Xerath - II

Chronique CD album (56:11)

chronique Xerath - II

Xerath, ça pourrait être le nom de la prochaine Citroën. Mais non, il s’agit en fait d’une cylindrée d’un tout autre calibre: Xerath est en effet le chantre d’une alliance métallique ancrée à 200% dans le XXIe siècle, une bande d’outre-Mancheux qui prétendent soumettre les amples volumes et la majesté de la musique symphonico-B.O.esque aux coups de reins cliniques et saccadés des héritiers de Meshuggah. Visuellement, ça pourrait se traduire par une scène où la Reine d’Angleterre se ferait vitrifier les muqueuses par un androïde scandinave au système de refroidissement déréglé. Pour faire simple et imagé. Et côté étiquette, un « djent symphonique » devrait pouvoir résumer pas trop mal la situation (en plus ça tient tranquille sur un petit sticker). Bref, avec Xerath on est en plein dans « le move », dans le buzz, dans le Metal 2.0.

 

Mais reformulons donc tout ça d'une façon plus « professionnellement correcte »: sur son 2e album (II, c’est carrément écrit sur l’emballage), Xerath propose un metal moderne faisant rimer polyrythmie et mélodie (une pincée de Textures), saccades martiales et aérations spatiales (un brin de Fear Factory, du Devin Townsend nature – mais aussi parfumé au SYL), un metal moderne disais-je, qu’on a intimement mêlé à des orchestrations grandioses (un poil de Septicflesh quand ça growlifie, de Hollenton quand ça shriekifie …) qui prennent parfois de véritables dimensions cinématographiques (une touche de Biomechanical pour la cyber-grandiloquence, un zest de Danny Elfman pour les séances holywoodiennes …). Bref, ici on fait dans la construction monumentale, la symphonie colossale, la démesure cyclopéenne, tout en restant dans le chaloupé chirurgical et le contre-pied syncopé. Le paquet cadeau sonore ayant de plus été confectionné par Jacob Hansen, vous commencez à entrevoir la potentielle boursouflure du truc... Quasiment trop gros pour être honnête.

 

Et pourtant…

Certes, certains réussiront à trouver des prises à partir desquelles formuler des reproches. Des morceaux trop longs (8:34 pour « The Glorious Death »). Quelques titre plus passe-partout (« Sworn To Sacrifice », voire « Nuclear Self Eradication » si on pousse le vice).  Un mariage qui montre ses limites (les parties orchestrales n’ont aucune plus-value – au contraire – quand elles essaient d’accompagner le bûcheronnage moderne binaire, comme à partir de 0:50 sur « God Of Frontlines », puis vers 1:23). Mais bon, ça c’est vraiment si on se décide à aller débusquer le traquenard, quand la "peur" de se faire berner par un produit marketing trop rutilant nous rend exagérément méfiants. Parce que sinon …

 

... Eh bien on craque. On rentre dedans avec bonheur. On se laisse inonder par les grandioses vagues symphoniques. On profite à plein de ces ouvertures mélodiques pleines d’une moderne sérénité (on pense souvent à Devin, parfois à Symbyosis). On se laisse hypnotiser par la pulsation métallico-élastique de cette guitare tendue à l’extrême. On laisse sa nuque vivre sa vie au rythme déconstruit de plans pleins d’un groove mystérieux, à la fois mécanique et irrésistible (la mosh part toute en décharges saccadées à la fin de « God Of Frontlines »). On se fait débiter en tranches à la machette-laser dans la joie et la délectation (l’exceptionnel mitraillage Fear Factorien de « Reform Pt. III »). On se laisse porter par des mélodies alambiquées et pourtant évidentes (au début de « The Call to Arms » / lors du sprint onirique de « Enemy Incited Armageddon » / sur l’attaque transverse de « Nuclear Self Eradication » …). Et on se quitte le cœur gros... D’abord sur ce qui aurait déjà constitué une fin parfaite: « Numbered Among the Dead », frais et presque simple, avec du Devin Townsend et du Darkane dedans - ainsi qu’un solo quasiment bluesy. Puis sur « The Glorious Death », plus ambiant, qui prend son temps (un peu trop d’ailleurs), et qui finit dans la démesure lyrico-cinématographique, nous retournant comme les fragiles petites choses au cœur tout entirbouchonné que nous sommes…

 

Est-il besoin d’en rajouter? Je ne connais pas l’album précédent, donc heureuse surprise ou petite pointe d’amertume, je ne pourrais effectuer une mise en perspective de II par rapport à I, son prédécesseur. Quoiqu’il en soit, pris comme un instantané extrait de la discographie du groupe, cet album s’avère vraiment grand, et prometteur d’un voyage merveilleux renouvelé à chaque écoute. Et à moins que les grosses cylindrées rutilantes ne vous débectent et que vous leur préfériez les vieux pick-ups crado des serial killers redneck, je ne vois pas trop pour quelle raison il vous faudrait vous tenir éloignés de cette petite pépite.

 

PS: je n’ai pas ce bonus sur mon exemplaire promo, mais youtube nous fait profiter d’une reprise particulièrement … particulière (!!) de « Speed Demon » (Michael Jackson). Osé et original, c’est le moins qu’on puisse dire!

photo de Cglaume
le 24/05/2011

2 COMMENTAIRES

frolll

frolll le 24/06/2011 à 14:57:17

Putain, mais il est bon, cet album ! Les orchestrations sont sublimes, le chant est juste comme il faut (je trouve), pas trop de passages clairs à la con, la rhytmique est belle, bref

cglaume

cglaume le 25/06/2011 à 09:40:48

... Bref: gros coup de pied au derche, on est d'accord !

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