Angrrsth - Donikąd

Formation jeune née en 2018, Angrrsth – prononcez-le comme vous voulez, en fait comme vous pouvez ! – propose avec sa première plaque Donikąd l’une des sorties Black Metal les plus convaincantes et les plus agréables du printemps 2021. Extrait du fin fond du roster de Godz Ov War Productions, le label underground polonais, ce quartet originaire de Toruń dont certains membres, spécialement le guitariste Grisch, ont déjà pas mal tourné, nous ravage la face avec ces 7 titres et ces …35 minutes, qui prennent les traits d’une véritable course contre-la-montre brutale et implacable. Et ce alors même que le premier titre "Ciało Me Wyklęte" paraît presque « sage » au regard de la férocité de l’ensemble.

On a droit en effet à du Black Metal bien plus véloce et bien plus velu encore que celui proposé en 2018 dans le bon EP Znikąd, au point que les occasions de reprendre son souffle sont rares. La rage et l’énergie bestiale du chanteur Hermann y occupe une place tout à fait déterminante et nous cueille à chaque morceau. Pour le reste, le filon épique et mélodique est utilisé certes, mais on apprécie le fait qu’il n’ait pas été surexploité : pas d’entames légères (à l’exception de l’outro "Ostatni Akt"), seulement des passages atmosphériques bien placés et de préférence enchâssés dans les compos. Ceux-ci se font d’ailleurs systématiquement engloutir par une marée de riffs incroyablement lourds, qui structurent un Black Metal raw qui colle aux esgourdes, un Black armé de pléthore de blast beats et bourré ras-la-gueule de trémolos. Attardez-vous donc ne serait-ce que sur "Niebyt Zmyślony", la meilleure proposition selon moi. Même si la guitare de Grisch bonifie particulièrement ce clair-obscur de l’extrême que l’artwork de Igor Datkiewicz (WS Artworks) entend magnifier, aucune ligne instrumentale ne prend le dessus. La basse de XII n’est pas du tout étouffée ("Niebiański Pogrzeb", "Pierwszy Jest Strach") et participe ainsi elle-aussi à dégager de ce méfait une impression de puissance et de maitrise.

Au moyen d’une mixture ténébreuse de passages rapides et lents, la modulation du rythme est constante, comme si ce quartet nous proposait un compromis tout à fait convaincant – pour rester dans les formations de ce pays – entre Mgła et Odraza. Peut-être est-ce cela la modernité et la force de ce Black Metal, dont la performance saisissante permet à la Pologne d’être toujours bien en vue au sein de la scène extrême continentale.

Seisachtheion

le 24/08/2021