Die Sünde - Strega

Chronique CD album (20:41)

chronique Die Sünde - Strega

« Die Sünde », 'le péché', dans la langue de Petra Schelm.

Mais l'origine géographique du quintet est plutôt à aller chercher du côté du titre de cet EP : « Strega », 'sorcière', dans la langue de Gaetano Bresci cette fois. Et de Padoue, en Vénétie, plus précisément.

 

Strega comme un hommage aux sorcières, donc, « aux femmes, à la liberté spirituelle et à la Nature, qui ont toujours été désavouées, incomprises et diabolisées par l'ignorance de siècles d' « évolution », mystifiées, torturées, violées et réprimées. Elles doivent être glorifiées, écoutées et protégées en tant que seule clé pour la vie elle-même, comme les seules capables de la générer, comme les seules capables de créer une balance vertueuse et un réel futur pour le monde ». Vous pouvez retrouver l'ensemble des explications derrière cet EP ici (en anglais). (Et au passage, gratos, conseils de lecture sur le sujet avec les livres de Silvia Federici [pdf proposé par la maison d'édition] et Mona Chollet).

 

Cet hommage est retranscrit dans les paroles, et il transparaît aussi dans la musique de Die Sünde, qui après un premier effort éponyme deux ans plus tôt, reviennent avec cet EP d'un seul titre d'un peu plus de vingt minutes, mais qui pourrait en fait se décomposer facilement en morceaux assez différents dans les structures et dans les ambiances, sans que l'on puisse réellement parler de progression de l'un à l'autre (exit donc une éventuelle démarche prog).

On y trouve sur les sept premières minutes un post-black metal mid-tempo agrémenté de mélodies en tremolo, plutôt atmosphérique et s'ingéniant à installer des ambiances, proche de ce qu'on pouvait déceler chez Dreariness (originaires de Rome pour leur part), d'autant plus qu'on trouve ici aussi des détours post-hardcore/post-metal qui peuvent évoquer Amen Ra (et notamment le morceau « De Evenmens » issu du dernier album).

 

Ce qui frappe l'oreille, dans le chant qui prend une place importante, c'est l'usage de l'italien, qui donne vraiment des couleurs particulières au morceau, à la rythmique des mots, et rendent le texte plus fort et plus impactant. Ce chant, je le trouve excellent, à mi-chemin de celui de Tenebra de Dreariness justement, et de Mario de Khmer et Svdestada. A la fois pour l'intonation, mais aussi pour l'usage de la langue (italien pour la première, espagnol pour le second), qui apportent vraiment quelque chose dans ces dérivés du black 'postisés'.

 

La seconde partie (juste avant les huit minutes disons), si elle conserve les tremolos, rentre dans un black metal un peu plus direct, mais que je lierais cette fois plutôt aux Portugais de Gaerea.

Toujours plutôt ancré dans une pratique sud-européenne du black metal, donc.

On naviguera ensuite dans un aller-retour entre ces ambiances, avec toujours une émotion à fleur de peau et même l'incursion de quelques voix claires, comme une supplique désabusée, et une partie finale vraiment bonne, pour un EP aux ingrédients finalement savamment agencés et saupoudrés d'un bout à l'autre, qui en font une franche réussite, et l'un de mes disques préférés dans le style parmi ceux que j'ai pu entendre au cours de l'année 2022 (à noter qu'en ce début 2023, après donc la sortie de cet EP, leur batteur vient de changer).

 

Si vous aimez donc les dérivés posts du black qui se teintent de post-hardcore, qui n'hésitent pas à abandonner l'anglophonie et sont empreints de ce « désespoir méditérannéen », alors peut-être bien que Strega trouvera grâce à vos oreilles. Il y a même de bonnes chances. Et puis s'il faut lever le doute, les loulous portent des t-shirts RABM, ont joué à la Villa Vegan à Milan (un lieu anarchiste occupé historique), etc : pas de risque de tomber sur de l'infréquentable, vous pouvez y aller les yeux fermés et les oreilles ouvertes.

 

Pour le découvrir, même si vous avez le lecteur en haut de page, je ne saurais que vous conseiller de le faire à travers le clip video accompagnant l'EP, forcément en noir et blanc, dans une forêt et avec beaucoup de grain, mais dont l'esthétique permet de se plonger totalement dans ce que Die Sünde ont voulu faire avec Strega, afin de le saisir plus en profondeur :

 

 

A écouter en se laissant charmer par la forêt, et maledetto sia il canide.

 

P.S. : La très belle pochette est l'oeuvre d'Ikosidio, dont vous pouvez admirer l'art par ici. N'hésitez pas à aller la soutenir.

photo de Pingouins
le 08/02/2023

2 COMMENTAIRES

Vincent Bouvier

Vincent Bouvier le 09/02/2023 à 08:57:21

Oh! C'est pile mon cœur de cible. Merci Pingu pour la découverte!

Pingouins

Pingouins le 11/02/2023 à 06:50:19

Y'a pas de quoi nounours ! Je me disais bien que ça devrait parler à quelques personnes ici :)

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