Charbon - Charbon

Chronique CD album (30:00)

chronique Charbon - Charbon

La source d'inspiration quasi-inépuisable qu'est le Petit Robert pour la recherche patronymique d'un groupe, semble avoir avec Charbon, un véritable sens.
Charbon c'est une histoire née dans le Pas-de-Calais.
Alors évidemment, après la bière (de la 8.6 à l'excellence de la Page 24 ou de l'Epinette), les gens laids qui sortent d'Aldi, le chômage etc., on pense aux terrils, aux mines. Bref : au charbon.
Afin de bien nous faire piger son côté régionaliste c'est une photographie, vieille de 100 ans, pillée dans les archives du RCL, qui fait office de pochette.

Bref, cette histoire prend un sens avant même qu'elle ne soit en musique.
D'ailleurs, elle n'est qu'en musique. Charbon avance enfermé dans le mutisme.
Encore une qualité de certains gens du NPdC : bavards la blonde à la main, ils savent se taire lorsqu'il s'agit de faire les choses bien.
Charbon s'efforce donc de faire de la musique en la fermant.

Et la musique c'est quoi ?
C'est l'amour, quand on chante comme Lara Fabian.
C'est la politique, une vision, un message si on s'appelle Rage Against The machine.
C'est de la merde, parfois. C'est beaucoup de choses pour une chronique qui se veut courte.

Dans le cas de Charbon, c'est de la matière brute. Un enregistrement assez roots, mais pas sale. Quelque chose de direct, qui ressemble à du post-noise.
C'est une musique qui commence toujours par la guitare.

Un riff, une ambiance, une idée du ton qui nous attend. Les premières secondes de ces 7 titres en disent déjà beaucoup.
Hormis "Woeful errand", le groupe s'est mis en tête d'y aller franco.
L'introduction est rare. Si elle existe, elle est courte.

Charbon puise ses inspirations bien loin des garages où logent des mobylettes bleues et des ZX déglinguées comme on en trouve dans les corons.
C'est dans les caves de hipsters, dans les clubs de la côte Est américaine qu'il faut aller chercher des formations analogues.
Et dans analogue, il y a "anal", mais n'y voyaient aucun lien, même avec le terme hipster.
Russian Circles et Charbon grésillent de la même manière.
L'instrumental joue, inévitablement, et c'est d'ailleurs là que s'arrêtent les similitudes.

On songe à ces groupes new-yorkais du début des 2000's, dont tout le monde se fout aujourd'hui :
Navies, A day in black and white (et j'arrête là ma série d'inconnus).
On pense aussi au post-rock classique, pour ce côté muet et surtout la guitare de "Ste barbe" (la protectrice des mineurs)
Comme toujours, il y a ce petit truc qui donne envie de parler d'un groupe en particulier.

Dans cette formation rock, dans cette musique brute de décoffrage s'incruste une "machine" qui souhaite aussi se faire entendre.
Elle y parvient largement et avec beaucoup de caractère s'impose presque ("Dhesse").
Tantôt fantomatique, tantôt crépitant, parfois hurlant et strident ou carrément bruitiste, le synthé / Kaosspad et autres "pédales" (toujours sans lien avec hipster et analogue) plantent autant l'ambiance que les instruments classiques du rock.

Avec Charbon, l'important : c'est de creuser. (Non, n'applaudissez pas ce jeu de mots : c'est mon métier).
Dans cette petite demie-heure on passe, à toute vitesse, par quelques états du rock.
Des états qui devraient plaire aux lecteurs de ces pages : Charbon a bien fait de se taire pour bien faire.

photo de Tookie
le 10/12/2014

2 COMMENTAIRES

martinka

martinka le 15/12/2014 à 20:49:40

suis en parfait accord avec le commentaire, tout comme avec les notes de CHARBON que j'ai justement écouté en boucle ce week end...un côté vintage et garage plus que sympa...un autre moyen aussi d'évoquer le Nord, enfin un son qui vous laisse tout profond ou tout con...à vous de voir. Moi, j'ADORE

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 05/12/2016 à 19:17:32

un bien bon album !

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