Bâton Rouge - Fragments D'Eux-Mêmes

Chronique Vinyle 12" (33:13)

chronique Bâton Rouge - Fragments D'Eux-Mêmes

Je ne suis pas censé aimer ça. Je ne suis pas censé aimer ça. Mais j'aime ça. C'est aberrant. Ou alors j'ai joué trop longtemps avec mes bons connards de Le Massacre Du Client De 15 Heures.
Je ne sais pas trop pourquoi, mais je suis touché. Touché, là, tu vois ? Quelque part derrière les poumons, soulève les côtes, passe par dessous le sternum, glisse tes doigts, jusqu'à la paume entière, tu vois ? Tu sens ?

Emo Punk ? Punk ? Oh non, pas vraiment. Du moins, ce n'est pas comme cela que je le prends. C'est du Rock, hé. Chanté en français. Le spectre du Téléphone ignoble pourrait rôder, si, mais en fait non. Emo, après, cette étiquette, elle se décolle et se retrouve sur tout un tas de pots de confiotes variées. Surtout des pots de merde. Même pas d'artiste.
Mais Emo, oui, quand-même ou pourquoi pas, là, le chant est prenant, touchant, disais-je, car il n'a pas peur. Il n'a pas peur du ridicule. Nous serions tous morts depuis longtemps s'il pouvait tuer. Il n'y a pas à avoir peur. Du coup, il n'y a pas de ridicule.

La sincérité, mot galvaudé (on peut être sincèrement à chier, sincèrement menteur, sincèrement méchant, sincèrement con, alors bon...), elle est là, dans ces inflexions pas toujours très mélodiques, parfois scandées, dignes. Les mélodies, justement, sont osées, à poil dans leur naïveté. Deux pieds plats dans l'eau aux oursins, ça risque de piquer mais c'est ça qui est bon, t'entends ?
Il n'y a pas de ridicule.

Les guitares. Elles sont belles.
Tellement, faut croire, que les pauvres se sont fait dérober une partie de leur matos en Tchèquie. T'as beau ne pas être matérialiste, ça doit peser sur le moral, ça. C'est qu'on s'attache à ses outils. Et c'est pas comme si les musiciens étaient des gros friqués, puté.
Bref, j'aime leur son, rauque, clair, Rock, très Rock, pas vraiment saturé ou alors rarement. J'aime leurs idées, surtout. Leur plastique, c'est bien beau, mais leur cerveau, ça compte.
Leur âme, elle est en bois. Le bois continue à vivre, même pas zombie il résonne, il sonne. Entre de bonnes mains...

Tout est possible.

Même la pure beauté triste de "Collecter Les Sons", qui me ferait presque pleurer. Encore des mélodies de chant très naïves. Sucrées dans le gros sel.

L'ego de ces gens semble disparaître dans la chanson, groupe uni, soudé et toutes ces conneries, pour arriver à faire de la vraie bonne musique. Y'a vrai dans ce que je viens d'écrire. Je te prends pas pour un con, promis. Mais j'insiste.

Je comprends pas toujours de quoi parlent les paroles, parfois ça me semble tout bizarre, qu'est-ce que les aérosols viennent dégazer au milieu de ce pré ? Peu importe, car à l'occase, des images poppent au large, sur mon écran mental et ça me suffit, large...

Le final du disque plane sérieusement dans la gaze, solution idéale pour se quitter en douceur. Jamais évident, ces putains d'adieux.

D'ailleurs, la concision est de mise, tout du long. Pas de tirades infinies. Pas de développements culturistes. Pas d'épanchements émotionnels, seulement de l'expression : nette, juste, honnête.

Alors à quoi bon énumérer, disséquer ? Collecte les sons, collecte les sons, fais-en un collier, un oreiller, un édredon de sons. Ce disque câline, rassure, attriste parfois mais regonfle, redonne de l'espoir à travers sa mélancolie. C'est rare.

Bâton Rouge a sorti un très beau disque.
Il ne faut pas avoir peur de le dire.
Il n'y a pas de ridicule.

photo de El Gep
le 01/06/2012

3 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 01/06/2012 à 09:29:56

Yes, très bon disque, j'ai bcp apprécié également !

cglaume

cglaume le 01/06/2012 à 12:13:50

Le disque je ne sais pas, mais j'aime bcp la chro !

el gep

el gep le 01/06/2012 à 16:22:47

Merci cher Glaume. Je le réécoute à l'instant. Ce disque fait du BIEN.

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