Zen - Jantar

Chronique CD album (40:00)

chronique Zen - Jantar

Le fait que Zen soit croate n'est pas le plus inhabituel. Les pays balkaniques ont toujours eu une scène très active, bien que leur popularité (et leur talent) ne dépasse(nt) leurs frontières que pour toucher quelques érudits.

Le fait que Zen ne soit composé que de femmes n'est pas non plus le plus perturbant. Les années 90's furent l'âge d'or du rock au féminin, une bonne habitude qui s'est depuis perdue bien que quelques belles exceptions subsistent.

Si "Jantar" vaut le coup d'oreille, ce n'est pas pour les phéromones qui s'en dégagent ou le code postal de leur studio d'enregistrement : c'est uniquement pour son contenu.

 

8 titres, 40 minutes et une belle production, voilà pour la description générale. Pour le reste, il faut s'accrocher un peu plus.

Chantées dans leur langue natale, les compositions sont soignées, s'affranchissent des structures bien cadrées. La grande et bonne idée de Zen est de graviter autour de plusieurs univers musicaux très complémentaires.
Clairement rock, les musiciennes reprennent de nombreux codes du post-rock, avec d'évidentes influences à la Sigur Ròs, jusque dans la voix androgyne. 
L'exotisme d'une langue rare dans nos contrées, la douceur de l'interprétation font du chant l'originalité la plus audible mais aussi la plus enchanteresse.

Le groupe a également fait le choix de s'orienter sur un son qui pose un voile brumeux sur sa musique. A la fois refroidi par un clavier électronique glacial, il est réchauffé par la rondeur de la basse.
Le mutisme va d'ailleurs très bien à Zen qui sait se rendre passionnant (et sacrément rock) sur "Igra Protona, Elektrona I Ne".

Les guitares sont aussi très actives et le choix des arpèges, influencés par une scène plus émo (mais pas larmoyante) diffusent avec application et justesse une jolie dose de douceur, de candeur, tout en maintenant une énergie rock.
Mais pas que ! Différents souffles font vivre cet album dont l'ambiance est très particulière. Il est même amusant de retrouver une certaine proximité entre les rockers américains trop peu connus de The summer pledge (que j'avais encensé il y a quelques années) et Zen
On peut penser aussi à une touche plus indie, à une autre qui rappelle Warpaint.

 

"Jantar" est disque qui navigue entre plusieurs eaux. Des petits défauts, les maladresses existent évidemment, sautent même à l'oreille parfois, mais elles finissent étouffées par la qualité d'écriture du groupe. 
C'est en cela que ceux qui parviendront à entrer dans l'univers de cet album auront bien du mal à en sortir.

 

 

photo de Tookie
le 25/02/2017

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