacé à foison sur les grandes scènes estivales. Pas moins de trois fois, rien qu’au Hellfest. Une première fois, vraiment trippante, en 2015 – il faut dire que c’était la première du Lapin, et que l’excitation était donc à son comble. Une seconde fois en 2018, un peu décevante, la rage n’étant plus vraiment au rendez-vous, à l’inverse de quelques automatismes tiédasses sans doute dus à une certaine routine et à des loges un peu trop VIP. Et rebelote en 2024, cette dernière prestation confirmant qu’un show de Body Count ressemble dorénavant plus à un épisode de The Osbournes qu’à une projection de Boyz n the Hood. Les bons morceaux continuent certes de matraquer sévère, mais le cirque sur, et autour de la scène a tendance à ternir un peu le tableau…

--> Bref, si l’on s’en tient à son bilan scénique « récent », Body Count a de quoi faire grincer de plus en plus méchamment les dents

 

Les dernières traces laissées par Ice T sur ma matière grise remontant à l’été clissonnais dernier, je dois avouer que j’anticipais inconsciemment un déclin pour ce 8e chapitre de la Madafacka’ Saga. J’étais même prêt à parier de la thune dessus, c’est dire !

 

... J’aurais difficilement pu me tromper plus.

 

Car bordel de nom d’une fuckin’ bullet in yar madafackin’ head, Merciless défonce ! Plus gros, plus méchant, plus lourd : le Body Count 2024 tape dur et fort !

 

Mais commençons par expliquer pourquoi celui-ci ne grimpera pas plus haut que le sommet Bloodlust. Premier point qui pèche : ce côté caricatural, prêchi-prêcha, « Yo, Papy-Ice T-t’explique-le-monde-en-trois-monosyllabes-irréfutables. Par contre fais pas chier, dude : j’ai mon gun, alors fuck off Mozafeukah ». OK, rien de nouveau sous le soleil… Mais la chose pèse plus lourdement que jamais, Ice devant sans doute penser que, du haut de son grand âge, ce qu’il dit mérite d’être martelé plus fort et plus ostensiblement vu que c’est à présent la sagesse des anciens qui coule depuis sa bouche... Bitch !

Mouais...

Autre aspect un peu énervant de ce Merciless nouveau : quasiment la moitié des titres accueillent un invité – qu’il s’agisse de Gorges Fisher (Cannibal Corpse), Howard Jones (Killswitch Engage), Joe Bad (Fit for An Autopsy), Max Cavalera (Soulfly) et… David Gilmour (Pink Floyd !!! On y reviendra). Or ces collaborations ne sont pas toujours pour le meilleur, du moins c’est ce que me disent mes oreilles sur le refrain de « Live Forever », qui tombe comme un cheveu « pink Metalcore » sur la soupe au Hip-Hop vénère.

Dernier chapitre du recueil des doléances : en plus de refrains souvent assez pauvres (cf. « The Purge », « Lying MF »…) et de tout un tas de gimmicks éculés-mais-qu’on-attend-comme-le-chien-de-Pavlov-ses-croquettes, on regrette une fin d’album en-deçà du reste. Car « World War » traîne trop lourdement des pieds et se contente d’ânonner son titre sur le même mode que « Bord Dead » 30 ans avant lui. Même chose avec « Mic Contract », qui balance quant à lui un lointain jumeau du riff de « BC is in da House », tout en ne faisait pas grand-chose d’autre que d’alterner pendant presque quatre minutes entre deux plans quasi-identiques, l’un plus axé sur la basse que l’autre, et pis-c’est-tout.

 

Il y a foule au bureau des réclamations, semble-t-il…

 

Et pourtant, bordel, cette puissance, cet impact : on en redemande ! Mettez cela sur le compte de la prod’, de la patate, des riffs, ou plus vraisemblablement de tout cela à la fois… Parfois on a beau constituer mentalement une longue liste de raisons de dire NON, on ne peut empêcher nos hormones de hurler OUI !!! Et c’est clairement ce qui se passe ici.

 

Allez, rapidement : les raisons les plus évidentes de ce OUI !!! « Interrogation Interlude », Nième séance revancharde (sur les 1er et 3e albums c’était les flics et les journalistes qui morflaient), est l’archétype rare de l’intro utile, musclée et immersive, qui fait plus que parfaitement le taf. « The Purge » voit les guitares dériver non loin de l’univers du Death Metal, histoire de ne pas trop désorienter Mr Corpsegrinder sans doute, et ça le fait ! « Psychopath » est une pure tuerie – dans tous les sens du terme – qui abat son gourdin à un rythme infernal sans pour autant laisser de côté l’ambiance craignos qui sied au thème abordé. Le basse et le chaloupé de « Fuck What You Heard » remettrait un tétraplégique sur pied, tout en réussissant sans mal à convaincre vos potes de la té-ci. Malgré son refrain très contestable, « Live Forever » aligne un riff de malade, très typé Death/Thrash scandinave, à la Hatesphere / Impious. « Drug Lord » tape dans un Power/Thrash urbain s'avérant teigneux comme un pou, clairement Punk, bref taillé sur mesure pour le featuring de Maxou Cavalejusqu’où. Quant au lifting subi par « Comfortably Numb », le classique du Floyd, c’est difficile à croire au premier abord, mais il transfigure complètement l'original, et ceci pour le meilleur – tel un petit-frère respectueux de son aîné, qui lui ressemblerait tout en possédant indéniablement sa propre force, son propre magnétisme.

 

Putain de réussite, donc.

Alors certes, peu de chance que je retourne applaudir Ice T depuis la fosse – ses vidéos suffiront à combler une éventuelle soif d’images. Mais tant qu'il continuera de titiller aussi expertement nos oreilles, je ne vois aucune raison de bouder ses albums...

Body Count’s still dans la place, les copains !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : il y a certes de plus en plus de raisons de critiquer les prestations scéniques d’Ice T et ses buddies (… count). Mais à l’écoute de Merciless, 8e pavé discographique en 32 ans, on ne voit pas trop comment on pourrait avoir la plume acerbe à l'encontre de sa production discographique. Car ce nouveau millésime est énorme, méchant, explosif, et qui plus est gavé de tubes et de riffs coups-de-poing-américains… Ainsi que de featurings prestigieux (mais ça, ce n’est pas forcément un gage de qualité). Body Count pousse même le bouchon jusqu’à donner un petit-frère bougrement séduisant au « Comfortably Numb » de Pink Floyd. On s’en doutait, mais là c’est manifeste : la retraite de Papy Ice T, ce n’est pas pour demain !

photo de Cglaume
le 31/12/2024

6 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 31/12/2024 à 11:53:40

Long, avec du remplissage, une prod à la ramasse et 5 titres de bons dedans. Bref : déception.

cglaume

cglaume le 31/12/2024 à 12:22:39

Certes pas parfait, mais méchant et laissant un gros impact. Il tapait trop dur pour que je ne finisse pas par baisser ma garde 🙂

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 31/12/2024 à 22:12:43

L'album s'éparpille et manque donc d'impact. Après un Bloodlust parfait, un Carnivore méchant, c'est faible pour du BC. Comparable à un Born Dead, inégal. Toujours mieux que Lana de La Raie ou Pestilence Organique dans d'autres genres, certes. 

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 01/01/2025 à 20:15:18

Merciless, Psychopath, Do Or Die, le monstrueusement violent DRUG LORDS, et Mic Contract sont quand-même super bonnards.

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 01/01/2025 à 20:21:10

"Et pourtant, bordel, cette puissance, cet impact : on en redemande ! Mettez cela sur le compte de la prod’, de la patate, des riffs, ou plus vraisemblablement de tout cela à la fois… Parfois on a beau constituer mentalement une longue liste de raisons de dire NON, on ne peut empêcher nos hormones de hurler OUI !!! Et c’est clairement ce qui se passe ici." Allez, c'est bon t'as gagné.

cglaume

cglaume le 01/01/2025 à 23:02:58

😉

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