Bipolar Architecture - Metaphysicize

Chronique CD album (40:40)

chronique Bipolar Architecture - Metaphysicize

On pourrait interpréter le nom du groupe comme une description de la dispersion géographique de ses membres : à cheval entre Berlin et Istanbul, les musiciens de Bipolar Architecture constituent effectivement cette entité à deux têtes que leur patronyme évoque.

Metaphycisize, qui sort chez Pelagic, est le second album du combo, après un premier EP The Tragic Protagonist et un long format qui plantait déjà les graines de la joie de vivre : Depressionland.

 

Allons-y pour la tentative de chronique en une phrase : sur Metaphycisize, Bipolar Architecture proposent un post-metal à double-pédale et avec des mélodies lead toujours très mises en avant, mâtiné d'une bonne dose de similarités avec Hypno5e dans de nombreux riffs comme dans le chant, pour une moyenne de six minutes par morceaux.

 

Il vous en faut un peu plus ? Allez, c'est bien parce que c'est vous.

 

On parlait d'Hypno5e. Et c'est effectivement une référence qui revient régulièrement tout au long de l'écoute de cet album (mais sans voix claires) : sur la fin du morceau-titre « Metaphycisize » comme sur « Disillusioned » qui lui fait suite (et dont la coupure entre les morceaux semble très artificielle tant ils s'inscrivent dans la continuité l'un de l'autre) avec ce 'refrain' proggy djenty qui laisse facilement dodeliner de la tête, dans la voix et les arrangements de « Death of the Architect », le pincé-tremlolo de « Alienated » qui rappelle furieusement un break de « On the dry lake ».... Difficile pour moi de ne pas tisser des liens avec les frenchies, même si Bipolar Architecture s'en éloignent suffisamment à d'autres endroits.

 

Dans l'ensemble, il semble aussi que tous les instruments tourbillonnent autour des mélodies de guitare lead, souvent assez simples, mais très mises en avant, qui permettent au combo de déployer toute la palette de dérivés en 'post' à leur disposition : les oppositions 'guitare aérienne VS riff lent et pesant', le jeu autour des boucles, des aérations post-rock et des 'blasts post' (« Death of the Architect », « Kaygı ») qui peuvent aller titiller le post-black (qui a pu m'évoquer Die Sünde par endroits, pour donner une idée si vous aviez lu la chronique que j'en avait faite).

L'originalité ici, à mon sens, est l'intégration de ces riffs plus glitchés syncopés à la mode djenty, chose qu'on ne retrouve pas souvent dans le post-monde. Ici, cela fonctionne dans l'ensemble vraiment bien et apporte un nouveau type de contraste bienvenu dans un style qui joue beaucoup cette carte.

 

Au bout du compte, malgré ces différentes directions, Metaphycisize peut donner la sensation d'écouter un bloc cohérent, sans grande diversité entre les morceaux bien qu'il y en ait à l'intérieur de ceux-ci. Plutôt un air de « 7 variations autour d'un même thème », donc, où tout est très propre et très lisse, s'emboite bien, où pas grand chose ne dépasse, à se demander si tout l'album n'a pas été écrit d'une traite.

Et pourtant, plus d'une fois dans l'album, on se dit aussi « ah, ça ça marche TRES bien ». Et puis l'absence de voix claires n'est pas pour me déplaire non plus, bien que le chant ne soit pas l'argument majeur de Bipolar Architecture.

 

En bref donc, un album qualitatif et très soigné, qui aura de bonnes chances de parler à celles et ceux qui rechercheraient un terrain d'entente entre post-metal, metal progressif sans voix claires et riffing syncopé.

 

A écouter en se posant de grandes questions. "France Gall, est-ce un match de rugby ?" par exemple.

photo de Pingouins
le 22/02/2024

2 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 22/02/2024 à 08:27:21

"France Gall, est-ce un match de rugby ?"

🤣🤣🤣🤣

Tookie

Tookie le 22/02/2024 à 08:30:11

Ouep, rien à dire de plus : album très réussi instrumentalement. "Soigné" est le terme approprié. Le seul souci pour moi c'est le chant qui me sort complétement de l'album.

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