Dead Talks - Veneration Of The Dead

Dead Talks se forme en 2019 à Lohja (Finlande) sur les ruines du groupe inconnu Corpse Molester Cult et a pour seuls faits notables d’avoir le chanteur d’Amorphis tenant une des guitares et de posséder pas moins de trois gratteux. Deux anecdotes qui font passer la formation pour prétentieuse non ?

En fait, elle ne l’est pas du tout.

Déjà, ce premier album est basé sur une affaire croquignole que je ne résiste pas à l’envie de vous raconter.

L’affaire Tattarisuo a commencé lorsqu’un écolier de 14 ans a trouvé la main d’une femme coupée dans la source de Tattarisuo à Malmi, dans la municipalité rurale d’Helsinki, le 19 août 1930. L’incident a provoqué l’étonnement parmi les policiers, mais est tombé dans l’oubli jusqu’à ce l’année suivante, où le 18 septembre 1931, plusieurs mains, pieds, doigts, cheveux et une tête aient été retrouvés dans la même source.

Après environ un an d’enquêtes difficiles, on a découvert que derrière ses actes se trouvait un petit groupe de six personnes pratiquant la magie noire et qui avait acquis des parties de corps tirées de tombes laissées ouvertes au cimetière de Malmi pour les utiliser pour leurs rituels. Les auteurs avaient reçu l’ordre d’effectuer les mutilations sur la base de visions de la couturière Ida Viden. Ils ont été condamnés à des peines de prison pour mutilation de cadavres par le tribunal de district de la paroisse d’Helsinki en septembre 1932.

Sur la forme, nous avons droit à un OSDM majoritairement joué en mid-tempo. Et je vois déjà fuir certains. « Encore du oldchool recyclant les mêmes trucs lourdingues » diront-ils, avec une moue de dédain, qui donne envie de les taper, très fortement.

Tout ici est bien plus chiadé que ça.

J’ai mis 9 et une virgule sur 10 au bouzin, c’est pas pour rien.

En effet, si la recette des compos paraît simple, elle est en réalité pétrie dans une gamelle de puissance, de mélodies imparables et d’un sens de la captation auditive bluffant.

Oui, on a envie d’écouter ce qu’il y a après même si on a déjà entendu la suite.

Pas facile en réalité de décrire ce gourbi de brutalité (le chant demeure celui d’un gros méchant redoutable à la Lars Goran Petrov), de riffing tendant parfois par le swedeath mais sans en adopter toutes les gimmicks et de lignes de guitares sinistres.

Le son est assez clean (un poil trop moderne pour le 10 sur 10) et contraste avec une ambiance glauque de tous les instants.

Et si cette atmosphère mortuaire ne varie jamais, aucune monotonie ne vient plomber cette plongée progressive dans l’horreur.

Dead Talks étonne par sa facilité de composition tour à tour Doom, Black et Oldskull.

Le morceau de cloture, "Trigger/Religion", étale alors classieusement tout le feeling des Finlandais qui n’ont rien laissé au hasard pour rendre leur musique à la fois parfaitement féroce et ultra accrocheuse. "508", avec ses leads qui te rentrent dans la caboche comme la mèche d’un perceuse (une constante de l’album) et son break à la salope de ses morts, à 2:37, n’est qu’une autre réussite dans un album sans réel faux pas. Le vicieux "Death’s Charioteer" sera aussi un récit épique et délicieusement malsain, baigné d’un feu sacré De La Mort et qui vous fera dresser la main avec le signe des cornes, en guise de réflexe pavlovien.

Si vous aimez le Death qui parvient à donner une tournure contemporaine et atypique à ses vieux blasphèmes, vous allez en redemander.

Crom-Cruach

le 23/01/2024