Circuit Circuit - Body Songs
Chronique CD album (19:59)

- Style
Sasscore/Mathcore - Label(s)
Indépendant - Date de sortie
7 juillet 2023 - écouter via bandcamp
Connaissiez-vous le sasscore? La réponse sera sûrement oui pour la plupart d’entre vous parce que vous êtes des lecteurs assidus de CoreandCo qui est une mine d’or pour les sous-sous-genres et l’utilisation d’un jargon musical aussi prolixe qu’adapté ainsi qu’il vous est offert au fil des chroniques de mes chers et talentueux collègues. Pour les autres, dont je fais partie, petite piqûre de rappel. Le “sasscore” serait donc un sous-genre du hardcore érigé en réponse à la masculinité du genre qui d'un point de vue musical trouve ses influences aussi bien dans le punk, le grindcore, le rock noisy et le screamo que dans la new wave ou le disco. Je laisserai les experts apporter les rectifications nécessaires en commentaires.
Circuit Circuit officierait dans cette sous-branche…Cette entité hexacephale originaire de pas très loin de Nashville se qualifie même de glitch-punk. Nashville…Tennessee…Tiens, ça me rappelle Chamber. Bah on n’en est pas loin d’ailleurs…Pas loin mais pas non plus à côté. Pour le côté glitch, par contre, on est très très loin.
22 minutes, 6 titres, on est sur du format court. Heureusement parce que c’est intense, rapide et si plus n’aurait très probablement pas été fatiguant, le groupe nous épargne (et s’épargne aussi) l’ennui ou la sensation de redite. La fibre est hardcore, presque un peu mathcore: ça syncope entre potes, ça compote tout plein de notes avec des rythmiques qui tremblotent, la parlotte tapotte le fond de culotte bref ça dépote et le coreux de base devrait pouvoir s’y retrouver.
Par contre, le coreux se devra d’être ouvert à un peu de fraicheur car chez Circuit Circuit, tout n’est pas que hardcore (comme chez Chamber), il y a ici une facette plus rock, plus classique, plus "youpi c'est cool" et donc tout à fait délectable.
Ne nous méprenons pas, on n’est pas sur hardcore FM qui s’assume à moitié. Le chaos répond bel et bien présent à l’appel énervé et pressant des 6 bonhommes mais ils ont pris la précaution de l’enfermer dans un song-writing plus classique auquel l’auditeur peut s’accrocher immédiatement. Une approche qui pourra rappeler celle des danois de Eyes, dans une certaine mesure évidemment. La dissonance est de la partie aussi, subtilement, efficace et surtout elle sait s’effacer au gré de lead plus accessibles donnant une autre saveur tout à fait accessible à une musique qui le serait moins sur le papier.
Les latinistes diraient que chez Circuit Circuit, le mathcore, c’est un decorum plus qu’un modus operandi. Les morceaux sont immédiats, frontaux et même fédérateurs grâce à un chant partagé entre les deux guitaristes, le claviériste et le batteur ! Un chant qui mélange donc plusieurs tessitures, plusieurs approches mais à la tendance globale plutôt screamo…Quoique…En tout cas, chez Circuit Circuit, pas besoin d’embrasser le micro tellement on lui gueule littéralement dessus, pas besoin de pitcher, de traiter, de maquiller, c’est du nature-peinture et les dégoulis sont charmants.
Les rythmiques sont claquées, parfois, mais aussi guillerettes, sautillantes, plus dansantes qu’headbangantes d'ailleurs. Ici, point de breakdown mais des ponts, des bons vieux ponts comme on connaît sauf qu’ils passent au-dessus de rivières musicales agitées et débordante d’idées mélodiques piquantes, acidulées (sans le goût de bonbec écoeurants). Il y a parfois un peu de lourdeur (comme "null") mais la dynamique générale est plus guinchante que grincheuse.
Enfin, le mixage abonde cet aspect dansant. Il n’est pas là pour faire trembler les basses mais pour mettre en oeuvre un groupe plutôt uni que massif. Tout le monde a sa place, son heure de gloire sans que les copains soient oubliés, avec une petite touche garage DIY dans le rendu-globale qui rappelle les productions du début du genre: du un peu mat mais qui t'éclate!
Un mot rapide sur les textes car ils valent que l’on s’y penche. Loquaces, un peu perchés, un peu méta parfois mais loin d’être là uniquement pour justifier la présence d’un chant, comme "Slander Eats Slander" et son attaque cynique de la modernité urbaine ou “Deleted Skin” et sa critique de la profusion des écrans dans nos vies.
A part un 6ème titre tout à fait inutile, sorte de glouglou synthétique mal digéré par une carte son des années 80 en panne de batterie (mais je soupçonne très fortement qu’il y ait derrière cet ovni un troll quelconque ou une explication geekesque, il suffit de voire : le 5ème titre "<\null>" qui fait déconner pas mal d'interfaces web comme celle de CoreAndCo (explication pour les non-informaticiens)...LuL!), difficile de trouver des points négatifs à Circuit Circuit dans ce Body Songs. Un album court qui va droit au but en faisant plein de détours dans lesquels on prend les tours, un vingtaine de minutes agréablement mise à profit qui diffusent des doses homéopathique de mathcore, une pop-punk édulcoré en dissonances légères et dansante qui permettra aux mosheurs d’élucubrer joyeusement dans une ambiance plus fraîche qu’habituellement.
On aime bien: du hardcore dansant qui dose à merveille le chaos et la dissonance dans un écrin plus classique, la pochette très cool
On aime moins: un dernier titre inutile ou issu d’un délire incompréhensible.
5 COMMENTAIRES
Pingouins le 26/10/2023 à 08:35:01
J'avais écouté ce disque quand il était sorti, c'est vrai qu'il est très cool !
Allez zou, je me le remets.
Pingouins le 26/10/2023 à 08:51:34
Grosse influ DEP dans le chant et certaines sections tout ça, tout en étant moins chaos absolu.
Et puis j'aime beaucoup ce son finalement moins massif, qui du coup ne cherche pas la force d'impact juste dans la lourdeur de la disto mais dans les compos qui donnent parfois l'impression de se prendre une averse de grêle sur la gueule.
Crom-Cruach le 26/10/2023 à 10:00:05
J'aime bien la phrase où ça compote. Manque juste sur sa fin une autre rime hot qui dépote.
pidji le 26/10/2023 à 13:42:54
Ah oui, grosse influence TDEP en effet, mais ça passe bien sur 5 titres !
laserrrlife le 26/10/2023 à 17:36:25
Hello! One of the vocalists and guitarists here! Thank you so much for all the kind words. <3 You really nailed it talking about our lyrics and how we use mathcore as a main influence.
And for the record, the last 6th song is a troll. It’s our “cover” of Face Down by The Jumpsuit Apparatus. A bullshit joke we made that we thought would be funny as a bonus/hidden track.
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