Another Bloodshed - MOLOTOV

Chronique CD album (16:28)

chronique Another Bloodshed - MOLOTOV

Another Bloodshed est de retour, 6 ans après "Don't Try to Fuck me Motherfucker", chroniqué à l'époque par un Eric D.Toorop qui leur reconnaissait, déjà, "une maîtrise de cette science du HxC tout typé 90's". Depuis, bien des choses ont du justifier cette attente. Entre autres, au rayon bonne nouvelle, ils ont été rejoint par Maxime, le chanteur de Under The Conflicts. Mais si rappelez vous, le groupe qui fait du hardcore hyper crédible sur des films hyper incrédibles et dans lequel Maxime joue (à merveille) le rôle du frontman coreux sympa et qui nous fait rigoler à compter ses histoires de nanard pendant que ça s’écharpe joyeusement dans la fosse.

 

Another Bloodshed, ça n’est pas la même limonade, c’est plutôt un mélange de bio-éthanol et de kérosène, Under The Conflicts pétille, Another Bloodshed explose. On va faire comme les 4 compères, on ne va pas tourner autour du pit. Another Bloodshed, c’est du bon gros street-hardcore old-school, positivement violent et cathartique. Mais soyons honnête, dans le bon gros street-hardcore old-school, il y a celui qui est taillé en studio et celui qui est taillé pour la scène. Another Bloodshed est définitivement taillé pour la scène et je plains d’avance bien les groupes qui joueront après eux. "Kickboxer", "Blind Rage", "Molotov", "Feel Your Pain", "Pandemic", les titres sont aussi directs dans leur appellation que musicalement. L’EP est court et passe bien trop vite mais se suffit à lui-même, intense, et enchaîne beatdowns à péter l’estrade et riffs typiques du style. Des riffs qui fonctionnent toujours aussi bien quand ils sont joués avec l'énergie attendue, et c'est bel et bien le cas ici.

Malgré un côté très old-school donc, le groupe réussit à amener quelques fioritures qui donnent un petit coup de propre à un style largement essoré et parfois sali par les années. Basse plus en avant et pas feignante quand elle montre le bout de ses pompes, batterie particulièrement bien mixée notamment les toms (élément ô combien indispensable du style) et qui fait honneur à des tempo un poil plus lents que ce que le style voudrait ce qui amène une véritable lourdeur à l’ensemble (comme quoi, il suffit parfois d’un rien), ajoutez à ça deux guitares qui savent être noisy et donnent une ambiance live à l’ensemble qui renforce le sentiment d'un énorme potentiel du groupe sur scène.

 

Côté voix, Maxime ne délaisse pas entre son interprétation qui pète le feu, avec cette tessiture high-mid qui sonne du coup véritablement énervée. Et même s’il ne s’agit que d’un album studio, on devine qu’il prend à bras le corps son rôle de frontman, peut-être encore plus que dans Under The Conflicts, dans lequel il était plus souvent secondé, porté par les choeurs de ses compagnons de nan’hardcore. Dans Another Bloodshed, il apparaît plus en avant, plus “seul” mais dans sa tête, on devine qu’il s’imagine un public d’enragés prêt à lui manger la main plus facilement que lui manger dans la main. Mais on ne la lui fait pas au gamin, il sait comment ça fonctionne, il a capté le truc, la scène il en a mangé plus que de bols de chocapic dans sa vie. Plus qu’un simple fan de hardcore qui imiterait fidèlement ses aîné.e.s, il donne ce qu’il a, sans jouer une quelconque comédie, l'attitude, la vraie est là et ça fonctionne totalement.

 

Le mixage de l’EP est un peu frustrant. Le son est bon, crédible, tout le monde est là et communique parfaitement mais il y a un côté un peu feutré, un micro-poil anémique et ce léger manque de corps, de gnac, de “loudness” (qui est bonne comme l’est l’eau avec le ricard: “un peu mais pas trop”). Cela manque peut être de ce coup de vernis qu’un bon travail de mastering peut passer, les amoureux du son un peu old-school apprécieront, pour ma part j’apprécie les choses un peu plus modernes.

 

"Molotov" porte donc bien son nom et confirme que Another Bloodshed est de ces groupes de hardcore taillé pour le live, fait pour se confronter à la scène et ces 5 titres leur assureront un set de qualité.

Pour la suite, espérons que le groupe continuera sur cette lancée pour nous pondre un album dans la même veine, le son en plus et, surtout, l'attente en moins.

 

 

On aime bien: old-school mais pas que, un potentiel live énorme!

On aime moins: un mixage qui manque d’un coup de polish

photo de 8oris
le 08/11/2021

6 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 08/11/2021 à 11:03:09

Classique et colérique

Pingouins

Pingouins le 09/11/2021 à 16:51:54

Effectivement en live ça doit s'ambiancer sacrément. Y'a un côté HxC argentin (BAHC) je trouve, dans le son et l'intention : j'ai un peu l'impression d'entendre les vieux Nueva Etica par moments.

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 09/11/2021 à 18:04:12

Je les aime toujours bien ;)

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 09/11/2021 à 18:49:44

Pingouins, fais pas dans l'exotique, c'est du HxC bas du cul et picétou.

Vincent Bouvier

Vincent Bouvier le 13/11/2021 à 20:56:14

@Pinguoins: A défaut de passer pour une loutre enamourée, qu'est ce que tu entends concrètement par BAHC?

Pingouins

Pingouins le 14/11/2021 à 15:39:55

Buenos Aires Hardcore ! Y'a une grosse scène depuis la fin des années 80, début 90, dont le plus gros nom exporté est évidemment Nueva Etica (autoproclamés "southamerican moshmachine" ahah), mais où il y a pas mal de groupes bien actifs. J'avais vu un concert là-bas, c'était vraiment bien, il y avait vraiment beaucoup de monde.
Et bref, ça a beau être bas de ce que vous voulez, moi y'a des plans dans ce Another Bloodshed qui m'ont rappelé des trucs de par là-bas :)

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