Botanist - Paleobotany
Chronique CD album (42:52)

- Style
Post-avant-black floral - Label(s)
Prophecy Productions - Date de sortie
17 mai 2024 - écouter via bandcamp
La vie est parfois bien faite : la première fois que j’ai écouté Botanist, c’était en bouquinant au Jardin des Plantes – et en plus c’était Génocide(s) de Thomas Disch, du post-apo à base de plantes endémiques, ça ne s’invente pas. Y a de ces coïncidences comme ça, si banales et en même temps si invraisemblables, que tu ne peux qu’adhérer au petit principe de vie ou à la petite habitude qu’elle fait naître en toi. Et depuis ce jour-là, impossible de repasser dans ladite institution botanique parisienne sans me passer la première venue des jardiniers de San Francisco.
Dit comme ça on est d’accord c’est complètement con. Sauf dans le cas d’un auditeur familier de l’univers de Botanist et de son post-black metal sans guitare, compensée par un hammered dulcimer. Cet instrument à 110 cordes (!!!) frappées dont vous n’aviez jamais entendu parler auparavant, et d’ailleurs moi non plus, mais dont la richesse de gammes exalte cette économie de saturation intrinsèque dans toute sa splendeur. Fleurs du Mal ou pas, je conseille ce groupe sans sourciller pour pimenter les instants de plénitude à bouquiner ou à promener Médor au bord du fleuve ou dans le petit jardin municipal de Montbuchon-sur-la-Butte pour les envolées lyriques quasi-systématiques qu’offrent ses compos dans toute leur noirceur et leur mélancolie.
Prends la première qui te tombe sur Spotify, ça fera l’affaire : Botanist c’est des bons, de vrais dur-à-cuire dans la régularité. Ce n’est pas Paleobotany qui me fera dire le contraire tant il synthétise l’intégralité des sensations que peut offrir l'hybridation de genre susmentionnée une fois guitarewashée. Blasts fulgurants à t’en déboîter les cervicales (« Aristolochia »), envolées lyriques planantes à l’image de la ligne mélodique structurant « When Forests Turned to Coal », déflagrations vocales gutturales propres à la gueulante expiatoire (« Wollemia Nobilis »), sans que jamais ne s'atténue cette hargne… À l’instar d’une tombe fleurie par un parterre de descendants zélés, Botanist cultive la mémoire des codes du genre avec son regard cynique de fauteur de troubles.
Les paysages sonores installés au fil du skeud y jouent pour beaucoup, favorisant nappes de basse éthérées et double-pédales pénétrantes pour construire son atmosphère. L’équilibre se constate de lui-même au regard d’une tracklist aux longueurs dépassant rarement 4:30 minutes sans que ne retombent ces diffus sentiments de mélancolie et de transe tribales distillées avec une précision chirurgicale. Non sans que l’ennui ne glisse son petit ticket sur la lenteur lacrymale de « The Impact That Built the Amazon » ; que voulez-vous si on voulait être parfait il faudrait s’appeler Gashummeh et sortir un plagiat d’obZen tous les ans.
À défaut de perfection, chaque terminologie botanique grecque choisie pour illustrer la tracklist de Paleobotany parvient à planter sa petite graine rebelle dans l’agencement bien rodé d’un album où se côtoient intensité harmonique et richesse synesthésique de bout en bout. « Magnolia », « Strychnos Electri » ou « Royal Protea » le ponctuent d’autant d’épisodes fantasmatiques que peut en proposer le genre dans ses velléités ambiantes. Rien qu’au terme de ma première écoute je me suis aperçu que mon carnet de notes était vide lorsque je me suis motivé à vous déballer cette chronique tant la formule continue à me happer par surprise, je ne vous dis que ça.
2 COMMENTAIRES
Vincent Bouvier le 02/07/2024 à 11:34:51
Je n'ai jamais réussi à trouver la porte d'entrée de ce groupe... Cette chro sera l'occasion de réessayer...
Aldorus Berthier le 02/07/2024 à 12:18:46
Oh avec mes goûts décidément spéciaux, si ça se trouve elle te restera fermée... Même si j'en espère pas moins tout le contraire
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