Ari - Le Confort des Illusions

Chronique CD album (22:18)

chronique Ari - Le Confort des Illusions

Quand on écrit sur un webzine tel que celui-ci, on a parfois tendance à avoir l'impression qu'on rédige tout ça comme pour une sorte de blog entre potes, avec son lot de private jokes, de piques et de petites réfs internes entre les collègues de plume à touches, parfois sans vraiment se rendre compte de s'il y a un réel lectorat de l'autre côté des écrans (et du coup c'est toujours agréable de se rendre compte régulièrement que oui, à travers les quelques retours ou commentaires que l'on reçoit de temps en temps de votre part).

Alors quand en plus, un copain sort un disque sur son label (sur Voice Of The Unheard), qui plus est d'un groupe avec lequel il partira bientôt en co-tournée, et que le chroniqueur qui vous cause organise leur concert dans sa ville et a même failli se retrouver à jouer en première partie, ça rajoute encore un peu des points à cette impression. Mais faisons fi du fait que presque tout le monde se connaît déjà (surtout dans les infras-scènes telles que le screamo et assimilés), et partons du principe qu'il y a effectivement un lectorat :

 

Ari donc. Pas le Harry de Disco Elysium, ni la rappeuse dominicano-espagnole Ari (alias Arianna Puello, que j'écoute encore volontiers depuis une dizaine d'années, des morceaux comme « Rap Pa Tí - Rap Pa Mi » ou « Arriba los buscavidas » déchirent toujours autant ; bref), mais un Ari Bordelais qui va taper dans le screamo / emoviolence / post-hardcore, rapidement (dès l'opener « La Crainte du Commun » à vrai dire) pas très loin des voisins Toulousaingues de Grief (avec cette approche parfois blackenisée, pour reprendre le terme consacré) ou, comme souvent dans ce genre quand il est chanté dans la langue de Louise Michel, un héritage des Daïtro, des Sed Non Satiata et ce genre de joyeusetés (avec un chant moins criard néanmoins), bien qu'il soit marqué de nombreuses autres aspirations plus frontales.

Avec Le Confort des Illusions, faisant suite à un premier EP d'une petite dizaine de minutes en 2021 (Un Festin pour les Vautours dont un morceau est ici repris et agrémenté d'une seconde partie), c'est donc un premier 'long' format pour le quintet.

 

Et comme le titre associé à la pochette est un appel à jeter un œil aux paroles et aux idées d'entrée de jeu, on peut d'ores et déjà imaginer que l'on parlera apathie plus ou moins volontaire, refuge dans quelques recoins (qu'ils soient communautaires, dans le repli sur la réussite individuelle, affectifs, politiques...) pour pallier à la misère quotidienne sans trop s'engager pour vouloir bouleverser l'ordre des choses, dans la droite lignée du « la résignation, c'est la valeur universelle, l'apprentissage de l'humiliation » que chantaient Amanda Woodward il y a une bonne vingtaine d'années.

 

Avec des membres provenant d'horizons qui dépassent la scène purement screamo (un petit tour de deux ans chez The Great Old Ones pour la partie basse, des bouts du death technique de Endless Motion, du punk...), Ari ont le mérite d'élargir un peu le cercle d'influences de base, ce que l'on retrouvera en partie dans la composition de ces quelques morceaux de leur nouvelle galette, puisque tout est écrit collectivement. Ainsi, dans une petite interview avec Idioteq, quelques similitudes sont évoquées directement par leur chanteur (en plus d'une explication en track by track que je vous laisserai aller consulter si cela vous intéresse, pour ne pas faire de plagiat) : Totem Skin, Fall Of Efrafa, Heaven In Her Arms, Céleste... le tout enrobé d'une carapace de screamo. Vous voyez le tableau.

 

Variant agréablement le propos tout au long de cette grosse vingtaine de minutes, où on pourra donc trouver pas mal d'inclinaisons post-hardcore (« Ecoute nous faiblir » avec son interlude post-rock par exemple, ou la seconde partie du « festin »), des assauts plus neocrusty, cette patte blackenisée que l'on évoquait plus haut, ou encore un petit élément qu'on trouve rarement dans le style : de la double-pédale qui se balade ici et là, Le Confort des Illusions est un premier disque réussi et que je recommanderai très volontiers à toutes celles et ceux qui aiment hurler du noir dans des caves avec des jeans sombres à patch et de l'IPA à la tireuse. Mais bon, ça vous le savez, et vous connaissez déjà, puisqu'on se connaît tous et toutes.

 

Ari seront en tournée en France et ailleurs en compagnie de Solitone dans le courant du mois de mai (accompagnés d'un ex Direwolves à la batterie pour l'occase), vous pouvez retrouver la liste des dates ici, à commencer par le Mans puis le Post in Paris. On s'y verra.

 

A écouter pour ajouter un disque à la liste déjà bien fournie des sorties screamisantes de ce début d'année.

photo de Pingouins
le 13/05/2024

3 COMMENTAIRES

Tookie

Tookie le 14/05/2024 à 11:01:59

C'est sympa et de bon goût, jusqu'à l'inclusion de l'IPA dans l'équation.

Seisachtheion

Seisachtheion le 19/05/2024 à 10:10:40

Bordelais, et pourtant je ne connaissais pas !

Seisachtheion

Seisachtheion le 08/01/2025 à 17:28:18

L'une des belles découvertes de l'année 2024 !

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