Umbah - Enter the Dagobah Core
Chronique CD album (53:44)

- Style
Death / Indus / Electro bien barré - Label(s)
I, Voidhanger Records - Sortie
2012 - écouter via bandcamp
Enter The Dagobah Core? Vous voulez dire que le groupe est tellement dingue de Dagoba qu’il veut emmener ses fans au cœur de la musique du groupe marseillais? C’est une joke c’est ça? Marcel Béliveau est bien mort pourtant, pas vrai? Oui mais non: Google nous rappelle que Dagobah (le H crénom, le H!) est cette planète ayant de faux airs de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes sur laquelle Yoda s’était planqué après avoir oublié de payer sa note à la fin d’une longue nuit de débauche au Macumba de l’Etoile Noire. D’où les ambiances stellaires, les cliquetis de vieux robots rouillés et les rugissements de moteurs thermonucléaires au moment de repasser la 3e en milieu de côte.
Car oui, Umbah pratique un mélange étrange-mais-sexy de Metal extrême (Death plutôt) et d’Indus électroïfié ayant pour toile de fond les voyages à vitesse supraluminique et les parties de mikado-laser. « Etrange-mais-sexy » parce que l’on sent que Cal Scott – le monsieur qui fait tout ça tout seul ou presque – n’en fait qu’à sa tête, et qu’en conséquence on a tout à fait le droit de coller un « expérimental » ou un « avant-garde » dans la description du style pratiqué. « Etrange-mais-sexy » parce que ces 53 minutes proposent plus d’un moment où l’auditeur laisse échapper des ouh-YEAH! appréciateurs.
Mais avant de vous lire le mode d’emploi de la chose, laissons la place à un rapide petit paragraphe « contexte ». Pour vous apprendre qu’Enter The Dagobah Core est le 13e album d’une formation qui en a quand même sorti 37 en 23 ans (vous avez bien lu)! Dont 15 lors des 30 derniers mois!! (Vous permettrez du coup que je mette deux points d’exclamation plutôt qu’un seul). Vous nous excuserez de ne pas avoir couvert l’ensemble de la discographie du groupe, mais nous ne sommes qu’une poignée à écrire régulièrement sur cet auguste site – pas en effectifs suffisants, donc. D’autant que Carl n’officie pas que dans Umbah: pour être exhaustif il faudrait également parler des 4 albums de Jaar of Nezborlan, groupe dont il est également la tête pensante, et dont nous avions décortiqué l’Orcazoid Invasion (Disk I) ici-même.
Tiens, c’est une bonne transition d’ailleurs: autant on avait trouvé l’album de Jaar of Nezborlan précédemment évoqué franchement (trop?) foutraque et bordélique, autant Enter The Dagobah Core sait beaucoup mieux gérer ses effusions, Umbah réussissant à canaliser sa créativité débordante pour créer un univers aussi cohérent que séduisant. Cette BAR apocalyptique, ces riffs lourds et bourdonnants, ces protestations désincarnées, ces bzoïng-bzoïngs cosmiques, ces leads zarbi, ces beats dansants cohabitent en parfaite intelligence, et réussissent même, dans les moments les plus LaClasseàDallas, tantôt à faire remuer nos guiboles en rythme, tantôt à nous faire trembler de suspense dans l’attente du prochain rebondissement mélodico-narratif de cette fresque de SF épique. Petit florilège, pioché de-ci de-là, pour vous faire un joli bouquet:
- après une grosse déflagration de cyber-black déshumanisé, « Temple Bar » part dans un trip Indus-Goth hyper accrocheur, lui-même violemment interrompu par un break de Dub électroïde laissant la place à une chorale évoluant à la limite du Hip-Hop mutant. Et ce n’est que le début. Tout ça pour nous livrer l’un des plus gros tubes de l’album
- s’il commence en détruisant tout à la sulfateuse industrielle, « Dr Geiger » propose ensuite une merveille de morceau ambiancé et prenant, qui nous terrasse les cervicales avec son groove à la fois indolent et massif (tiens, de 0:50 à 1:38), et continue de nous secouer la pulpe sans relâche jusqu’à un final monstrueux
- moins Metal, le morceau-titre commence comme du Philippe Katerine avant de prolonger sa ballade dans la Matrice en posant, au passage, un délicieux passage sublimé par un chant World-SF mystique (si si, à 1:51)
- « Hypnotic Implant » démarre comme du The Prodigy, alors que le début de « Skin Expulsion » nous propulse au sein de la maison Cannibal Corpse
… Et ça suffira bien à vous donner une idée de la température de l’eau.
Alors bien sûr la chose est très touffue, et parfois un peu trop découpée à la machette pour être parfaitement digeste. Mais globalement cet album est vraiment impressionnant, et possède non seulement une bonne durée de vie, mais également la capacité à semer dans votre esprit des graines qui écloront aux moments les plus incongrus, dans la douche, en réunion d’équipe hebdomadaire ou au rayon des produits ménager. Alors si vous rêvez d’écouter une version dansante, foisonnante et futuriste du répertoire de Meathook Seed, ou un mélange avant-gardiste Nocturnus / Punish Yourself, n’hésitez plus!
La chronique, version courte: Umbah nous embarque avec ses grosses guitares mécaniques, ses beats dansants et ses voix désincarnées dans un mélange Death / Indus / Electro de l’espace, bien plus varié que ce que ce court descriptif ne pourrait le laisser penser. Et pour reprendre la conclusion quelques lignes plus haut, si vous rêvez d’écouter une version dansante, foisonnante et futuriste du répertoire de Meathook Seed, ou un mélange avant-gardiste Nocturnus / Punish Yourself, n’hésitez plus!
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