Young Widows - In and Out of Youth and Lightness

Chronique CD album (52:13)

chronique Young Widows - In and Out of Youth and Lightness

Je vous flanque un dollar que, dans cette très chère presse internationale, cet album de Young Widows va se manger le double statut contradictoire d’album de la maturité / déception de l’année. En tout cas, c’est clairement ce qui ressort de la petite dizaine d’écoutes que j’en ai faite jusqu’à maintenant. Tantôt très séduit, tantôt très déçu, je ne suis même pas encore sûr aujourd’hui de ce que je pense réellement de ce disque. La principale raison à tout ceci, c’est que le trio s’est clairement mis en danger en envoyant valser la principale étiquette esthétique qu’on pouvait lui coller au cul sans pour autant perdre sa réelle identité.

 

Exit donc le noise punk crade et sexuel des débuts ! Je ne sais pas si quelqu’un est mort dans l’entourage du groupe récemment mais Young Widows cuvée 2011 s’est visiblement bien calmé et n'utilise plus ses anciens gimmicks noisy dissonants et grinçants que sous la seule forme de simples arrangements destinés à servir avant tout de vraies chansons avec de vraies ambiances généralement bien tristounettes et cafardeuses (pour reprendre l’expression des collègues de Pertes et Fracas). En ça, je crois qu’on peut effectivement parler de maturité. Mais, ouais, on peut aussi être carrément déçu de ne plus se prendre ces murs de guitares virtuoses, ces insinuations graveleuses sur la masturbation, ces explosions de rock n’ roll rageur et primaire, etc. Bon, ok, je me répète un peu là, mais maintenant, j’explique.

 

L’album s’ouvre donc sur Young River, lente introduction vaporeuse et mélancolique arrosée d'une reverb cristalline. Ok, ce n’est qu’une première piste mais déjà on sent poindre le sentiment général d’un album plus posé et mélancolique que tout ce que le groupe a pu fournir par le passé (sans parler de leur avatar précédent qu’était Breather Resist).

 

On enchaine sur Future Heart, premier « single » de l’album. Ce second titre est l’élément qui me fait mentir puisque contrairement à tous les autres, il est assez rapide, puissant, rock n’roll et noisy. Le riff du couplet est juste diabolique, la basse est toujours aussi incroyablement lourde, les arrangements mélodiques sont passionnants et, à la première écoute, on pourrait encore croire que l’on va se manger un nouveau Old Wounds tout en puissance et en dissonance si ce son hyper sourd et si étrangement peu adapté à ce type de compo ne nous mettait pas la puce à l'oreille…

 

Le titre suivant, In and out of lightness, malgré une entrée en matière grandiloquente et massive, s’enlise volontairement dans un rock boueux et hypnotique, traversé de mélodies étranges et de chant lointain.  Les pistes suivantes suivent tant et si bien cette même route que, si l’on attend le réveil de la bête, on risque fort de voir le disque s’achever sans s’être pris la claque tant attendue (malgré quelques soubresauts en fin d’album). Par contre, si on enlève les choux fleurs de coreux qui trainent dans nos oreilles et que l’on se laisse un peu emporter,  il y a carrément moyen d’adorer le voyage.

 

Le trio de Louisville, après nous avoir fait pas mal partager ses partouses et ses bitures, a donc visiblement décidé de nous trainer du coté du bayou en pleine gueule de bois et, au final, c’est plutôt bonnard ! N’oublions pas, qu’au début de cette chronique, je disais que le groupe n’avait en rien perverti son identité initiale. On reconnait donc bien ce son de basse massif, même s’il joue moins souvent le rôle de lead guitar que par le passé, ce son de guitare (justement) noyé dans de bien judicieux effets, cette batterie organique, puissante et juste, mais aussi ce chant nasillard et négligé même s’il se montre moins vindicatif que de coutume. On n’oublie pas ce sens particulier de la mélodie qui, même s’il n’est jamais mis en avant, reste super percutant dans le fond (le riff final et les arrangements de white golden rings en sont de délicieux exemples). Last but not least, Young Widows excelle plus que jamais dans ce subtil art qui consiste à dérouler une chanson sans s’emmerder à enchainer des couplets et des refrains. Attention, les lascars ne versent pas pour autant dans le post-machin ou le bidulocore déstructuré. Disons plutôt qu’ils font preuve d’un véritable sens de la progression, du break et des respirations en s’arrangeant pour ne jamais jouer un gimmick deux fois de la même manière et en poussant chacune de leur compo dans une direction précise. Cependant tout semble se dérouler avec la plus totale nonchalance désespérée qui, une fois de plus, reste le sentiment dominant de ce nouvel album… Un peu comme si le trio s’ennuyait ferme, sans pour autant nous ennuyer nous.

 

Cet album de Young Widows, qui n’a jamais aussi bien porté son nom, est donc bel et bien un chef d’œuvre en puissance… Reste à le digérer tranquillement pour en reparler dans six mois, le temps d’oublier l’inévitable déception de ne pas avoir eu droit à un Swamped and agitated bis. 

photo de Swarm
le 21/04/2011

5 COMMENTAIRES

Romain / iamsailor

Romain / iamsailor le 21/04/2011 à 13:30:21

moi je le trouve trés bon cet album, plus calme en effet mais le groupe a enfin evolué, les deux premiers albums étaient très bon mais bon, c'etait un peu la même recette, un troisième pareil ça aurait été chiant

swarm

swarm le 21/04/2011 à 23:29:53

Ouais, j'avoue... j'écoute un peu le noise comme on écoute du punk ou du crust... Si ça sonne, que les riffs sont bons et qua répond au mètre étalon, je suis content.

Mais tu as raison, cet album change la donne de très chouette man!ère et c'est au moins aussi bien qu'un troisième album identique, voire meilleur.

Sam

Sam le 27/04/2011 à 07:35:40

Encore du même avis que Swarm, j'arrive pas à me faire un avis net sur ce disque. Le son est vraiment classe, à la 1ère écoute du 1er titre je me suis dis "wouaw quelle intro! Je vais m'en prendre dans la tronche", puis bah non. Au fil des écoutes j'aime toujours beaucoup les ambiances, mais merde, au final ça manque quand-même d'un peu de mordant. Juste un peu. ça aurait été le parfait compromis...

Sam

Sam le 27/04/2011 à 17:55:04

Ha, et grosse évolution des voix, j'aime beaucoup.

frolll

frolll le 19/12/2011 à 15:01:55

Cet album, c'est un peu un compagnon du dernier Swans.
8.5, donc.

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