Grandizer - A75
Chronique CD album (18:00)

- Style
noisecore avec synthé - Label(s)
self released - Sortie
2015 - Lieu d'enregistrement recorded and mastered by Bruno Varea at Upload studio
- écouter via bandcamp
Oh que voilà une association inattendue sur le papier ! Passer 10 secondes sur la page facebook des montpellierains de Grandizer amène effectivement à se poser un gros paquet de questions. Déjà le visuel de la bannière (et du disque aussi, oui, oui on va en parler) semble être un pastiche totalement assumé de Kraftwerk… Cool. On enchaine ensuite avec le premier regard sur le style pratiqué : grind / punk / noise (jusqu’ici, tout va bien) et… Synth wave. Ok.
Alors, petit rappel sur ce qu’est (sensé être) la synth wave (beh oui, si le site s’était appelé « nouvelle vague and co », je vous aurais expliqué ce qu’est le grind). La synth wave donc, dixit les érudits de wikipedia, est un courant musical très fortement inspiré des sonorités new wave des 80’s et de la culture pop de l’époque, le tout passé à la moulinette contemporaine du XXIème siècle. Pour faire simple, si je vous dis Carpenter Brut, Kavinsky ou encore Gost, vous devriez avoir une petite idée de ce dont il est question.
Du coup, fatalement quand je lis ça (et oui, j’ai pas encore écrit une ligne sur le disque, je sais bien), je pense à tous ces trucs grindesques du début 2000 qui associaient à nos confortables explosions de violences à peine contrôlées des sonorités issues des vieux jeux vidéo (parait qu’ils appellent ça chiptune maintenant), des boites à rythmes, des synthés analogiques et des boucles électroniques. On parlait pas encore de synth wave à l’époque mais ça n’empêchait pas Genghis Tron, Gameboy Physical Destruction, Horse the Band ou encore an Albatross de faire les débiles avec leurs claviers Bontempi. Après il y avait quand même des trucs cools dans le lot et, parfois même, tout ça ne se contentait pas d’être fun et certain groupes poussaient même le vice jusqu’à traiter ces ajouts décalés pour verser dans autre chose que la rigolade… Non pas que le fun soit une tare absolue pour un disque de rock mais, à l’époque, la ribambelle de groupes qui utilisaient ces outils pour se marrer (et faire marrer les autres) avaient quand même à mes yeux une petite tendance à « gogoliser » l’usage du synthé et du beat électro jusque dans son usage, ce qui avec un certain recul était certes marrant mais terriblement réducteur.
Bon j’arrête ici la digression chiante et j’en reviens à Grandizer. Le trio sudiste se compose donc d’une battoche bien vénère, d’une gratte saturée et doublée d’un chant hurlé ainsi que d’un claviériste bassiste. Jusqu’ici tout va bien, on identifie bien les instruments, tout sonne à la fois propre et violent et sur l’échelle de Napalm Death, ça va aisément piquer dans les 7, ce qui est plus qu’honorable. Les parties synthétiques ne sont pas non plus en reste et trouvent aisément leur place dans le mix, que ce soit pour renforcer les basses, enrichir les mélodies de la gratte ou même poser une ambiance. Mais s’il est clair que j’inviterai pas forcément Grandizer pour jouer à l’occasion du mariage de ma tante Hortense, j’arrive pas à me sortir de la tête que la musique qu’il jouent reste avant tout autre chose… Fun.
Comme je le disais en préambule, et même si on croit sentir un réel amour du groupe pour les sonorités qu’ils associent à leur noisecore, le résultat final reste du noisecore. Du noisecore avec un synthé quoi. A quelques rares exceptions où ce dernier tord réellement la dynamique des compos comme avec ces nappes dans « turn » ou ces arpèges dans « Ecce Homo Ecce Lex » (moi qui osais pas comparer la musique de Grandizer à celle de Nostromo, me voilà servi), l’ensemble du propos colle quand même sacrément au noise hardcore grindisant et un brin mathcorisant du début des années 2000, option synthé activée donc. On retrouve ce travers jusque dans la +/- reprise de Slayer en conclusion du disque, une fois de plus marrante et énergique mais qui se limite à ça : dévisser des nuques avec le sourire sans focément apporter un souffle de nouveauté ou une ambiance particulière.
C’est donc un peu dommage de sentir des influences poindre dans l’esthétique du groupe à travers ses visuels, ses aspirations stylistiques, etc. et de les retrouver limitées à la fonction d’un simple outil qui fera certes bouger les fesses et dérider les faces en concert mais qui n’explorera finalement que très peu les richesses qu’elles peuvent réellement apporter… Le disque reste tout de même plutôt bon pour peu que l’on verse dans le style et qu’on ait l’esprit suffisamment ouvert pour accepter qu’un mec soit planté derrière un clavier sur scène pendant un concert de grind (après, je me fais plus trop de souci là-dessus aujourd’hui). Pour le reste, j’en resterai à ma première impression sur le groupe et attendrai de voir ce qu’ils vont bien pouvoir nous sortir par la suite. Genghis Tron avait bien réussi à nous pondre des trucs qui foutaient vraiment le vertige dès leur second album, pourquoi pas Grandizer.
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