Death Mercedes - Sans éclat

Chronique CD album (28:07)

chronique Death Mercedes - Sans éclat

Avec son prometteur Du Soleil Refroidi sorti en 2011, Death Mercedes, formation Parisienne avec quelques transfuges Caennais avait fait grand bruit pour qui voulait entendre à l’époque le déchirement musical qu’était ce sympathique EP. La scène défendue : Un screamo Crusty qui édulcorait le genre sans complexe en y intégrant quelques vocalises Emo. La responsabilité en incombera au chanteur choriste de Death Mercedes, très Emo-friendly puisque déjà rompu à l’exercice dans le regretté Ravi. Si Du Soleil Refroidi augurait déjà un avenir radieux au combo dans l’obscurité d’une scène ayant fait du désenchantement et du réalisme anarcho-Punk sa vocation première ; Sans Eclat marquera un gap conséquent après cette première saignée skramzy qu’était Du Soleil Refroidi. Au menu donc de Sans éclat : Des tripes, de préférences crues et du pain noir pour saucer l’assiette.

 

Déjà le son par rapport aux précédents EP est fifou de propreté et de volume. Le mix est bon, les voix un peu plus en façade, de quoi souligner des lignes vocales passionnées et éructées la gorge déployée. La production est conséquente, favorable à la violence du propos et résonne de toute sa superbe Hardcore. Voilà déjà de quoi justifier l’évolution par rapport au précédent. Pour le reste, le riffing est resté sensiblement le même. Un des morceaux « Encore et Encore » figurait déjà sur l’EP, c’est dire en quoi Sans éclat n’est en fait que le prolongement naturel et abouti de Du Soleil Refroidi.

 

Sans éclat est un album sur la brèche, le feu est intérieur, la brulure est douloureuse et inévitablement s’exprime crument. Les compos sont toutes faites du même bois, exception faite de la balade déprimée « Trop Tard ». Les mélodies aux arpèges tristes et affligés sont légion avec en contre point des explosions de violence révoltées et salutaires. Le tempo est malmené et passe du tout au tout. Le batteur est intenable dans les différents rythmes qu’il déploie. Des blast beats, des D-beat, des frappes et des techniques en veux-tu en voilà !! Quelques effets de Dealy sur une guitare de temps à autres mais rien d’abusif pour un album qui reste rugueux, brut et en même temps over-mélodique.

 

Les chants sont arrachés jusqu’à la moelle et la dorsale, l’émotion et la violence sont à leur paroxysme. Les backs vocaux perçants du guitariste, couplés à l’assommoir vocal qu’est le chanteur sont d’une intensité imparable. Les tessitures vocales sont polarisées, la gravité d’un coté et le tranchant des aigues de l’autre. Deux voix antagonistes qui lorsqu’elles se croisent trouvent toujours le point de d’orgue émotionnel, « Borgne et toujours aveugle ». Des morceaux de bravoure vocaux, envoyés comme si c’était les derniers ; l’économie n’est pas permise, le lâché prise violent est la seule règle. Petit atout selon moi, les quelques Backs vocaux typés Emo et qui permettent d’amener pas mal de nuances niveau expressivité. Et puis le gars a un très joli grain de voix quand la clarté est de mise.

 

Au niveau des textes, écrits dans un Français sans concession, les messages s’expriment viscéralement, c’est notoire, et au travers de slogans que les Punks noirs sauront éprouver. La plume est restée désillusionnée, plaquée à l’encre noir, profondément accablée par l’existence et une réalité sociale dégueulasse. La peine est grande et l’abattement omniprésent, la mort dans l’âme domine toujours. L’écriture est Crusy, sombre et désabusée, ne livrant pour l’essentiel que des constats désolants : « Masse Humaine robotique », « Trop tard », « Un piège pourtant balisé », « La fiction est notre quotidien »… Un phrasé et des Punch-line qui rappellent beaucoup celles d’Amanda Woodward. « Le choix des armes, le choix des larmes… », extrait du refrain de « Leurs choix désarment » est une critique antimilitariste, sensible et éloquente.  L’esprit Crust et Screamo réunis et résumés en une punch-line.

 

Death Mercedes ravivait avec ce seul album le souvenir de l’âge d’or screamo dans l’hexagone, un punk-hardcore intimiste, intense et incendiaire. Sans éclat est un album poignant, émotionnellement très chargé et qui rythmiquement arrose tout azimut. La régalade pour quiconque apprécie l'obscurité, les coups d'éclats émotionnelles et les révoltes violentes dans le hardcore. A ranger au côté d’Amanda Woodward, Jeanne, Potence et tutti quanti...

photo de Freaks
le 05/06/2022

0 COMMENTAIRE

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements