Vomit the Hate - Premortem Rot
Chronique Maxi-cd / EP (16:10)

- Style
Brutal death technique mais mélodique - Label(s)
Autoproduction - Sortie
2010
Quand une chronique parle d'un groupe comme d'un « clône », c’est rarement à l'avantage de celui-ci: par ce terme on retire en effet l’éventuel mérite que la copie carbone aurait pu retirer de sa musique pour l'attribuer à l’original, en mode « M’dame, M’dame: ‘y a Kevin qui fait rien qu’à copier sur Jean-Alfonse! ». Et c’est vrai que lorsqu’on est exposé à une nième resucée des riffs de Slayer, Morbid Angel ou Meshuggah, la fatigue – voire une certaine irritation – commence à poindre, et dans ces occasions le "clône" punitif est vite dégainé.
Mais dans le cas présent, quand pour présenter le nouvel EP du one-man band tunisien Vomit The Hate on vous parle de « clône de Necrophagist », l’aspect négatif se retrouve pour une fois fortement atténué, et point de trace d’agacement chez le chroniqueur. Et d’une, parce que les clônes du groupe ne sont pas légion (on pourrait peut-être évoquer Deadborn et …?). Et de deux, parce que le niveau technique et de composition requis pour pouvoir singer le maitre allemand est tel qu'il assure l'auditeur d’un résultat de très haut niveau qualitatif. Et puis tentons un « et de trois » afin de mentionner que, bien que cela contribue encore à rapprocher les 2 groupes, le fait que cette pièce montée métallique soit le fait d’un seul homme épate quasiment dans les mêmes proportions que lorsque l’on avait appris que c’était Mr Suiçmez seul qui s’était chargé de tout le boulot sur Onset of Putrefaction.
Enfin bref, vous l’aurez compris si vous connaissez le Mangeur de Macchabées: la musique de Vomit the Hate est une cascade continue et experte de riffs complexes et supersoniques, de leads volubiles et de cabrioles rythmiques au service d’un brutal death technique et – si si – « mélodique ». Alors certes ça tabasse dur, ça change très souvent de plans, ça growle – voire gruike – à satiété, mais ça reste lisible, compréhensible, voire accrocheur grâce à de bonnes mélodies (celle de « Unseen » par exemple), des trouvailles qui éveillent immédiatement l’intérêt (la superbe mosh part mélodico-stroboscopique à 1:23 sur « Alive in a Common Grave »), des soli et leads inspirés (et qui prennent régulièrement des accents « bluesy » – comme à 2:33 sur « As Loneliness Devours ») ou des plans death plus basiques mais fédérateurs (bien franc du collier à 0:15 sur « Unseen »). Et puis ça transpire un appétit, une urgence qui – je ne sais pas trop dire pourquoi, c’est plus une question d’esprit que de son – me rappellent un peu les débuts de Decapitated. Tiens et puisqu’on en est aux références, continuons hors de la piste Necrophagist pour évoquer Pitbulls In The Nursery et Spawn of Possession dont il m'a semblé croiser les fantômes lors de l'écoute des 4 titres de cet EP.
Je vous en ai déjà tartiné des couches, mais attardons-nous quand même encore un court instant sur des considérations technico-instrumentalistes, relatives cette fois à la basse et la batterie. La première – la basse donc – n’est pas souvent au premier plan, certes, mais quand c’est le cas (au début de « As Loneliness Devours » par exemple), c’est un vrai plaisir. Par contre est-ce que c’est Mohamed Melki qui s’est chargé des gratouillis rythmiques, comme indiqué sur la back cover, ou bien est-ce l’homme à tout faire Mahdi Riahi (cf. Metal Archives), je ne saurais vous dire. En ce qui concerne le martèlement des fûts, nom d’une pipe – bien qu’étant complètement ignare en la matière –, je n’aurais jamais mis un centime sur le fait que ce soit d’une BAR que proviennent un tel déluge de blasts furieux, des changements de pieds aussi incessants et de petites touches embellificatrices aussi finaudes. Chapeau bas Mr Riahi!
Alors si la quand même trop évidente proximité stylistique d'avec son aîné, ainsi que quelques moments moins "focalisés", me conduiront à n’accorder qu’un 7,5 à cet EP, j’avoue me retenir pour ne pas laisser parler l'enthousiasme du fan de Necrophagist et lui mettre plus. Maintenant vous n’avez aucune bonne raison de ne pas aller vérifier tout ça par vous-mêmes, d’autant que l’EP est gratuitement mis à votre disposition sur le myspace du groupe.
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