Bonded - Rest in Violence

Chronique CD album (43:35)

chronique Bonded - Rest in Violence

« At first I was afraid, I was petrified

Kept thinking I could never live without you by my side

But then I spent so many nights thinking how you did me wrong

And I grew strooooong

And I learned how to get aloooong… »

 

A priori on me confirme que dans « I Will Survive », Gloria Gaynor ne fait pas spécialement référence à Bernd « Bernemann » Kost et Markus « Makka » Freiwald, respectivement guitariste et batteur de Bonded – et qui ont par ailleurs cela en commun d’avoir reçu la fameuse lettre recommandée, tamponnée par la DRH, qui dit en substance « Merci pour ces [12 pour le premier, 8 pour l’autre] années passées au sein de Sodom, mais l’aventure s’arrête là. ». Pourtant leur histoire est peu ou prou la même que celle narrée dans le tube clôturant les soirées du Macumba: après avoir digéré la mauvaise nouvelle, les deux compères ont décidé d’aller de l’avant, non pas parce qu’ils ont « all their love to give » mais plutôt, dans ce cas précis, parce qu’ils ont encore plein de gros riffs à balancer et de grosses frappes à asséner.

 

Voyons voir: une fois trouvé le nom du groupe, rasé la barbe de 3 semaines et rangé les vieilles chaussettes qui traînaient dans le couloir, c’est quoi l’étape d’après pour se relancer? Facile: chercher parmi les contacts LinkedIn-Thrash de nouveaux collègues qui connaissent leur taf.

« Allo Ingo [Bajonczak]? Toujours chez Assassin? Ça te dirait d’essayer un nouveau micro? »

« Hey Christos [Tsitsis]! J’aime beaucoup ce que tu fais chez Exarsis / faisais chez Suicide Angels. Tu viens nous prêter guitare forte? »

« Guten Morgen Marc [Hauschild]! T’es pas connu? Allez, on t’embauche quand même! »

 

Après il n’est pas interdit d’être malin. Ainsi, pour 1) faciliter le démarchage des gros labels et 2) affirmer sa différence par rapport à la lourde teutonic machine de Tom Angelripper, convaincre une vieille connaissance célèbre de venir faire un featuring peut constituer un vrai atout. C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles on retrouve les postillons de Bobby « Blitz » Ellsworth (Overkill!) sur rien de moins que le moreau-titre de ce premier album. Et il n’est pas question ici de quelques backing vocals pour faire « comme si »: non, le Bobby est vraiment aux commandes, écrasant de sa fougue le pauvre Ingo, à un tel point que – la vigueur et la vélocité du titre faisant leur petit effet – on a l’impression de se trouver de l’autre côté de l’Atlantique, les 2 pieds dans la tracklist de l’un des skeuds de la Wrecking Crew! Et je ne parle pas de l’une des complaintes sombres de I Hear Black, mais bien de l’un de ces tubes fougueux que l’on affectionne tout particulièrement!

 

Alors c’est vrai qu’il peut sembler dommage que le meilleur titre de ce premier album mette en avant un chanteur-invité, et que celui-ci sonne plus comme le fruit d’un autre groupe que comme l’affirmation d’une identité forte. On regrettera également que Rest in Violence flanche légèrement sur sa deuxième moitié: car « No Cure for Life » s’avère un rien trop dark-émo-gluant, « Where Silence Reverberates » semble avoir été pioché dans la base de données des titres Thrash bouche-trou, tandis que « The Outer Rim » propose une maigre tranche de Metal cinglant entre 2 épaisses couches de trémolos roudoudou écœurants (ça sent le syndrome Moi-aussi-je-veux-écrire-mon-Still-Loving-You-à-moi tout ça!).

 

Sauf que les 7 autres titres ne prêtent que peu le flanc à la critique. Si « Godgiven » est juste une entrée en matière vraiment sympa servant surtout à découvrir la voix finie à la ponceuse de M. Bajonczak et à réaliser que le Thrash de Bonded n’a rien de spécialement allemand, la suite est plus goûtue. Car « Suit Murderer » possède une grosse frappe, et combine vitesse et mélodie épique aux limites du Thrash/Death, pour une accroche durable. Puis, passé le tube overkillien précédemment évoqué, on aboutit à l’autre gros morceau de l’album, plus mid tempo, plus ample, plus lourdement mélodique: « Je Suis Charlie » (oui oui, celui-là même – prononcez toutefois « JE-SOUIS-CHAW-LIE »), et ses couplets sur lesquels le chant marche par moments dans les traces de Phil Anselmo. « The Rattle & The Snake » joue lui aussi avec efficacité les cartes de la mélodie et de la vitesse – en y ajoutant un atout harmonica assez inattendu –, puis il faut attendre « Galaxy M87 » pour se régaler à nouveau, cette fois sur un peu de Heavy mélo-spatial qui reste dans le crâne. Le dernier vrai morceau de choix s’appelle « Arrival » (un nom qui faisait de lui une conclusion plus évidente que « The Outer Rim »!), celui-ci permettant de se faire une dernière petite speederie flirtant avec l’extrême auquel on ne reprochera qu’une chose: comporter un refrain bien trop lourdaud pour qu’on fasse comme si l’on n’avait rien vu.

 

Alors voilà: Bonded. J’aime Bonded.

Parce que le groupe a le permis de tuer – donc – et qu’il l’utilise à bon escient.

Cela mérite bien d’ajouter un petit supplément au 007/10 que cette blagounette conclusive aurait pu justifier en guise de note.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: on peut s’être fait lourder de Sodom et ne pas passer le reste de ses jours à avoir mal au cul. Voilà la belle leçon de vie que nous offre Bonded sur un premier album qui – s’il souffre d’une 2ème moitié moins irréprochable – contient suffisamment de bonnes choses pour que l’on juge que sa sortie chez Century Media est vraiment justifiée, et pas seulement due au pedigree affiché par certains des vétérans qui jouent / apparaissent en ses rangs.

photo de Cglaume
le 06/04/2020

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